(El convidado de piedra @ vendredi 12 décembre 2008 à 15:10 a écrit : L'un est, en partie, un article à "consommation interne", polémique avec ceux qui n'étaient pas d'accord avec la position politique de LO sur la révolte des banlieues en France en 2005. D'autre part, cela fait des concessions au pacifisme bourgeois ou au philistinisme des couches moyennes. J'ai cité Engels la dessus.
(...)
c'est déjà la deuxième fois qu'on entend des critiques contre ce qui est une manifestation inévitable de la colère des masses et qui se présentera toujours quand il y aura une explosion sociale (...,)
Difficile d'affirmer qu'il s'agit d'un "article à consommation interne" sans faire un procès d'intention à l'auteur et à LO...
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a un lien entre les deux positions : une volonté de se démarquer nettement d'actes de violences, dont certains sont certes "nihilistes", purement négatifs, comme des destructions et déprédations ; mais d'autres tout de même justifiés, en Grèce comme en France, face à une police violente, raciste, anti-jeune etc. Pourquoi les jeunes accepteraient-ils de prendre des coups, de subir des brimades sans riposter, voire de laisser assassiner leurs copains, à Clichy sous Bois comme à Athènes ?
Sans doute les situations sont différentes. Les jeunes qui descendent dans la rue sont, en Grèce, pour une part plus politisés et appartiennent à des couches sociales plus étendues, du travailleur précaire au lycéen, en passant même par des jeunes diplômés et cadres sous-payés (selon la presse) ; alors qu'en France, la jonction ne s'est pas faite entre la jeunesse lycéenne/étudiante et celle des banlieues, même s'il y avait bien évidemment des lycéens dans le coup dans les banlieues. Et la liaison ne s'est pas - encore - faite, ni en Grèce ni en France avec les travailleurs des entreprises, même pas de celles qui licencient.
Mais tous les observateurs bourgeois - lisez
Libération de ce matin et
Le Monde d'hier, de même les gentils dirigeants lycéens genre FIDEL, se demandent avec inquiétude si on va assister à une propagation du mouvement grec, comme cela s'est passé en mai 68. Et là, avec la révolte qui couve dans les entreprises qui licencient, et même les autres, le "pire" (selon ces observateurs bourgeois) serait à craindre...
Pour revenir sur l'aspect "violences", un point me frappe. La barricade et le pavé de mai 68 sont entrés dans le politiquement correct. Il est de bon ton de rappeler ces affrontement et de dire même qu'on y a participé.... surtout si on a fait carrière depuis. Mais, à l'époque, le son de cloche était pourtant différent.
A la première fête de LO, j'ai le souvenir d'un stand où on pouvait lancer des pavés sur des mannequins de CRS. LO, même si elle avait manqué le coche au début (CF le fameux texte "la violence hors de l'histoire") revendiquait donc fièrement ces affrontements et ces violences, et bénéficiait même, comme tous les groupes de l'époque, de leur popularité.
Alors pourquoi aujourd'hui se démarquer ainsi de façon "respectable" d'actes qu'on a approuvés hier, ou du moins dont on a pas éprouvé le besoin de se démarquer de la même manière ?
Comme le dit Convidado, j'ignore si nous verrons dans un proche avenir de violents affrontements de classe. Cela fait partie des possibilités. Si cela arrive, nul doute qu'on assistera à toutes sortes de violentes révoltes sous les formes les plus diverses, y compris de la classe ouvrière, qui n'auront été ni prévues, ni planifiées par un parti. Nous avons eu un exemple de la capacité de violence des classes populaires quand les marins pêcheurs ont incendié l'hotel de ville de Rennes, ou quand des ouvriers licenciés ont menacé de tout faire sauter chez Celatex.
Les mouvements de révolte, et les mouvements révolutionnaires, suprennent et dépassent presque toujours les révolutionnaires par leur soudaineté et leur brutalité - je crois que je ne vous apprendrai rien sur ce sujet, mais il me semble
qu'on a parfois tendance à l'oublier.
Un des cas caractéristique, à toute petite échelle certes, mais qui a laissé un souvenir impériassable à ceux qui l'on vécu, c'est quand la FER (orga de jeunesse du PCI lambertiste) se fixait pour objectif "5000 jeunes à la Mutualité", alors qu'il y en avait des dizaines de milliers dans la rue et qu'elle allait chercher ses sympathisants dans les manifs pour les ramener à son meeting. (Sans compter la mégalomanie vue les dimensions de la Mutu...)