Lutte de classes en Bolivie

Dans le monde...

Message par Vérié » 15 Sep 2008, 07:44

DERNIERES NOUVELLES

-Selon l'agence bolivienne (gouvernementale) ABI, les victimes du massacre du Pando seraient au nombre de 30 morts (et non 15 selon la presse) et une quarantaine de blessés graves par balles.
-Une partie des hommes de main ayant participé au massacre auraient fui au Brésil. La Bolivie demande leur arrestation aux autorités brésiliennes.

-Fernandez, le préfet du Pando, accuse le gouvernement bolivien de "génocide" (sic) et rejette toute responsabilité. Selon certains journaux, Fernandez aurait dressé une liste de dirigeants et de militants (MAS, syndicalistes etc) à assassiner er il aurait des liens avec les narcos. La situation actuelle de Fernandez n'est pas claire : selon certains médias, il serait question de l'arreter, selon d'autres il serait en fuite au Brésil, mais il a donné encore hier une conférence de presse...

-Morales proclame "nous ne négocierons pas les morts du Pando"... et il ne participe pas lui-même aux négociations avec les Civiques, mais son Vice-Président Garcia Linea y participe ! Garcia Linea a encore répété qu'il fallait "construire un pacte d'union nationale".

-Les prefets (gouverneurs) de l'Oriente ont annulé leur voyage de solidarité avec Fernandez au Pando en état de siège mais se réunissent pour décider de leur conduite. Ils auraient levé les blocages d'exportation des hydrocarbures mais continueraient à occuper les principales institutions étatiques.

-Le ministre de la défense refuse la proposition de soutien militaire de Chavez.

-Une grande manif de solidarité a eu lieu à Buenos Aires (pro Morales ou de solidarité avec les travailleurs boliviens, mélange ? La presse ne précise pas.)
Vérié
 
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Message par Vérié » 16 Sep 2008, 09:15

Dernières nouvelles

POURSUITE DES NEGOCIATIONS AVEC LES CIVIQUES

-Des informations plus précises siur le massacre du Pando commencent à arriver, des survivants ont témoigné au cours d'une conférence de presse à La Paz. Il s'agit d'une véritable embuscade tendue par des hommes de mains lourdement armés, cachés dans des fossés de part et d'autre de la route, contre une colonne de paysans désarmés. Les derniers chiffres : une vingtaine de morts identifiés, 40 blessés graves par balles, et 100 "disparus", dont des enfants. Des cadavres ayant été retrouvés dans un rio, on peut craindre le pire pour ces disparus.
Les mercenaires ont ensuite bloqué l'arrivée de secours aux blessés, empêché leur transfert à l'hopital.
- Une manif de 1000 personnes a eu lieu à Cobija, "capitale" du Pando. Ce qui semble peu. De nombreuses manifs de protestation ont eu lieu dans tout le pays, la plus importante à El Alto.
- Le gouvernement aurait demandé l'arrestation du prefet, Morales aurait même dit que Fernandez mérite 30 ans de prison. Mais on ignore son sort, la presse ne dit rien de cette arrestation. Le Pando étant limitrophe du Brésil, beaucoup de tueurs ont passé la frontière.
-La COB demande l'arrestation du prefet et "l'éviction des ministres complices des Civiques", sans préciser de quels ministres il s'agit.
-Des groupes de paysans montent vers Santa Cruz pour encercler la ville.
-Malgré tout cela les négociations se poursuivent entre le gouvernement et la CONALDE (qui représente l'ensemble des forces de droite et des Civiques). Selon la presse, un compromis serait en vue.

L'UNASUR (12 PAYS d'Amérique du Sud) a adopté une résolution. En gros :
-Soutien au président "constitutionnel" Morales.
-Condamnation du massacre du Pando et formation d'une commission d'enquête.
- Appel au compromis des forces en présence.
Ce dernier point est le plus important : il représente en fait une pression sur Morales pour qu'il fasse encore davantage de compromis avec la droite et les pétroliers. Lula (Brésil) avait d'ailleurs dit qu'il ne signerait une résolution de soutien à Morales que si elle comportait un appel au compromis. Avec Pétrobras, la plus importante compagnie d'hydrocarbures du continent, le Brésil est évidement partie prenante...
__
A PROPOS DE L'ARMEE BOLIVIENNE. Chavez a accusé l'armée bolivienne de "faire la grève des bras croisés" et de ne pas obéir à Morales. Il est très vraisemblable en effet que l'armée "laisse faire" et refuse d'aller mettre au pas les Civiques de Santa Cruz et Tarija. Ce qui pourrait expliquer les fausses infos propagées par la presse, selon lesquelles l'armée, et meme des chars, étaient envoyés à Santa Cruz. Il y a peut-etre eu ordre, contre-ordre etc.

