Pour le Medef, il faudra “travailler un peu plus” à la fin du confinement, la CFDT juge ces propos “indignes” et “indécents”
Pour le patron du Mouvement des entreprises de France (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, “il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire”.
La secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a abondé, prévenant qu’il faudrait “probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant” pour “rattraper” la perte d’activité.
Le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, a jugé “indignes” et “indécents” les appels formulés par le Medef et émanant du gouvernement à travailler plus pour compenser les effets néfastes du confinement sur l’économie.
“Aujourd’hui, les travailleurs, comme tout le monde, sont en train de payer le coût de cette crise. Ce n’est pas à eux de payer ensuite”, a-t-il déclaré sur France 2, évoquant des “slogans qui sont lancés aujourd’hui, des vieilles lunes qui reviennent : ‘il faudra travailler plus’, ‘il faudra de la sueur et des larmes’, etc.”.
Le président (Les Républicains) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s'est lui aussi indigné des propos du Medef et de la secrétaire d'Etat à l'économie. M. Bertrand s'est ainsi demandé si “on veut rendre fous les Français”, sur l'antenne de BFM-TV hier.
“Les Français ont bien compris qu'on vivait un choc sans précédent (...). La question, c'est de savoir combien de nos entreprises vont pouvoir résister à tout cela ? (...) Il faut que ceux qui nous gouvernent se mettent un quart de seconde à la place des Français. Si, à la sortie de cette crise, la réponse c'est l'austérité, ils n'ont rien compris.”
"Le virus ou la faim": dans un quartier pauvre de Caracas, l'intenable confinement
[AFP] Andrea TOSTA 13 avril 2020
"Rentrez chez vous!": à Petare, la plus grande favela du Venezuela, les militaires ont du mal à faire respecter le confinement. Pour Gladys, comme pour beaucoup d'autres, être dehors est une question de survie: "On fait la guerre à la faim".
Gladys Rangel en a marre de jouer au gendarme et au voleur avec les forces de l'ordre qui pourchassent les contrevenants. Elle retire son masque de protection "fait maison", s'assied en pleine rue et fait ses maigres comptes. Pas grand monde ne veut des petits paquets d'ail et de citrons qu'elle vend l'équivalent de 5 centimes de dollar l'unité.
Elle se dit obligée de rompre le confinement ordonné par le président socialiste Nicolas Maduro il y a près d'un mois pour tenter d'enrayer la progression du coronavirus. "Si je ne meurs pas du virus, je mourrai de faim", lâche Gladys, fataliste.
Gladys, 57 ans, est l'une des 400.000 habitants de Petare, la plus grande favela du Venezuela, sortie de terre il y a une cinquantaine d'années à flanc de colline dans l'est de Caracas. Un océan désordonné de maisonnettes coiffées de toits en tôle. Ici, l'eau arrive parfois, le gaz aussi, et le ramassage des ordures ménagères est pour le moins irrégulier.
D'ordinaire, Petare fourmille de marchands ambulants qui, comme Gladys, "mènent une bataille" pour garder la tête hors de l'eau.
Mais en ces temps de pandémie, l'effervescence a ses limites: quatre heures par jour d'activité autorisées. Et puis, rideau. A 10h00, la police et l'armée débarquent pour s'assurer que tout le monde rentre chez soi.
"Et alors? On n'a plus le droit d'acheter à manger?", s'indigne une jeune fille qui faisait la queue pour acheter de la viande à l'heure fatidique.
Avec les 50 centimes de dollar qu'elle a gagnés aujourd'hui, Gladys pourra s'acheter de la mortadelle et quelques bananes qu'elle partagera avec son petit-fils de 9 ans. "Comme ça, je mange, il mange et demain je redescends pour aller travailler. La routine", dit-elle.
En début d'après-midi, Gladys, et avec elle une multitude de travailleurs précaires, continue à faire la chasse au client dans la rue - malgré le confinement.
