Ioukos

Dans le monde...

Message par pelon » 22 Déc 2004, 16:42

Je n'ai pas vu de fil sur ce sujet alors je le lance.
Ainsi, un groupe financier totalement inconnu, Baïkal Finance, domicilié dans une épicerie de la périphérie de Moscou, s'est payé pour 9,3 milliards le plus grand producteur de pétrole russe. Cher pour un épicier :D . Pourtant, tout le monde sait que les actifs de Ioukos valent bien plus que cela. Il est vrai que le "nouveau russe" Mikhaïl Khodorkovski avait mis la main dessus pour 350 millions de dollars. C'était à l'époque d'Eltsine le gand vol organisé sous forme de privatisations.
En tout cas, il semblerait que Poutine ait prévu la renationalisation de Ioukos à l'intérieur de Gazprom. Ioukos, par des manips financières (filiale au Texas), a réussi à se mettre sous la loi américaine sur les faillites. Cela bloque du coup les entreprises occidentales qui auraient éventuellement voulu mettre des capitaux dans l'opération de Poutine.
Ainsi on ne peut que constater que l'installation du capitalisme en Russie est plus qu'entravé. Et ce n'est qu'un épisode de plus même s'il est de taille. Il est possible que Vimpelcom, leader dans la téléphonie mobile, connaisse le même sort. Il vient de recevoir un redressement fiscal : 120 millions d'euros pour le seul exercice 2001. Cela ressemble à l'affaire Ioukos. Le sort des capitalistes parait bien instable aujourd'hui.
Pourquoi s'étonner, dans ces conditions, que les investissements étrangers en Russie se montent pour l'année 2003 à la somme ridicule de 1 milliard de dollars soit 53 fois moins qu'en Chine !
Récemment, Ikéa a abandonné son projet d'installer un magasin à Moscou, renonçant à payer les nombreux pots de vin (on devrait dire à cette échelle "barriques") que lui imposaient différentes cliques de la bureaucratie.
pelon
 
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Message par Gaby » 22 Déc 2004, 16:58

Oui, c'est intéressant, il reste à connaitre les modalités d'une possible nationalisation... On est suffisament critique de celles effectuées par les sociaux démocrates français pour ne pas être dupe là-bas et y voir autre chose qu'un coup de pouce de la bureaucratie aux patrons des boites russes.

Ca montre surtout que la bureaucratie est mille fois plus d'actualité qu'Octobre 1917 en URSS.
Le critère des investissements étrangers, c'est à dire une forme de protectionnisme après tout, n'amène pas à la conclusion que l'état russe est toujours sous l'influence de la classe ouvrière. Le repli économique au sein de ses frontières, ce n'est certainement pas l'affaire du socialisme mais une réponse conjoncturelle aux besoins des possédants au sein de la nation.
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Message par pelon » 22 Déc 2004, 17:07

(Gaby @ mercredi 22 décembre 2004 à 16:58 a écrit :
Le critère des investissements étrangers, c'est à dire une forme de protectionnisme après tout, n'amène pas à la conclusion que l'état russe est toujours sous l'influence de la classe ouvrière.
Cela fait presque 80 ans que l'Etat russe n'est plus sous l'influence de la classe ouvrière.
pelon
 
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Message par Gaby » 22 Déc 2004, 17:14

(pelon @ mercredi 22 décembre 2004 à 17:07 a écrit :
(Gaby @ mercredi 22 décembre 2004 à 16:58 a écrit :
Le critère des investissements étrangers, c'est à dire une forme de protectionnisme après tout, n'amène pas à la conclusion que l'état russe est toujours sous l'influence de la classe ouvrière.