MENACE DE COUP D'ETAT ? Le quotidien de gauche argentin Pagina 12 titre "Eviter un nouvel Allende" avec côte à côte les photos de Morales et
Allende. Toutefois, en dépit des similitudes, la situation diffère de celle du Chili sur
certains points. En particulier, tous les Etats voisins qui bénéficient des hydrocarbures boliviens veulent avant tout la stabilité des approvisionnements. Et il n'est pas du tout certain qu'un pouvoir militaire serait capable de l'assurer dans la situation actuelle. Rien n'indique non plus que l'armée bolivienne ait la possibilité de s'imposer aussi facilement que celle de Pinochet. Ces Etats, de même qu'une partie de la bourgeoisie bolivienne (en dehors des oligarques de l'Oriente) préfèrent donc jouer encore la carte de Morales et de la recherche de compromis.
Vérié
 
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Message par Vérié » 17 Sep 2008, 08:02

ARRESTATION DU PREFET ASSASSIN ET NOUVEAU RECUL DE MORALES DEVANT LES CIVIQUES

-Fernandez, préfet du Pando, principal responsable du massacre a été arrêté hier à 10 H 45, juste après avoir donné un nouvel interview à une radio locale. Par ruse semble-t-il pour éviter une réaction de ses partisans. Il a été conduit à La Paz par avion. Des centaines de manifestants l'attendaient à l'aéroport aux cris de
"Assassin, le peuple sera toujours debout jamais à genoux." Mais il avait été semble-t-il emmené ailleurs dans un lieu secret.
-Le juge d'instruction veut inculper aussi... deux dirigeants du MAS du Pando, ce qui crée une grande confusion.

ACCORD SIGNE
Morales a signé hier avec le préfet de Tarija (représentant l'ensemble des préfets autonomistes et des Civiques) un pré-accord dont les grandes lignes sont :
- Les régions renoncent à percevoir directement les taxes pétrolières, mais leur part du gateau est augmentée. (Proportion non spécifiée semble-t-il.)
-Morales renonce à son projet de nouveau référendum sur la constitution.
-Une "enquête impartiale" sera menée sur le massacre du Pando.
-Les Civiques lèvent les blocages et cessent l'occupation des institutions gouvernementales (douanes, postes de police etc)
-Une organisation d'autodéfense du nom de "Bataillon rouge" qui s'était formée à Plan 3000 (Cité populaire de la banlieue de Santa Cruz) pour résister aux attaques fascistes sera désarmée et dissoute. (Ca rappelle de mauvais souvenirs...)

Le CEPB (MEDEF bolivien) se réjouit vivement de cet accord et le qualifie de "grand pas en avant vers la paix sociale", de meme que l'Eglise dont des représentants ont assisté à la signature.

Pagina 12 (Quotidien argentin de gauche) et plusieurs autres médias soulignent que la pression de Lula à la conférence de Santiago a joué un rôle très important pour pousser MOrales au compromis.

Mais l'accord n'est pas interprêté de la meme façon par les deux parties. Nombre de Civiques protestent contre l'arrestation du Préfet Fernandez et déclarent que cette arrestation n'aurait pas du survenir avant les conclusions de l'enquête. Diverses organisation entendent organiser des actions pour revendiquer la libération de Fernandez, en particulier les Jeunesses Crucénistes. (Extrême droite).
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La presse ne parle pas encore des réactions des organisations ouvrières, paysannes et populaires.
Vérié
 
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Message par Vérié » 17 Sep 2008, 10:48

DERNIER REBONDISSEMENT de la tragédie comédie :

-Le prefet Fernandez ne sera détenu que... 90 jours. Il n'est inculpé que pour son refus de l'état de siège, pas pour le massacre. Il est actuellement détenu dans une base militaire, à 45 kilomètrs de La Paz. (Dernier bilan officiel du massacre de paysans du Pando : 24 morts, 40 blessés graves, 106 disparus toujours pas retrouvé.) Une centaine de fachos et paramilitaires impliqués dans le massacre sont passés au Brésil où ils demandent l'asile politique.

