Dans le dernier numéro de "La voix des travailleurs" :
DES DÉPLACÉS DE SOLINO EN
LUTTE : LA VOIE À SUIVRE CONTRE
LA DICTATURE DES GANGS
Alors que les gangs continuent d’assiéger la capitale, pillant, incendiant et massacrant
impunément, une brèche s’élève du cœur même de ce chaos. Les habitants de Solino, chassés de leurs
maisons depuis près de 6 mois, refusent de se résigner et de plier, en choisissant la voie de la
résistance, de la lutte. Face à la terreur instaurée par les bandes armées et à l’inaction complice des
autorités, ils ont relevé la tête et ont gagné les rues à deux reprises en moins d’une semaine, défiant
ouvertement la dictature des gangs et la répression policière pour exiger leur droit légitime à
regagner leur quartier.
Ce 20 février, leur colère s’est exprimée
avec force. Bloquant les axes stratégiques reliant
Lalue à Bourdon et Delmas, ils ont paralysé la
circulation, érigeant des barricades enflammées.
Furieux, les manifestants ont envoyé un message
clair : ils veulent retourner vivre dans leur
quartier et non dans les camps insalubres qu’ils
comparent à des parcs à bestiaux.
La police, fidèle à sa mission de réprimer
les victimes plutôt que les bourreaux, a répondu
par des tirs de gaz lacrymogène. Loin d’intimider
les manifestants, cette brutalité a exacerbé leur
colère. Des jets de pierres ont ciblé les véhicules
des forces de l’ordre, accusées de connivence
avec les gangs, abandonnant la population à son
sort.
Une semaine avant, le 13 février dernier,
ils étaient descendus dans la rue, exigeant que les
policiers et les forces étrangères remplissent leur
prétendue mission de "protection des vies et des
biens". La police haïtienne, corrompue et
gangrenée, laisse les bandits imposer leur loi,
quand elle ne les alimente pas en armes, en
munitions et en informations. Quant aux forces
étrangères, elles ne sont qu’un outil de contrôle de
l’impérialisme, occupées à garantir la stabilité des
intérêts des puissances dominantes et des classes
possédantes locales.
Cet événement, passé presque sous silence,
peut être un signal, un point de départ. Les criminels
tiennent surtout par la peur qu’ils inspirent. Quand
les masses s’unissent et se lèvent, elles peuvent faire
la peur changer de camp.
Les habitants de Solino ont surmonté la peur,
et c’est là une victoire morale. Ils savent désormais
que personne ne viendra les sauver, que seule la
mobilisation de ces milliers de déplacés peut briser
l’étau des gangs.
Ils ont compris ce que les classes dominantes
tentent d’effacer des esprits : que l’oppression ne se
combat pas par la soumission et la peur, mais par
l’organisation et la lutte collective.
Mais pour avoir les résultats escomptés, le
mouvement enclenché doit s’étendre à l’ensemble
des familles de Solino pour se transformer en une
révolte profonde, consciente et déterminée. Plus la
mobilisation grandira en ampleur et en intensité, plus
elle atteindra des déplacés d’autres quartiers,
d’autres communes et la révolte pourrait converger
en un seul cri : le retour dans nos quartiers. La seule
voie à suivre est là et pas dans les négociations
stériles avec des criminels. Pas dans l’attente illusoire
d’un sauveur. Mais dans la révolte organisée des
masses opprimées, seule force capable d’écraser la
barbarie des gangs et de renverser le système qui les
nourrit.
https://www.union-communiste.org/sites/ ... 324-vf.pdf