Cela fait presque 80 ans que l'Etat russe n'est plus sous l'influence de la classe ouvrière.
Non mais on est d'accord... simplement si on peut souligner le temps que prend le rétablissement entier du capitalisme en Russie, on ne peut pas se servir de cet exemple de nationalisation supposée pour montrer que la Russie s'éloigne du capitalisme.
Ce n'est pas pour moi un signe qui montrerait qu'il reste quelque rigidité au retour du capitalisme, au contraire... et si Poutine crache du fric, ce sera d'autant plus explicite et similaire aux nationalisations des réformistes français.
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Message par pelon » 22 Déc 2004, 17:29

Ce n'est pas tout-à-fait le même processus que le jeu des nationalisations-privatisations en France. Ces privatisations furent presque toujours des bonnes affaires. Dassault s'est enrichi à chaque fois, par exemple. En Russie, l'affaire Ioukos montre plus, à mon avis, les tentatives de la bureaucratie, pas encore suffisamment servie à son goût, de participer au partage du gâteau. Par exemple (Ikéa entre autres) en taxant les entreprises qui veulent s'installer en Russie ou alors (Ioukos) en s'emparant carrément de l'entreprise et en foutant en prison son propriétaire. En passant, Poutine a pris les devants avec des redressements fiscaux et ne va sûrement pas payer grand chose.
Les privatisations ont facilité les choses aux capitalistes de certains pays, l'Etat se chargeant par exemple des investissements structurels non rentables à moyen terme. c'est pour de toutes autres raisons que Poutine et ses ex-copains du KGB mettent la main sur Ioukos. Je constate les difficultés de la pénétration des capitaux en Russie, c'est tout. Je n'en tire aucune leçon définitive.
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Message par alex » 23 Déc 2004, 12:58

20 Minutes du 23/12/04

Moscou refuse les petits partis

Le président russe Vladimir Poutine a promulgué une loi, hier, qui empêche de facto la formation de petits partis politiques.
Le nombre minimum de membres nécessaires à l’enregistrement d’un parti passe de 10 000 à 50 000.
alex
 
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Message par pelon » 24 Déc 2004, 00:23

Donc, pour résumer, Baïkal, c'était en réalité un paravent de Rosneft (et non Gazprom) détenue à 100% par l'Etat. On assiste donc à "l'ascendant pris au Kremlin par les "siloviki", les partisans de la ligne dure, qui se sont engagés à couper les ailes aux oligarques, les hommes d'affaires qui ont bâti des fortunes en achetant à bas prix des actifs publics dans les années 1990 à la faveur du chaos qui a suivi l'effondrement du bloc soviétique." Constatons, constatons. Les "siloviki", des bureaucrates aigris ?


a écrit :
Poutine défend le rachat de Iougansk par Rosneft
Reuters | 23.12.04 | 00h00

MOSCOU/LONDRES (Reuters) - Vladimir Poutine a défendu jeudi le rachat par la compagnie pétrolière d'Etat Rosneft de Iouganskneftegaz, la principale unité de production du groupe pétrolier Ioukos, le président russe affirmant que cette opération est conforme aux règles du marché.

Au cours d'une conférence de presse, il a déclaré qu'en nationalisant ainsi des actifs pétroliers, l'Etat défendait ses intérêts en revenant en arrière sur certaines des privatisations de la dernière décennie qui étaient, selon lui, abusives, voire illégales.

"Rosneft, qui est de facto détenue à 100% par l'Etat, a acheté Iouganskneftegaz. Je pense que tout a été fait dans le respect des méthodes du marché", a-t-il affirmé.

"Vous savez tous très bien dans quelles conditions nos privatisations ont été réalisées au début des années 90 et quelles méthodes ont été employées par certains, y compris en violation des lois alors en vigueur, pour acquérir une propriété de l'Etat qui valait des milliards", a ajouté le président russe.

La compagnie pétrolière nationale russe Rosneft a racheté mercredi la principale division de Ioukos, ce qui se traduit par une nationalisation de fait de 11% de la production pétrolière du pays et compromet gravement les efforts de Ioukos pour empêcher son démembrement.

"ON EST LA RISÉE DU MONDE ENTIER"

Un dirigeant de Rosneft a confirmé à Reuters que la compagnie avait acquis la totalité du capital de Baikal Finance Group, la mystérieuse société qui avait remporté dimanche les enchères sur Iouganskneftegaz, principale division de production pétrolière de Ioukos.