Ce préfet appartient lui-même à l'oligarchie : grand propriétaire terrien, lié au milieu des narcos, memebre de l'ADN (Action Démocratique Nationaliste) parti d'extrême-droite de l'ancien dictateur militaire Hugo Banzer etc.

-De toute évidence, cette affaire a été négociée dans le cadre du pré-accord signé avec la droite. On est très loin de la spectaculaire déclaration de Morales qui disait qu'il méritait au moins 30 ans d eprison !

-Les organisations syndicales et populaires commencent à réagir (COB, syndicats d'enseignants, assoces de El Alto, de paysans etc) pour exiger le maintien en détention et le jugement du Préfet pour sa responsabilité dans le massacre et appeler à des manifs un peu partout..
Vérié
 
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Message par Vérié » 18 Sep 2008, 13:02

DERNIERES INFOS

-L'ONU propose sa médiation dans le conflit entre Morales et les Civiques.
-Les négociations continuent après la signature du "pré-accord"
-Morales signe "un pacte de défense de la démocratie" avec la COB, la CSUTCB (syndicat paysan) et diverses assoces.
-Manifs et mobilisations un peu partout contre le massacre et pour la condamnation du prefet.
-Des paysans et des mineurs poursuivent leur marche sur Santa Cruz

LE SORT DU PREFET Fernandez n'est pas encore réglé. Il devrait comparaitre devant un juge aujourd'hui. Il a déjà comparu hier... et en a profité pour donner une nouvelle conférence de presse. Il se confirme qu'il est "confinado", c'est à dire retenu ou isolé, et non emprisonné sur le plan juridique, dans une base militaire où on peut supposer qu'il bénéficie de tout le confort. Sa première comparution a toutefois été interrompue par des manifestants et des familles de victimes aux cris de "Assassin, en prison !"
-Alicia Munoz (PC de gauche, ex ministre de l'intérieur viré par Moralés pour cause de déclarations à la TV en faveur des ouvriers et paysans l'an dernier au moment des affrontements de Cochabamba) est intervenue pour rappeler qu'elle avait déjà dénoncé les agissements de Fernandez et de ses groupes armés, mais que personne ne l'a écoutée au sein du gouvernement.
-La COB dénonce trois ministres de Morales comme complices de Fernantez et "auteurs intellectuels" (sic) du massacre du Pando, dont le ministre de l'intérérieur.
-Des critiques sont formulées contre l'Eglise par divers syndicats et organisations sociales (c'est rare !), en raison de l'attitude de l'Eglise lors du massacre, qui renvoie tout le monde dos à dos en pleurnichant.

CRISE CHEZ LES FACHOS DE SANTA CRUZ. Il semble que les Civiques et l'extrême-droite sont divisés entre jusqu'auboutistes et partisans de la négociation avec Morales.

EFFET NEGATIF DES DECLARATIONS DE CHAVEZ. A Oruro, un dirigeant de la COB mineurs a déclaré dans un meeting que les mineurs étaient prêts à acheter des armes pour combattre les soldats de Chavez s'ils mettaient le pied sur le sol bolivien. Il est difficile de savoir si ce discours est représentatif du pooint des travailleurs ou d'une partie des travailleurs, mais le nationaalisme est très fort en Bolivie comme dans tous les pays d'Amérique latine...
__

A signaler : un article dans Libération ce matin, avec un décalage de deux jours sur les événements. Cet article donne quelques détails sur le massacre, mais n'évoque pas l'accord signé par Morales et donne l'impression que Morales fait preuve de fermeté vis à vis du prefet.
Vérié
 
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Message par com_71 » 18 Sep 2008, 14:24

(lutte ouvrière a écrit :Bolivie - Le bras de fer entre l'oligarchie et Evo Morales

Depuis des mois, la situation est tendue en Bolivie. L'oligarchie et tout ce que le pays compte de réactionnaires est en lutte ouverte, et parfois armée, contre le gouvernement central du pays dirigé par Evo Morales. La droite tente, depuis le début de la présidence, de contrecarrer les réformes, même les plus modestes, en faveur des déshérités. Mais le président bolivien vient de recevoir le soutien, non seulement du président du Venezuela, Chavez, qui le soutient depuis le début, mais des États voisins : Brésil, Chili, Colombie, etc.

Une rébellion ouverte

Le 13 septembre, le département du Pando, un des cinq départements où la droite mène une agitation sécessionniste, a été placé en état de siège. Des affrontements armés avec des milices d'extrême droite, mises sur pied sous la responsabilité du gouverneur auraient entraîné la mort d'une trentaine de personnes. L'armée, qui se montre jusqu'ici fidèle au président Morales, recherche désormais le gouverneur.