- "Gardez vos distances" -
La pandémie de Covid-19 est apparue au Venezuela au pire moment. Son économie s'est réduite de moitié en six années de récession, l'hyperinflation fait partie du paysage quotidien et les pénuries de médicaments et d'essence sont récurrentes.
Pour tenter de freiner la progression du virus, dont 181 cas ont été confirmés et neuf décès liés à la maladie, le gouvernement a suspendu l'activité du pays, à l'exception des secteurs essentiels comme la santé et l'alimentation.
A Petare, cette "quarantaine collective" en a pris plus d'un par surprise. "On ne pensait pas que ça allait être aussi brutal", souffle Nora de Santana, manucure de 54 ans, sans ongles à soigner depuis près d'un mois.
Alors, pour profiter à plein des quatre heures quotidiennes d'activités autorisées, les habitants de la favela se ruent de bon matin dans les magasins, qui avec un masque chirurgical sur le visage, qui avec un simple foulard.
"Gardez vos distances, les frérots !", lance un vigile aux clients qui s'agglutinent devant le kiosque de Jhony Solano. Du papier toilettes aux sardines en conserve, on trouve de tout chez Jhony.
Et quand retentit la sirène de police qui annonce la fin de la journée, Jhony se dépêche de vendre ses dernières tomates. "On travaille pas pour devenir riches ou millionnaires, seulement pour rapporter de quoi nourrir nos familles", se justifie-t-il.
"Le changement est radical", euphémise Cristian Torne, 28 ans. D'ordinaire gangrené par la criminalité et le narcotrafic, Petare est aujourd'hui beaucoup plus tranquille.
Pendant le confinement, "au moins, il n'y a pas de délinquance", se console-t-il.
Entre impunité et armes disponibles sans grande difficulté, le Venezuela se place dans le haut du classement des pays les plus violents au monde. Et Petare est l'un des quartiers les plus violents d'un des pays les plus violents.
"Je ne sais pas ce qui est pire. Il n'y a pas de délinquance, mais il y a le coronavirus. Il n'y pas de marchands, mais il n'y a rien à acheter à manger", lâche-t-il.
Coronavirus : ce qu'il faut retenir de l'étude de l'Inserm sur la stratégie de déconfinement
Selon les chercheurs, la levée du confinement devra se faire par étapes et ne devrait pas intervenir avant plusieurs semaines. Pour réussir l'après-confinement, il faudra être en mesure de tester massivement la population pour isoler les personnes porteuses du virus.
France Télévisions Mis à jour le 13/04/2020
"Evaluer l'impact du confinement et identifier les stratégies optimales pour gérer la crise sanitaire [à la fin de celui-ci] relèvent d'une importance cruciale", préviennent les chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer lundi 13 avril à 20 heures pour annoncer de nouvelles mesures dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus, l'Inserm a réalisé une étude, mise en ligne le 12 avril, sur l'impact du confinement en Ile-de-France et les conséquences des différents scénarios mettant fin aux restrictions.
Pour mettre fin au confinement sans dommage, il va falloir attendre, selon l'étude, le mois de mai, voire celui de juin. Ce travail "ne constitue pas une tentative de prédiction mais présente une évaluation des effets de différents scénarios, tenant compte du type de mesures plus ou moins contraignantes et du moment où elles seraient appliquées", explique au Monde la chercheuse italienne Vittoria Colizza, qui a co-dirigé les recherches. Voici trois choses à retenir de cette étude.
L'immunité collective est loin d'être atteinte
Le retour à la normale pourrait prendre de nombreuses semaines. Pour éviter une deuxième vague lors de la fin du confinement, les chercheurs appellent les autorités à la prudence. "Alors que la France fait face à la première vague de la pandémie de Covid-19 en confinement, des formes intensives de distanciation sociale seront nécessaires dans les prochains mois en raison de la faible immunité de la population", préviennent les chercheurs.
Selon l'étude, "la population infectée par le Covid-19, au 5 avril, devrait se situer entre 1% et 6%". Le pourcentage est assez proche de l'estimation de l'Impérial College de Londres qui situe au 4 avril le taux de personnes contaminées entre 2,88% et 6,12%. Avec le confinement, le taux de reproduction de base de l'épidémie a chuté. Selon l'étude, il est passé de trois personnes contaminées par un seul porteur du virus à moins d'une personne (0,68).
