Haiti, le règne des bandes armées

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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 11 Juil 2024, 00:04

Voix des Travailleurs, 15 juin 2024 a écrit :LA MISSION MULTINATIONALE DE SOUTIEN À LA SÉCURITÉ
(MMSS), AU CHEVET DE LA BOURGEOISIE ET DE SES ALLIÉS

Tels des hordes de barbares, les gangs ont fait exploser les liens traditionnels qui les lient aux classes dominantes. Surarmés et
profitant de la pauvreté des jeunes des bidonvilles qui leur offre nombre d’adhérents, ils déversent la violence dans la capitale et dans
certaines villes de province. Aux abois, les classes riches appellent au secours.

Ce sont les classes populaires qui
payent le plus lourd tribut de la montée en
puissance des gangs. Ce sont elles qui
subissent l’essentiel des massacres, des
crimes crapuleux, des viols, des guerres des
gangs, des blocages des routes nationales,
des conquêtes de territoires par les gangs,
des incendies des maisons dans les quartiers
populaires, de la flambée des prix des
produits de première nécessité, des incendies
des hôpitaux privés et publics, de la
destruction des marchés publics, etc. Mais
les classes riches en pâtissent aussi.
Mardi 4 juin 2024, la tentative de
détournement de deux gros camions-citernes
qui transportaient de l’essence a tourné à la
catastrophe. Ayant raté leur coup, les bandits
n’ont pas hésité à tirer sur l’un des camions
qui a pris feu au milieu d’un marché bondé.
Une semaine avant, un couple d’une
riche famille américaine a été assassiné dans
un faubourg de la capitale. Leurs dépouilles
ont été exfiltrées au terme d’âpres négociations
avec un chef de gang dont la tête est mise à
prix par le gouvernement américain depuis
plus de deux ans.
À l’annonce du déploiement des soldats
étrangers, les gangs ont détruit plusieurs
commissariats de police à l’aide de pelleteuses
pendant plusieurs jours. Les camions de
transport de marchandises sont détournés en
permanence sur les routes. Des show-rooms,
des entrepôts sont incendiés. Des bateaux sont
interceptés sur les mers. Fermé pendant 3
mois, l’aéroport Toussaint Louverture de Port-
au-Prince n’a recommencé à fonctionner
qu’après l’intervention de l’armée américaine.
Isolée du reste du monde, ne pouvant
pas compter sur la Police dont nombre de ses
membres sont inféodés aux gangs, la
bourgeoisie s’en est remise à ses alliés
internationaux pour lui venir en aide.
La Mission multinationale de soutien à
la sécurité (MMSS) est un renfort à l’État
bourgeois, à la Police qui est en pleine
déconfiture.
Pour les masses populaires, les
problèmes resteront entiers. Leur sécurité dans
les quartiers et sur les routes, le problème du
chômage, de la cherté de la vie, du salaire, du
logement, des soins de santé perdureront tant
que ce système d’exploitation restera en place.
Seules leurs luttes leur permettront de les
atténuer.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 11 Juil 2024, 00:13