Ces affrontements font suite aux multiples heurts qui ont eu lieu dans les cinq départements dont les gouverneurs réclament l'autonomie, voire menacent de faire sécession, qui forment la « media luna  » (le croissant de lune) à l'est du pays. Autour de la ville de Santa Cruz, où a été lancé ce mouvement pour l'autonomie, la population des quartiers pauvres résiste avec force à la tentative de sécession menée par les riches industriels et les grands propriétaires.

Excédé du soutien ouvert des États-Unis à ces opposants, le président Morales a renvoyé l'ambassadeur, connu auparavant pour son soutien matériel et politique aux sécessionnistes de Bosnie et du Kosovo. Le président du Venezuela, Chavez, en solidarité avec son homologue bolivien, a fait de même, se déclarant prêt à intervenir directement si le gouvernement était destitué ou s'il était attenté à la vie d'Evo Morales. Ce dernier, devant des milliers de partisans rassemblés à Cochabamba, en a appelé à la mobilisation du peuple bolivien « pour défendre le changement » en déclarant : «  Si nous ne pouvons pas vaincre, il faut mourir pour la patrie et le peuple bolivien. »

L'emprise de l'impérialisme

Morales, ancien leader syndicaliste paysan, est venu au pouvoir, appuyé par une forte mobilisation populaire, en promettant de lutter contre les injustices, de nationaliser les riches réserves énergétiques, de faire une réforme agraire, de lutter contre l'analphabétisme et de redistribuer une plus grande part des richesses à la population pauvre.

En Bolivie, le pays le plus pauvre de l'Amérique latine, 40 % de la population reste rurale. Jusqu'ici 7 % de grands propriétaires terriens possédaient 87 % des terres cultivables, les meilleures. Cette oligarchie latifundiaire est concentrée dans l'est du pays, où elle est omnipotente. C'est elle qui organise la rébellion contre le gouvernement. C'est aussi à l'est que sont concentrées les riches réserves de pétrole et surtout de gaz. La majorité de la population est indienne et est méprisée en tant que telle. Le racisme des riches Blancs est d'autant plus ostentatoire que Morales est indien.

Si la Bolivie a été, comme bien des pays de cette région, sous la férule directe de l'impérialisme américain qui y a contrôlé le pouvoir, au travers de l'armée, pendant des dizaines d'année de dictatures militaires successives, sa population pauvre, une classe ouvrière, des habitants des quartiers populaires et une petite paysannerie, a souvent fait preuve d'une grande combativité au cours des soixante dernières années.

Après des mobilisations qui ont pris toute leur ampleur à partir de l'année 2000, Evo Morales a créé son parti, le MAS (Mouvement vers le socialisme) et a été élu président avec 53,7 % des voix en décembre 2005. Quelques mois plus tard, les élections à l'Assemblée ont renforcé son assise électorale. Au mois d'août dernier, un référendum l'a confirmée, avec 67 % des voix en sa faveur. Mais ni la petite minorité de privilégiés qui contrôle l'économie et les médias, ni Washington, ne veulent admettre le moindre abandon de leurs privilèges antérieurs. Evo Morales n'a pas exproprié les grands groupes industriels et commerciaux, il s'est montré modéré et conciliant, mais il a aussi cherché à respecter, au moins en partie, les engagements pris devant ses électeurs populaires. C'est ce que l'oligarchie et l'impérialisme américain ne lui pardonnent pas.

Sans vraiment nationaliser, le gouvernement a renégocié les conditions d'exploitation des richesses énergétiques. Les rentrées pour l'État bolivien ont grimpé de 300 millions de dollars en 2005 à 1,6 milliard en 2007. Il a annulé le contrat qui permettait au groupe français Suez-Lyonnaise des Eaux de piller les populations et qui avait entraîné des soulèvements. Il envisage une réforme agraire qui répartirait 16 millions d'hectares. Il a créé une sorte de minimum vieillesse et des droits à la santé pour les couches les plus pauvres, en prélevant sur les rentrées financières nouvelles de l'État. Enfin, avec l'aide des instructeurs cubains, il a entamé un programme d'alphabétisation du pays, parmi les plus retardataires du continent.