C'est nécessaire pour désengorger les services hospitaliers, mais cela ne permet pas de se rapprocher de la fameuse immunité de groupe, quand une proportion suffisante (estimée à environ 60% de la population) d'individus se révèle immunisés, empêchant ainsi la circulation du virus. Par conséquent, "la fin du confinement sans stratégie de sortie conduirait à une deuxième vague submergeant largement le système de santé", préviennent les chercheurs.
Des tests de dépistage seront nécessaires
Pour desserrer l'étau du confinement, les chercheurs estiment qu'il faut être en mesure d'identifier le plus vite possible, à l'aide de tests, les personnes contaminées afin de les isoler efficacement du reste de la population. "La recherche approfondie de cas et l'isolement permettraient de libérer partiellement la pression socio-économique causée par les mesures de confinement, tout en évitant de dépasser la capacité des services de santé", estime l'étude de l'Inserm.
Plus le dépistage des personnes porteuses du virus et leur isolement seront efficaces, moins les mesures de distanciation sociale devront être contraignantes. "Un traçage des contacts rapide, efficace et à grande échelle est un composant essentielle permettant la libération partielle des contraintes de distanciation sociale dans les prochains mois", ajoutent les chercheurs. Ils estiment que cela nécessite le recours à des technologies numériques, comme en Asie.
Ainsi, les mesures contraignantes actuelles pourraient être progressivement assouplies avec un retour au travail d'une partie de la population et un redémarrage des activités. Mais dans cette stratégie de sortie de confinement, les chercheurs estiment qu'il pourrait être nécessaire dans un premier temps de maintenir la fermeture des établissements scolaires et le confinement des personnes âgées.
Différents cocktails de mesures sont envisagés
Grâce à un modèle mathématique, les chercheurs ont évalué l'impact des mesures de déconfinement en fonction de différentes hypothèses sur l'efficacité de la recherche des cas et de l'isolation, mais aussi en associant d'autres mesures comme la fermeture des écoles, un niveau de 50% de télétravail, au moins la moitié des activités non essentielles restant à l'arrêt et le maintien des personnes âgées en isolement.
Ce cocktail de mesures pourrait réduire de plus de 80% le nombre de cas atteint lors du pic épidémique et feraient gagner entre un mois et demi et trois mois avant l'arrivée d'une seconde vague, comparé à l'absence de mesures. Mais dans toutes les hypothèses, les chercheurs préviennent que la capacité des hôpitaux en Ile-de-France devra être renforcée pour faire face à cette nouvelle vague.
En fonction des scénarios, certaines modélisations révèlent des oscillations en fonction des périodes. C'est-à-dire que le nombre de personnes en télétravail et le taux de fermeture des activités non essentielles varieraient selon le niveau de circulation du virus. L'étude précise que ni l'impact de l'utilisation des masques, ni le comportement saisonnier du virus n'a été pris en compte, en raison du manque de recul scientifique sur ces questions.
"Le confinement va durer longtemps car on ne peut pas vivre normalement avec cette épidémie. Le fait d'attendre encore pour le lever a l'avantage de garder un nombre de cas abaissé et allège la charge pour le système hospitalier", confie Vittoria Colizza dans Le Monde. Le confinement offre surtout du temps pour organiser le dépistage et augmenter la capacité de tests, "mais une préparation logistique est indispensable en termes humains et organisationnels. Ce n'est pas qu'une question de quantité de tests". La chercheuse évoque ainsi la nécessité de tester les protocoles de dépistage qui vont nécessairement accompagner la sortie progressive du confinement.
com_71 a écrit :Déclaration de la tendance "PO argentin" (groupe Altamira)
[...]
yannalan a écrit :Certains réseaux ouvraient une boîte mail, chaque correspondant en avait le mot de passe et ils écrivaient leurs messages sur le brouillon avant d'effacer.
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