("reuters" a écrit :Les marchés plongent, la récession se confirme
Vendredi 24 octobre, 18h14
Les Bourses à travers le monde ont connu vendredi une nouvelle journée noire, les derniers indicateurs économiques et la baisse des prévisions de bénéfices de plusieurs grandes entreprises renforçant l'idée que la crise financière se transforme en récession généralisée.
Faute d'acheteurs, la Bourse de Paris a perdu 3,54% à 3.193,79 points. Le CAC 40 finit toutefois bien au-dessus de ses plus bas du jour puisqu'il a enfoncé en fin de matinée la barre des 3.000 points et retrouvé ses plus bas de la mi-2003.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a dévissé de 5,43%, la Bourse de Londres de 5% et celle de Francfort de 4,96%. Le Micex russe et la Bourse de Bucarest ont suspendu les transactions jusqu'à mardi.
Wall Street n'a pas échappé en première partie de séance à cette correction, amplifiée semble-t-il par une très grande volatilité. A la clôture des places européennes, les trois grands indices perdaient entre 1,5 et 2,5%, ce qui profite au marché obligataire.
Avant elle, la Bourse de Tokyo a dévissé de près de 10%, son plus bas niveau en cinq ans et demi.
"La situation est devenue bien plus globale qu'elle l'était il y a deux semaines", commente Robert Mcintosh, chef économiste chez Eaton Vance. "Personne n'est à l'abri."
L'indice Itraxx Europe sur les CDS, qui mesure le coût de l'assurance contre le risque de défaut, grimpe pour sa part de plus de 11%, tandis que celui de la volatilité à Wall Street bondit de 14,5%.
Selon des analystes, l'idée que la récession qui se profile puisse être encore plus grave incite nombre d'investisseurs à récupérer leurs placements. Pour faire face à cette décollecte de grande ampleur, les hedges funds et les fonds communs de placement liquident des positions, ce qui peut aussi exagérer les mouvements.
Autre marque de cette volatilité, le yen a gagné un temps jusqu'à 10% face au billet vert, profitant de la nouvelle bouffée d'aversion au risque. L'euro est revenu quant à lui autour de 1,27 dollar.
Dans la perspective d'un ralentissement économique généralisé, les matières premières continuent de se replier. Le baril de brut chute encore de plus de 4% malgré l'annonce d'une réduction de la production de l'Opep.
PEUGEOT ET VOLVO AJOUTENT AUX CRAINTES
Les craintes de récession ont trouvé un nouvel écho dans les avertissements de PSA Peugeot Citroën et Air France-KLM sur leurs résultats, signe que la crise se ressent maintenant sur la performance des sociétés.
Le constructeur au lion a fortement réduit son objectif de marge 2008 et annoncé plusieurs mesures drastiques, notamment une réduction massive de 30% de sa production sur le sol européen par rapport à son objectif initial.
Le suédois Volvo, deuxième constructeur mondial de poids lourds, a revu en baisse ses prévisions de marché pour l'Europe et l'Amérique du Nord, après des résultats trimestriels nettement moins bons que prévu.
Air France a prévenu qu'il lui serait très difficile d'atteindre son objectif de résultat d'exploitation sur l'exercice en cours à cause de la dégradation de la situation économique. La compagnie a aussi annoncé un nouveau plan d'économies.
La crise n'est donc plus seulement financière - la détente se poursuivait d'ailleurs vendredi sur le marché interbancaire où les taux ont encore globalement baissé - mais commence à frapper tous les pans de l'économie réelle: l'électronicien coréen Samsung a publié vendredi des résultats en chute libre de 44% au troisième trimestre au lendemain d'un avertissement sur résultats spectaculaire du géant japonais du secteur Sony qui s'est soldé par une dégringolade de l'action de 13%, à un plus bas de 13 ans.
L'ACTIVITÉ EN EUROPE SE CONTRACTE
Les derniers indicateurs macroéconomiques encore noirci le tableau. Selon de premières estimations, l'économie britannique s'est contractée de 0,5% au troisième trimestre après une croissance nulle les trois mois précédents.
Le Royaume-Uni est le premier pays à annoncer une baisse de son produit intérieur brut (PIB) sur le trimestre juillet à septembre mais risque de ne pas être le seul. Selon les derniers indices PMI flash, l'activité économique du secteur privé de la zone euro a connu son pire accès de faiblesse en octobre depuis la création de l'Union monétaire.
Dans les services, l'activité ne s'était pas contractée aussi rapidement depuis octobre 2001, dans le sillage des attentats du 11 septembre, tandis que l'indice manufacturier s'est effondré à son plus bas niveau depuis que la statistique existe. En France, les PMI flash indiquent que l'activité du secteur privé en octobre a régressé pour le cinquième mois d'affilée.
LA BCE APPELLE AU CALME, SOMMET À PÉKIN
Face au nouveau coup de blues des places boursières, plusieurs responsables de la Banque centrale européenne ont pris la parole pour tenter de restaurer la confiance.
Chritian Noyer, gouverneur de la banque de France, a assuré que les mesures vigoureuses déjà prises par l'Eurosystème "auront clairement un impact très fort", tandis que l'Espagnol Jose Manuel Gonzalez-Paramo, membre du directoire de la BCE, a exhorté les autorités à ne pas paniquer afin de ne pas aggraver la confiance. "Gardons notre calme", a-t-il lancé.
A l'ouverture du sommet Asie-Europe pour coordonner une réponse à la crise, vendredi, le président chinois Hu Jintao a souligné que les turbulences financières aggravaient également l'instabilité économique de la Chine, tout en précisant que ses fondamentaux restaient intacts.
"La croissance économique de la Chine est confrontée à une série de difficultés et de défis (...) Que l'économie chinoise se maintienne à un niveau robuste constitue en soi une importante contribution à la stabilité financière et au développement économique mondiaux", a-t-il déclaré.
Les chefs d'État et de gouvernement de 43 pays d'Europe et d'Asie se sont engagés à Pékin à coopérer pour réformer le système financier et monétaire international à trois semaines d'un sommet des principales économies du monde et à l'ensemble des secteurs de l'économie.
Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, a souhaité que les dirigeants européens et asiatiques réunis à Pékin présentent un "front commun d'initiatives" face à la crise. "Le monde va mal", a-t-il lancé. "Il va mal parce qu'il est face à une crise financière sans précédent dans sa gravité, dans sa soudaineté, dans sa violence et dans son déroulement."
La chancelière allemande, Angela Merkel, a pour sa part demandé une nouvelle "constitution" pour le système financier mondial et appelé à un renforcement du rôle du FMI. L'Islande, dont le système financier s'est littéralement effondré et l'économie au point mort, a annoncé avoir demandé au fonds deux milliards de dollars d'aide.