L'oligarchie ne veut rien céder

Il est symbolique que la révolte menée contre le gouvernement de Morales par une partie des couches dirigeantes se mène essentiellement contre la réforme agraire annoncée, qui « mettrait en danger l'économie ». À leurs yeux, la petite retraite donnée aux plus pauvres serait un « gaspillage ».

Après avoir fait pendant des mois de l'obstruction à l'Assemblée, pour tenter d'empêcher la promulgation de ces réformes, l'oligarchie économique met désormais en avant la revendication d'autonomie, voire la sécession des départements les plus riches, au nom de la « liberté ». Les représentants de la droite et des possédants des départements autonomistes ne « veulent pas payer pour les pauvres » des autres régions et veulent garder pour eux les richesses produites dans leurs régions. Mais le « pour eux » est bien restrictif, puisque les comités qui mènent la rébellion sont dirigés par les plus grands propriétaires terriens du pays et de très grands industriels. Et le tout s'accompagne d'un flot de déclarations racistes anti-indiennes, de provocations, comme la résurgence à Sucre (la capitale historique du pays) de l'ancienne pratique coloniale interdisant la ville aux Indiens.

L'avenir est entre les mains des masses pauvres

Alors qu'Evo Morales s'est vu interdire de fait pendant un temps l'accès à certaines régions par les milices sécessionnistes, il y a eu en sa faveur une importante mobilisation. Même dans les fiefs de la réaction, les partisans de Morales font face et rendent parfois coup pour coup. L'opposition a osé s'en plaindre et réclamer, sans rire, la « fin des violences » dans les départements qu'elle contrôle !

La mobilisation populaire en faveur du gouvernement n'est peut-être pas étrangère à l'attitude de l'armée, jusqu'ici relativement passive, et qui s'oppose désormais aux milices sécessionnistes. Et cette situation explique sans doute aussi pourquoi l'opposition a fini par engager des négociations avec le gouvernement.

Cependant la droite n'a pas capitulé et nul ne peut dire si l'armée va continuer à soutenir le gouvernement, ou si elle ne va pas finir, comme elle l'a si souvent fait dans le passé, par tenter d'imposer sa dictature au nom du « rétablissement de la paix civile ». Nul ne peut dire non plus si Morales persistera dans sa fermeté.

Les possédants et l'impérialisme, eux, font la démonstration que même les « réformes tranquilles » leur sont insupportables et que tant qu'ils conservent du pouvoir, même simplement économique, ils entendent s'opposer à tout progrès et à tout partage des richesses, même modeste. Et, quelle que soit l'issue des négociations en cours, les masses populaires boliviennes devront compter avant tout, même pour imposer des revendications limitées, sur leurs propres forces.

Paul SOREL
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 18 Sep 2008, 14:44

(com_71 @ jeudi 18 septembre 2008 à 15:24 a écrit :



Bonne synthèse.
Quelques observations :


a écrit :
Excédé du soutien ouvert des États-Unis à ces opposants, le président Morales a renvoyé l'ambassadeur, connu auparavant pour son soutien matériel et politique aux sécessionnistes de Bosnie et du Kosovo.

On peut tout de même se demander si cette expulsion n'est pas un geste de démagogie nationaliste. Car expulser l'ambassadeur nord-américain semble plus facile que d'affronter les Oligarques...

Sur le rôle de l'impérialisme américain. Avec la conférence de Santiago de l'UNASUR, les Etats participants sont très fiers de dire qu'ils ont "réglé" le problème bolivien sans l'intervention des Etats Unis. C'est surtout Lula-Vénézuéla qui s'est imposé à cette occasion et qui a fait pression sur Morales. Le Vénézuela est en effet le principal bénéficiaire des hydrocarbures boliviens avec Petrobras. Les compagnies américaines présentes viennent loin derrière. Ce qui ne signifie pas que l'impérialisme américain ne s'intéresse pas à la Bolivie. Mais ce sont les voisins immédiats, et clients pétroliers, Chili, Argentine, Brésil, qui semblent jouer le role le plus important.


a écrit :
Il est symbolique que la révolte menée contre le gouvernement de Morales par une partie des couches dirigeantes se mène essentiellement contre la réforme agraire annoncée, qui « mettrait en danger l'économie ». À leurs yeux, la petite retraite donnée aux plus pauvres serait un « gaspillage ».