"On est la risée du monde entier", estime Arkady Volsky, président de l'Union russe des industriels et des entrepreneurs. "Je ne comprends pas pourquoi il est nécessaire de créer une société de trois personnes dans l'une des brasseries de Tver pour racheter Iougansk", selon des propos rapportés par l'agence de presse Interfax.

Rosneft doit fusionner avec Gazprom, le monopole public du gaz, qui était donné favori pour la reprise de Iougansk, mais qui en a été empêché par une action en justice intentée par Ioukos aux Etats-Unis à l'encontre de toute société qui participerait à l'adjudication.

Gazprom a annoncé jeudi qu'il pensait pouvoir achever la prise de contrôle de la compagnie pétrolière publique Rosneft d'ici janvier au plus tard.

La vente de Iougansk par adjudication a constitué l'aboutissement des manoeuvres menées par le Kremlin pour décourager les ambitions politiques du principal actionnaire de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, Moscou cherchant dans le même temps à reprendre le contrôle de secteurs stratégiques de l'économie abandonnés lors des privatisations à tout va des années 1990.

UNE PRODUCTION EGALE A CELLE DE LA LIBYE

Avec le rachat de Baikal, Rosneft se hisse parmi les premiers groupes pétroliers russes, avec une production de 1,45 million de barils par jour, presque aussi importante que la production totale de la Libye, l'un des pays membres de l'Opep.

Ce rachat de Iougansk par une entreprise d'Etat illustre clairement la détermination du Kremlin pour mettre la main sur le principal actif du groupe pétrolier Ioukos après avoir étranglé ce dernier par d'énormes redressements fiscaux de 27,5 milliards de dollars.

Il confirme en outre l'ascendant pris au Kremlin par les "siloviki", les partisans de la ligne dure, qui se sont engagés à couper les ailes aux oligarques, les hommes d'affaires qui ont bâti des fortunes en achetant à bas prix des actifs publics dans les années 1990 à la faveur du chaos qui a suivi l'effondrement du bloc soviétique.

L'adjudication de dimanche avait été remportée par Baikal Finance, une société jusque-là inconnue, avec une offre de 9,4 milliards de dollars.

La holding pétrolière Gazpromneft, cédée depuis par Gazprom, avait participé à la vente mais sans surenchérir, laissant ainsi le champ libre à Baikal.

Les avocats de Ioukos ont affirmé ensuite que, bien qu'il n'ait pas lui-même avancé une offre, Gazprom avait illégalement participé à l'adjudication, et qu'il avait de ce fait enfreint l'interdiction émise par un tribunal de Houston.

LE SUCCES DES RECOURS SEMBLE MAINTENANT IMPROBABLE

Le groupe pétrolier avait déposé son bilan auprès de ce tribunal texan pour tenter d'interrompre le processus de vente de sa principale division. Il a également menacé de réclamer pour plus de ving milliards de dollars de dommages et intérêt à toutes les parties ayant participé aux enchères sur Iougansk car la justice américaine avait ordonné que celles-ci soient suspendues.

"Nous avons dit que l'acquéreur de Iouganskneftegaz s'exposerait à de sérieux ennuis. Si le bénéficiaire de cette opération est finalement Rosneft, ce que nous avons dit s'appliquera également à cette compagnie", a déclaré le porte-parole de Ioukos Alexandre Chadrine à l'agence de presse Interfax.

"Ioukos confirme qu'il recourra à tout les moyens légaux pour contester cette opération illégale dans l'intérêt des dizaines de milliers d'actionnaires de la compagnie pétrolière", a-t-il ajouté.

Une nouvelle audience du tribunal de Houston sur le dossier est prévue le 6 janvier, mais des analystes soulignent que du fait de l'acquisition opérée par Rosneft, Iougansk est maintenant dans le giron de l'Etat et qu'elle pourrait de ce fait échapper aux actions en justice intentées par les actionnaires de Ioukos.

"Le gouvernement russe a une immunité souveraine. On ne peut pas poursuivre le gouvernement russe", résume Eric Kraus, stratège investissement chez Soblink Securities.
pelon
 
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