Voix des Travailleurs, 15 juin 2024 a écrit :DÉMAGOGIE DES GANGS DANS LES QUARTIERS
Cela fait des années que les habitants
de plusieurs quartiers sont pris en otages par
des gangs. Certains se font kidnapper et
sont tués. Pour fuir les bandits, plusieurs
d’entre eux sont obligés d’abandonner leurs
maisons et vont se réfugier sur les places
publiques, dans les bâtiments publics ou
sont hébergés par un proche.
Garder les habitants dans les
quartiers, c’est une stratégie des gangs qui
utilisent celles et ceux qui restent comme
boucliers humains. À chaque intervention
policière ou combat entre gangs rivaux,
beaucoup de ces personnes sont victimes.
Depuis l’annonce de la venue de la
Mission multinationale de soutien et de
sécurité (MMSS), plusieurs chefs de gangs
interviennent sur les réseaux sociaux contre
cette mission et semblent visiblement
paniqués. Car, comme par le passé, ils ont
peur de la réaction de la population dans les
quartiers. Peur qu’elle se réveille, en prenant
comme booster l’intervention de la force
multinationale. Un discours qui circule dans
plusieurs endroits. Certaines déclarations vont
dans le sens de se procurer des armes pour
démanteler les bandits.
Ces inquiétudes se reflètent dans les
comportements démagogiques de certains
chefs de gangs qui essaient de se faire passer
comme proches de la population. Depuis
quelque temps, sur les réseaux sociaux, on peut
voir des chefs de gangs qui distribuent des
enveloppes et de la nourriture aux gens. Ils
organisent des manifestations, en forçant les
gens à y participer de façon à exprimer leur
désaccord contre la force d’intervention. Ils se
font filmer pendant qu’ils donnent des
embrassades aux gens.
Ces comportements prouvent que les
bandits ont plus peur de la colère des habitants
des quartiers que de l'intervention de la force.
La population pauvre ne doit pas se
laisser berner par les conduites démagogiques
des gangs. Il ne peut y avoir de réconciliation
possible entre les bandits et la population
pauvre. Avec ou sans les interventions de la
force internationale, la population peut se
débarrasser de ces bandits ainsi que des patrons
qui les financent. Ils l’ont déjà fait contre
d’autres bandits dans le passé. Le « bwa kalé »
de manière organisée reste une arme efficace à
étendre dans tous les quartiers.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 11 Juil 2024, 00:27

Voix des Travailleurs, 15 juin 2024 a écrit :RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : ABINADER RÉÉLU, L’EXTRÊME DROITE JUBILE

Surfant sur sa politique raciste, xénophobe et discriminatoire contre les migrants haïtiens, des travailleurs pour la grande majorité,
le président sortant de la République dominicaine Luis Abinader a été réélu le dimanche 19 mai dernier avec plus de 59% des voix. Sous
l’influence des groupes d’extrême droite dominicaine, Abinader va sans doute durcir ses positions contre ceux qui, fuyant l’insécurité et la
misère en Haïti, essaient de trouver refuge à Saint-Domingue.

Le refoulement de migrants haïtiens
de la République dominicaine bat son plein.
Aux postes frontaliers des deux pays, ce
sont des centaines d’Haïtiens dont des
femmes, des enfants et même des vieillards
qui sont expulsés chaque jour dans des
conditions inhumaines. Aux appels de
plusieurs organisations des droits de
l’homme et de l’Organisation des Nations
unies demandant une trêve dans ces
expulsions en raison de la détérioration de la
situation sécuritaire en Haïti, Luis Abinader
a opposé une fin de non-recevoir. Traqués
comme des bêtes par des agents dominicains
de l’immigration, certains sont violentés,
violés puis emmenés de force vers des
centres carcéraux dans des camions de haute
sécurité ou directement à la frontière sans
avoir la permission d’avertir leurs proches.
Répugnant et scandaleux, ce
refoulement d’Haïtiens à la frontière n’est
pourtant que la partie visible de l’iceberg.
Les autorités dominicaines font tout pour jeter
en pâture à la vindicte populaire les migrants
haïtiens, pauvres de surcroît. Croyant détenir le
droit de vie et de mort sur les migrants en
situation irrégulière, les agents douaniers
pratiquent le viol pour briser la résistance des
captifs. Le 5 avril 2023, une fillette de 14 ans,
se trouvant seule dans une maison, a été violée
par un de ces forcenés en pleine nuit lors d’une
opération menée contre des illégaux haïtiens.
Cet acte crapuleux a eu un tel retentissement
qu’Abinader s’est vu obligé d’ordonner
l’arrestation et le jugement du criminel.
En 2013, les autorités dominicaines ont
introduit des amendements constitutionnels
pour annuler le droit de naissance dans le pays
entre 1929 et 2010. Aujourd’hui, des centaines
de milliers d’Haïtiens nés en République
dominicaine restent apatrides sans protection et
sont menacés d’expulsion.
Les harcèlements dans les postes
frontaliers sont légion. Les petits marchands se
font souvent dépouiller de leurs marchandises par
des agents douaniers qui cherchent sans cesse à
leur soutirer de l’argent. D’un poste à un autre,
ces agents font la loi au gré de leur cupidité. Ce
sont des bandits légaux qui s’en prennent aux
plus faibles.
Entre 500.000 et un million d’Haïtiens
vivent en République dominicaine. Une petite
minorité de possédants parmi eux investit dans
les entreprises dominicaines, a ses propres
entreprises et est assise à la même table que les
bourgeois dominicains.
La grande majorité des travailleurs, des
jobbeurs, des femmes de ménage, des chauffeurs
de taxi etc. partagent les conditions de vie
modeste de la majorité des travailleurs
dominicains. Leurs sorts sont intimement liés.
Au-delà des manœuvres des autorités
dominicaines et des nervis d’extrême droite, pour
les diviser, leur libération du joug du système
capitaliste des deux côtés de l’île passera par
l’union de leur combat..
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Haiti, le règne des bandes armées

