Vaccin polio oral : oui son abandon par l'OMS est une bonne chose, après qu'il ait rendu de fiers services. Il a fortement contribué à réduire la polio dans le monde, avec l'avantage sur le vaccin polio injectable d'être beaucoup moins coûteux à produire et beaucoup plus facile à administrer dans des régions où il était compliqué de pouvoir garantir l'hygiène nécessaire aux injections. Par contre, contrairement à l'injectable où le virus est inactivé, le vaccin oral utilise un virus vivant atténué et il a l'inconvénient de se relarguer dans l'environnement et rendre de nouvelles contaminations possibles, ou de pouvoir se réactiver chez les sujets immunodéprimés. La transmission "naturelle" de la polio est devenue si rare dans le monde que les quelques cas qui restent sont majoritairement dus à cet inconvénient du vaccin. Donc, passer uniquement au vaccin polio injectable permet d'éviter ce phénomène et pourrait enfin permettre l'éradication complète de la polio. Il reste la question de savoir comment on fait pour vacciner la population dans les zones où sévissent les Talibans ou Boko Haram et là le débat porte moins sur la forme du vaccin que sur la possibilité de vacciner tout court sans se faire trucider...
Vaccin rougeole : il me semble vraiment indispensable, là je ne comprends pas pourquoi Raoult est sceptique. Les résurgences de rougeole sont régulièrement un problème en France et ce n'est pas dû uniquement à la mauvaise vaccination des communautés de gens du voyage (pour lesquelles se pose la question de TOUTES les vaccinations). Mais la position de Raoult n'est pas bien claire, peut-être qu'il ne réclame pas que l'on cesse la vaccination contre la rougeole mais seulement qu'on cesse de vouloir absolument gagner 1% de plus de couverture vaccinale alors que celle-ci est déjà élevée, parce que les gens qui refusent la vaccination trouvent d'autres stratégies pour y échapper. (J'aurais aimé qu'il dise au moins "plutôt que de les obliger et qu'ils contournent l'obligation il vaudrait mieux réussir à les convaincre").
Vaccin papillomavirus : d'accord avec Raoult, il faudrait l'administrer aussi aux jeunes hommes, pas seulement aux jeunes filles. Ce serait là une meilleure immunité de groupe pour protéger les femmes d'un cancer du col de l'utérus... et aussi les femmes et les hommes de certains cancers oropharyngés.
Vaccin grippe : là aussi, Raoult met le doigt sur un vrai problème, les principaux réservoirs de la grippe sont les enfants et on vaccine les gens âgés avec une efficacité médiocre (pas seulement parce que le virus mute beaucoup et que le vaccin de l'année est plus ou moins cohérent avec les souches en circulation, mais aussi parce que la réponse immunitaire des vaccinés est moins bonne à cet âge). De nouveaux vaccins chers censées augmenter la réponse immunitaire des patients âgés sont mis au point, en priorité pour les Etats-Unis car c'est le plus gros marché... Il faudra bien se poser la question de la vaccination des enfants mais cela ne résout pas le problème de la variabilité des souches. Le vaccin grippe universel n'est pas l'objet d'une recherche prioritaire pour les labos... En attendant, il faut que les gens âgés se vaccinent quand même le plus possible. Et tel que c'est le cas actuellement, avec des adultes, cela relève (hélas) d'un choix individuel.
Vaccin varicelle : la question se pose effectivement d'inclure le vaccin dans une politique vaccinale plus systématique comme le propose Raoult, cela n'a pas été le cas pour l'instant en France contrairement à d'autres pays. Il faut songer à la varicelle qui fait encore des dégâts et qui est très dangereuse pour les immunodéprimés, les nouveaux-nés, les adultes non immunisés qui y ont échappé pendant l'enfance, les femmes enceintes ; mais il faut songer aussi aux résurgences adultes sous forme de zona pour ceux qui ont déjà fait une varicelle et qui gardent le virus à vie à l'état latent. Pour viser carrément une éradication de la varicelle et du zona à terme, il faudrait sans doute un nouveau vaccin (l'actuel est vivant atténué).
Vaccin rotavirus oral contre le rotavirus responsable de gastro-entérites aiguës : les autorités de santé françaises estiment que ce vaccin pédiatrique a un rapport bénéfice/risques défavorable car il peut provoquer de rares mais parfois mortelles invaginations intestinales, compensant le nombre de vies sauvées par autant de décès. En France, le vaccin existe mais n'est ni recommandé ni même remboursé par la Sécurité sociale. De plus, c'est un vaccin vivant atténué qui tend à diminuer la gravité de l'infection de la personne vaccinée plutôt qu'à la protéger complètement, et qui n'évite pas la transmission d'une forme grave aux adultes fragiles ou immunodéprimés.
Extrait de l'avis de la Haute Autorité de Santé :
ROTARIX, vaccin anti-rotavirus
INFECTIOLOGIE - Nouveau médicament
Avis sur les Médicaments - Mis en ligne le 08 juin 2015
Nature de la demande : Inscription
Intérêt clinique insuffisant en prévention des gastro-entérites dues à rotavirus
ROTARIX et ROTATEQ sont des vaccins oraux, vivants atténués, ayant l’AMM depuis 2006 dans la prévention des gastro-entérites aiguës dues à une infection à rotavirus (GEA-RV) chez les nourrissons.
L’efficacité de ces vaccins est importante mais les données actualisées de tolérance confirment l’augmentation du risque d’invagination intestinale aiguë (IIA), estimée à environ 6 cas supplémentaires pour 100 000 vaccinés.
Au regard du risque d’IIA et de l’épidémiologie des GEA-RV en France, il n’est pas attendu d’impact de la vaccination anti-rotavirus sur la santé publique.
Service Médical Rendu (SMR)
Insuffisant
Le service médical rendu par ROTARIX est insuffisant dans l’immunisation active des nourrissons âgés de 6 à 24 semaines pour la prévention des gastro-entérites dues à une infection à rotavirus, pour une prise en charge par la solidarité nationale.
Attention, le problème peut se poser différemment dans des pays pauvres où les infections à rotavirus tuent beaucoup plus d'enfants qu'en France et où le vaccin peut avoir un intérêt. Mais il est cher et compliqué à transporter (chaîne du froid)...
Reste à trouver des vaccins et/ou des traitements contre plein d'autres maladies. Dont la Covid19...
Mais il faut bien garder à l'esprit que la science vaccinale est devenue complexe et que si les antivax doivent être farouchement combattus, on ne peut pas accepter n'importe quel vaccin dans n'importe quel situation. Chaque vaccin est un produit pharmaceutique qui doit avoir sa propre évaluation de son rapport bénéfice/risques en fonction de ses conditions d'utilisation. Si le résultat n'est pas favorable, il faut trouver un autre vaccin (ou une autre solution).