Sur RFI.FR
64,41% des électeurs algériens ne se sont pas déplacés le jeudi 17 mai, ce qui veut dire que deux électeurs sur trois n’ont pas voté pour les élections législatives. Le chiffre constitue un nouveau record d’abstention. En 2002, ils étaient 53,83% à être restés chez eux.
Les trois partis de la coalition présidentielle se sont à nouveau assurés la majorité des sièges, avec 249 sièges sur les 389 que compte le Parlement.
Le Front de libération nationale (FLN), l’ancien parti unique, arrive en tête avec 136 sièges. Il en perd 38 par rapport aux élections législatives de 2002. Les principaux bénéficiaires sont ses deux alliés : le parti libéral, le Rassemblement national démocratique (RND) passe de 47 à 61 sièges et le Mouvement de la société de la paix (MSP), parti islamique modéré, de 38 à 52 sièges.
La nouvelle répartition de l’Assemblée devrait déboucher sur un remaniement ministériel.
24 partis politiques participaient à ce scrutin.
Plusieurs cas de fraude ont été signalés à la Commission de surveillance des élections.
Renforcement, apparition et disparition
Bien que compte tenu du taux d’abstention, on ait du mal à parler de représentativité, le scrutin révèle quelques petites surprises.
Le Parti des travailleurs a obtenu 26 sièges de députés dans la nouvelle législature, contre 21 sièges auparavant. Il devient la première force d’opposition.
Fondé dans la clandestinité avant d’être officialisé en 1990, soit deux ans après les émeutes d’octobre 1988, et un an après la loi instaurant le multipartisme, le Parti des travailleurs est dirigée par Louiza Hanoune, une militante féministe de la mouvance trotskiste.
Louiza Hanoune, 52 ans, est une personnalité atypique dans le paysage politique algérien, par le fait d’avoir été la première femme du monde arabe à se présenter à une élection présidentielle, en 2004, mais aussi par son parcours personnel. Avant la loi instaurant le multipartisme (1990), elle a été emprisonnée deux fois. Au sein d’une association de femmes, elle milite pour l’abrogation du Code de la famille algérien.
En 1991, Louiza Hanoune intervient lors d’une émission télévisée pour demander la libération des principaux dirigeants du Front islamique du Salut (FIS, dissous) et n’a de cesse de plaider pour une solution négociée pendant toute la durée des violences. Proche des syndicats, elle dénonce les privatisations, défend le service public et la souveraineté nationale, fustigeant le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce.
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui avait boycotté les élections en 2002, obtient 19 sièges. Le quota qu’il occupait en 1997.
Le parti islamique el-Islah (Réforme) n’a plus que 3 sièges contre 43 auparavant. Un conflit politico-judiciaire a éclaté quelques semaines avant les élections, privant le parti de son leader Abdallah Djaballah.
Ce sont les troisièmes élections législatives qui ont lieu dans le pays depuis l’annulation des élections remportées par le FIS en janvier 1992. 200 000 personnes sont mortes au cours des violences qui s’ensuivirent.
Le 11 avril dernier, trois attentats revendiqués par al-Qaïda ont ensanglanté Alger, faisant 33 morts.
Deux bombes de fabrication artisanale ont explosé mercredi 16 mai, tuant un policier.