Les deux axes de cette révolte sont :
-La propriété terrienne en effet
- Mais aussi le partage de la rente pétrolière - l'IDH - l'impot pétrolier et son utilisation.


a écrit :
La mobilisation populaire en faveur du gouvernement n'est peut-être pas étrangère à l'attitude de l'armée, jusqu'ici relativement passive, et qui s'oppose désormais aux milices sécessionnistes. Et cette situation explique sans doute aussi pourquoi l'opposition a fini par engager des négociations avec le gouvernement.

Cependant la droite n'a pas capitulé et nul ne peut dire si l'armée va continuer à soutenir le gouvernement,


Non seulement la droite n'a pas capitulé, mais c'est Morales qui vient encore de reculer avec l'accord qu'il vient de signer :
-En annulant son projet de référendum constitutionnel,
-En acceptant une redistribution de la rente pétrolière plus favorable aux régions "sécessionnistes".
Il recule sur pas mal d'autres points voir plus haut.

Quant à l'armée, son rôle précis dans le Pando n'est pas encore connu avec précision : les journalistes se plaignent d'ailleurs de la censure exercée par l'armée. Elle a beaucoup trainé des pieds et n'a pas marché sur Santa Cruz, comme il en a été question. Et elle a traité le préfet assassin avec les plus grands égards.


Enfin l'article ne rappelle pas que, très récemment, la police de MOrales a tiré sur les mineurs en grève (4 morts) et que des commandos du MAS ont brisé des grèves de mineurs et d'enseignants. Donc que Morales est plus dur avec les travailleurs qu'avec les patrons et les Oligarques. (Les intérêts des patrons des régions non pétrolières ne sont pas tout à fait les memes que ceux des oligarques dans la mesure où ils voudraient bien profiter eux aussi de la manne pétrolière.)
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Message par Vérié » 18 Sep 2008, 16:41

:( Petit erratum à mon poste précédent. Un lapsus : c'est Lula Brésil qu'il faut lire et non Lula Vénézuela. Pétrobras est une Cie brésilienne. Et Lula a fait justement contrepoids à Chavez-Vénézuéla au cours d ela conférence de Santiago.
Vérié
 
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Message par Vérié » 19 Sep 2008, 08:21

SOUS LA PRESSION POPULAIRE, LE PREFET ASSASSIN ENFIN EMPRISONNE

-Fernandez, le prefet du Pando, a passé la dernière nuit dans la prison de San Pedro. IL est passé hier jeudi devant une autre juridiction qui, cette fois, l'a inculpé de terrorisme, crimes etc. Devant des témoins venus de Cobija (Pando) il a du reconnaitre qu'il avait donné l'ordre à ses "fonctionnaires" de "freiner la marche des paysans" (sic)

Dans toute la Bolivie des manifestations se sont déroulées pour réclamer son emprisonnement. Hier dans tout La Paz des milliers de manifestants ont parcouru les rues, à la recherche du lieu (tenu secret) où se trouvait le prefet assassin. La police a du recourir à toutes sortes de ruses pour qu'il échappe à la foule.

Il semble donc que le gouvernement a cédé devant la mobilisation populaire, car on ne parle plus de ces 30 jours de "confination" et il est clairement inculpé pour ses crimes. Probablement ces 30 jours avaient-ils fait l'objet d'un deal, peut-être pas avec Morales lui-même, mais un de ses ministres ? Ou l'armée ? Quoi qu'il en soit, le préfet avait, selon la presse, perdu de sa superbe en arrivant à San Pedro et c'est un succès pour le mouvement populaire !

LA MARCHE SUR SANTA CRUZ SE POURSUIT
20 000 personnes, en majorité mineurs et paysans sont maintenant à 150 kms de Santa Cruz. Des dizaines de milliers d'autres se rassemblent à Cochabamba. Difficile de savoir si ces mouvements sont encouragés par le gouvernement ou seulement tolérés pour permettre à la colère de s'exprimer, car les déclarations sont toujours très contraduictoires.

LES MINEURS DESAVOUENT LA DIRECTION DE LA COB ET DENONCENT LES NEGOCIATIONS AVEC LES OLIGARQUES
-De nombreuses instances de la COB, en particulier des mineurs des régions d'Oruro et Potosi, condamnent les négociations avec les oligarques et réclament qu'ils soient mis au pas, menacent de le faire eux-mêmes.
-Les mêmes instances condamenent le "Pacte démocratique" signé par la direction nationale de la COB et Morales.
___
En dépit de tous les coups pris par les ouvriers et paysans, de la division et des manoeuvres des politiciens et bureaucrates divers, la mobilisation semble donc encore très forte.
Vérié
 
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