Sur la question qui fait débat ici [= comment se positionner face à l'intervention impérialiste en Libye], les arguments de ceux qui disent qu'on ne peut pas ici s'y opposer frontalement sont bien résumés dans ce texte de Gilbert Achcar, très bon conaisseurr du Moyen Orient, et dont la lecture vaut le coup même si on ne partage pas ses conclusions [je suis pas loin de les partager et d'être plutôt d'accord avec ce que dit ici Granit] :
http://orta.dynalias.org/inprecor/article-inprecor?id=1125Il introduit ça par cette citation de Lénine :
a écrit :
« La Paix de Brest-Litovsk, a été de fait un compromis avec les impérialistes, mais un compromis qui, compte tenu des circonstances, était nécessaire… Le rejet “par principe” de tout compromis, le rejet de l’éventualité des compromis en général, quelle qu’en soit la nature, est un enfantillage qu’il est difficile de prendre au sérieux à un quelconque niveau… Il faut se donner la possibilité d’analyser la situation et les conditions concrètes de chaque compromis ou de chaque type de compromis. Il faut apprendre à faire la distinction entre celui qui abandonne son argent et ses armes à des bandits dans le but d’amoindrir le mal qu’ils peuvent faire et de faciliter leur capture et leur exécution, et celui qui apporte son argent et ses armes à des bandits dans le but de partager le butin. » Vladimir Illitch Lénine
Et voici un extrait, le reste se lit sur le lien donné ci dessus :
a écrit :
Et maintenant, que faire devant tout cela ? Un soulèvement de masse, faisant face à une menace bien réelle de massacre à grande échelle, qui demande la création d’une zone d’exclusion aérienne pour l’aider à résister à l’offensive criminelle du régime. Contrairement aux forces anti-Milosevic au Kosovo, les insurgés libyens ne demandaient pas l’occupation de leur pays par des troupes étrangères. Au contraire, ils avaient de bonnes raisons de ne faire aucune confiance à un tel déploiement : leur lucidité, à la lumière de l’Irak, de la Palestine, etc., quant aux visées impérialistes des puissances mondiales, ainsi que leur propre expérience de la manière dont le tyran qui les opprime a été choyé par ces mêmes puissances. Ils ont très clairement rejeté toute intervention étrangère sur le sol libyen, demandant simplement une couverture aérienne. Et, à leur demande, la résolution du Conseil de Sécurité a explicitement exclu « le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen ».
Je ne m’attarderai pas sur les arguments inacceptables de ceux qui tentent de jeter le doute sur la nature de la direction du soulèvement. Ce sont, en général, les mêmes qui croient que Kadhafi est un progressiste. Les dirigeants du soulèvement sont un mélange de dissidents politiques et intellectuels, défenseurs des droits démocratiques et des droits humains, dont certains ont passé de longues années dans les geôles de Kadhafi, d’hommes qui ont rompu avec le régime pour rallier la rébellion et de représentants de la diversité régionale et tribale de la population libyenne. Le programme qui les réunit est un programme de transformation démocratique : libertés politiques, droits de l’homme et élections libres — comme pour tous les autres soulèvements dans la région. Et si ce à quoi pourrait ressembler une Libye post-Kadhafi n’est pas clair, deux choses sont certaines : ce ne pourrait être pire que le régime de Kadhafi et ce ne pourrait être pire que le scénario plus évident d’un rôle crucial joué par les Frères Musulmans dans l’Égypte de l’après-Moubarak, que certains on invoqué comme prétexte pour soutenir le dictateur égyptien.
Une personne se réclamant de la gauche peut-elle ignorer une demande de protection émanant d’un mouvement populaire, même si elle s’adresse aux gendarmes-bandits de l’impérialisme, quand le type de protection demandée n’est pas de nature à permettre la prise de contrôle de leur pays ? Certainement pas, selon ma conception de la gauche. Aucun vrai progressiste ne peut ignorer la demande de protection émise par le soulèvement — à moins, comme c’est trop souvent le cas dans la gauche occidentale, d’ignorer tout des circonstances et de la menace imminente de massacre à grande échelle, et de ne s’intéresser à la situation qu’après que leur propre gouvernement ait décidé d’intervenir, déclenchant ainsi leur réflexe d’opposition contre son intervention (un réflexe plutôt sain d’ordinaire, il faut dire). Dans chaque situation où les anti-impérialistes se sont opposés aux interventions militaires dirigées par l’Occident et prenant la prévention de massacres comme prétexte, ils ont mis en évidence les alternatives montrant que l’option du recours à la force, choisie par les gouvernements occidentaux, découlait uniquement de leurs visées impérialistes.