Goldman Sachs: 1 - Morgan Stanley: 0
J'ai cherché partout, rares sont les journaux qui donnent un début d'explication au plongeon des matières premières hier soir.
Serait-ce le contre-coup du discours de Trichet dans l'après-midi (comme on peut le lire dans l'article du jdf)... n'annonçant aucun relèvement des taux à court terme ? Sûrement pas. Trichet n'a rien annoncé que l'on savait déjà. Ce sera vraissemblablement pour juillet, puis octobre, 2 fois + 0,25 % en respectant un rythme trimestriel.
Serait-ce parce que la Banque centrale indienne a relevé les siens dernièrement ? Pas davantage. Elle les relève tous les mois, 9 fois déjà depuis presque un an. La décision des dirigeants chinois de lutter contre l'inflation au détriment de la croissance incite les banques centrales de l'Asie du sud (Vietnam, Philippines, Malaisie...) à faire de même. On s'attend depuis des semaines à voir la demande de pétrole se tasser et l'activité économique mondiale se contracter. On ne l'a pas découvert hier soir.
Ce n'est pas non plus parce que la production mondiale de pétrole serait brutalement passée hier de 87 à 75 millions de barils/jour qui expliquerait pourquoi le prix du baril aurait perdu 10 en quelques minutes.
L'explication, la vraie, celle qui n'est pas dans la presse parce qu'elle illustrerait trop la folie du capitalisme, la voici: la guerre des deux banques spéculatrices, une bataille de trading, Goldman Sachs contre Morgan Stanley. La première a incité les hedge funds à prendre leurs bénéfices, ce que la stratégie à l'achat de Morgan Stanley n'est pas parvenue à enrailler. Il s'est alors produit un phénomène exceptionnel qui n'avait pas été programmé sur les ordinateurs. Dès que les seuils techniques ont été franchis, les machines se sont mises à vendre à une vitesse supersonique, amplifiant l'option à la vente de Goldman Sachs.
Pour se prémunir contre la chute du dollar, les investisseurs se couvrent en achetant du pétrole, de l'or, des métaux divers. La dégringolade des matières premières a donc provoqué mécaniquement une remontée spectaculaire du dollar. L'euro est passé de 1.49 à 1.45 en un après-midi, ce qui est rarissime pour une telle monnaie compte tenu de son volume. Une petite bulle spéculative de rien du tout a éclaté et on a en vu les effets. Voila qui promet...
Des hedge funds ont gagné des milliards. Morgan Stanley a perdu, on ne sait pas combien. Comme c'est passionnant le capitalisme !
a écrit :Krach boursier sur les matières premières
par Mathilde Golla
Le Journal des finances - 06 mai 2011
http://www.jdf.com/matieres-premieres/2011...s-premieres.phpA un an presque jour pour jour du «flash krach» où l’indice Dow Jones avait perdu des centaines de points en un temps record, les cours des matières premières semblent avoir connu jeudi un sort similaire. Une reprise du dollar a précipité un plongeon des cours du pétrole puis une correction de l’ensemble des matières premières, du jamais vu depuis la crise financière de 2008.
A l’origine, le discours de Jean-Claude Trichet, président de la BCE, qui a laissé entendre qu’il ne poursuivra pas sa politique de hausse des taux en juin, associé à la publication de mauvais indicateurs macroéconomiques outre-Atlantique ont déclenché une vaste remontée du dollar contre l’euro, à 1,4539 ce vendredi matin contre près de 1,4820 dollar jeudi matin. En réaction, le baril de pétrole a chuté de 10 dollars, soit 8 % sur une seule journée, une première depuis la guerre du Golfe en 1991. L’ensemble des cours des matières premières a suivi: l’argent a chuté de près de 13 % soit un repli de l’ordre de 30 % en quatre séances, l’or a perdu près de 4 %, le maïs, blé et soja ont reculé entre 2 % et 3 %. Ainsi, l’indice de référence des matières premières, le Jefferies Commodities, a chuté de près de 5 %, sa plus lourde correction depuis un epu plus de deux ans et l’une des plus fortes de son histoire.
Et les mouvements de ventes massifs ont été amplifiés par des facteurs techniques: les « effets de levier », l’achat de titres à crédit, qui génèrent un accroissement des mouvements de ventes et d’achats ainsi que le franchissement de seuils techniques qui provoquent des ventes automatiques. L’ensemble de ces éléments s’est traduit par des « ventes paniques » («panic selling») de la part d’opérateurs trop exposés.
Certains courtiers prédisaient hier: « Fini pour les matières premières, il faut vendre ». A leurs yeux, nous avons assisté hier à l’éclatement de la bulle spéculative qui se forme depuis deux ans sur les matières premières. Georges Soros, connu pour son anticipation des mouvements de marché, a vendu son or et argent en début de semaine après avoir mentionné une bulle sur les matières premières. Les investisseurs n’ont ainsi pas hésité à qualifier la séance de « one for the books », autrement dit une séance qui marquera l’histoire. Toutefois, Addison Armstrong, analyste pour Tradition Energy, estime que «la correction a été trop sévére». Ce matin, les cours du pétrole qui se reprennent et repassent au-dessus de la barre des 100 dollars semblent lui donner raison.