Message par com_71 » 26 Mars 2025, 19:32

Dans le dernier numéro de "La voix des travailleurs" :
DES DÉPLACÉS DE SOLINO EN
LUTTE : LA VOIE À SUIVRE CONTRE
LA DICTATURE DES GANGS

Alors que les gangs continuent d’assiéger la capitale, pillant, incendiant et massacrant
impunément, une brèche s’élève du cœur même de ce chaos. Les habitants de Solino, chassés de leurs
maisons depuis près de 6 mois, refusent de se résigner et de plier, en choisissant la voie de la
résistance, de la lutte. Face à la terreur instaurée par les bandes armées et à l’inaction complice des
autorités, ils ont relevé la tête et ont gagné les rues à deux reprises en moins d’une semaine, défiant
ouvertement la dictature des gangs et la répression policière pour exiger leur droit légitime à
regagner leur quartier.

Ce 20 février, leur colère s’est exprimée
avec force. Bloquant les axes stratégiques reliant
Lalue à Bourdon et Delmas, ils ont paralysé la
circulation, érigeant des barricades enflammées.
Furieux, les manifestants ont envoyé un message
clair : ils veulent retourner vivre dans leur
quartier et non dans les camps insalubres qu’ils
comparent à des parcs à bestiaux.
La police, fidèle à sa mission de réprimer
les victimes plutôt que les bourreaux, a répondu
par des tirs de gaz lacrymogène. Loin d’intimider
les manifestants, cette brutalité a exacerbé leur
colère. Des jets de pierres ont ciblé les véhicules
des forces de l’ordre, accusées de connivence
avec les gangs, abandonnant la population à son
sort.
Une semaine avant, le 13 février dernier,
ils étaient descendus dans la rue, exigeant que les
policiers et les forces étrangères remplissent leur
prétendue mission de "protection des vies et des
biens". La police haïtienne, corrompue et
gangrenée, laisse les bandits imposer leur loi,
quand elle ne les alimente pas en armes, en
munitions et en informations. Quant aux forces
étrangères, elles ne sont qu’un outil de contrôle de
l’impérialisme, occupées à garantir la stabilité des
intérêts des puissances dominantes et des classes
possédantes locales.
Cet événement, passé presque sous silence,
peut être un signal, un point de départ. Les criminels
tiennent surtout par la peur qu’ils inspirent. Quand
les masses s’unissent et se lèvent, elles peuvent faire
la peur changer de camp.
Les habitants de Solino ont surmonté la peur,
et c’est là une victoire morale. Ils savent désormais
que personne ne viendra les sauver, que seule la
mobilisation de ces milliers de déplacés peut briser
l’étau des gangs.
Ils ont compris ce que les classes dominantes
tentent d’effacer des esprits : que l’oppression ne se
combat pas par la soumission et la peur, mais par
l’organisation et la lutte collective.
Mais pour avoir les résultats escomptés, le
mouvement enclenché doit s’étendre à l’ensemble
des familles de Solino pour se transformer en une
révolte profonde, consciente et déterminée. Plus la
mobilisation grandira en ampleur et en intensité, plus
elle atteindra des déplacés d’autres quartiers,
d’autres communes et la révolte pourrait converger
en un seul cri : le retour dans nos quartiers. La seule
voie à suivre est là et pas dans les négociations
stériles avec des criminels. Pas dans l’attente illusoire
d’un sauveur. Mais dans la révolte organisée des
masses opprimées, seule force capable d’écraser la
barbarie des gangs et de renverser le système qui les
nourrit.

https://www.union-communiste.org/sites/ ... 324-vf.pdf
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