Le commandant des Pasdarans, la force d'élite de l'armée iranienne, vient d'appeler à "juger et punir" les responsables de l'opposition Moussavi, Karoubi (anciens candidats à la présidentielle) et l'ancien président Khatami. La répression qui a commencé par frapper des manifestants, puis des responsables mineurs de l'opposition s'étend à présent au sommet de l'Etat.
Ce qui apparait de plus en plus depuis la fin juilet, c'est la présence des responsables de l'armée. Depuis que le chef d'état-major a donné le ton, les hauts gradés se succèdent pour réclamer davantage de répression.
Tout se passe un peu comme s'il s'agissait d'un plan concerté, décidé par Khamenei à la faveur de cette élection pour liquider l'opposition et déplacer le centre de commandement de l'Etat des institutions parlementaires vers la hiérarchie militaire.
On comprend alors pourquoi Ahmadinejad apparait depuis quelques semaines comme une marionnette dont on serait prêt à se débarrasser. Derière tout cela se profile une prise de pouvoir par l'armée.
Ce qui me frappe quand je regarde les images à la télé, c'est que le régime ne cherche même pas à dissimuler ses intentions. On n'est pas dans l'improvisation. L'image est propre (plongées, contre-plongées, panoramiques). La mise en scène est (militairement) règlée.
Cela tranche avec les témoignages de ces manifestants sortis de prison et menés de force devant les caméras, le visage tuméfié, pour annoner qu'ils avaient été manipulés. Cela tranche radicalement avec l'absence d'images "officielles" que la presse occidentale avait déploré pendant tout le temps que les manifestations de protestation avaient duré.
On devrait voir dans les prochains mois, en fonction de la tournure des procès et des peines qui seront prononcées, si cette entreprise s'accompagne de mises à la retraite d'office voire même d'une purge au sein même de l'armée... auquel cas il n'y aurait plus de doute. Il ne resterait plus qu'à mobiliser la population derrière son drapeau, et l'endoctriner comme cela avait été le cas au moment de la guerre Iran-Irak... Car en liquidant l'opposition et toutes les voix discordantes, on préparerait le terrain pour une guerre... Contre qui ? Sans doute Israël.
C'est une situation qui ressemble à s'y méprendre à celle de l'URSS de 1936. A cette époque, Staline n'avait pas hésité à éliminer les principaux chefs militaires (Toukachevski entre autre) et tous ceux qui auraient pu lui mettre des bâtons dans les roues, trois ans seulement avant la déclaration de guerre.
Attendons. Je me trompe peut-être...