La situation au Tibet

Dans le monde...

Message par artza » 21 Mars 2008, 11:12

(yannalan @ vendredi 21 mars 2008 à 09:54 a écrit :[B]Le régime poursuivait ses propres buts en tentant d'unifier économiquement et politiquement la Chine. Il tendait aussi à pousser le Tibet hors du Moyen Âge, avec des conséquences souvent positives : les conditions d'existence de la population changeaient. L'espérance de vie moyenne, qui était de 36 ans en 1950, passa à plus de 61 ans en 1990. La mortalité infantile chuta, la population fit plus que doubler en nombre. L'enseignement, en tibétain et en chinois, se répandit à la place du bourrage de crâne dans les écoles religieuses.

moi, ce paragraphe m'a un peu choqué, on dirait un article de Robert Lacoste au moment d e la guerre d'Algérie, quand il exposait le nombre d'hôpitaux, les km de routes construites par la France pour les pauvres algériens sortis des ténèbres religieuses.....

Ce qui est bêbête c'est de comparer cet article à un article de Robert Lacoste, à moins que ça ne se veuille injurieux, qui rappelons fut l'homme de la main de la bourgeoisie durant la guerre d'Algérie :wacko:

De toutes façons reprocher à la France d'avoir construit quelques routes et quelques hôpitaux en Algérie est idiot.
Aucun Algérien n'a jamais reproché ça.

Plus intéressant, peut-on comparer la Chine à la France, historiquement deuxième puissance coloniale, pendant longtemps 3ème grande puissance et 3ème, 4ème ou 5ème puissance impérialiste suivant la façon de voir les choses ou de compter.

A mon sens, la prise du pouvoir par Mao est une sorte de révolution, une révolution ouvrant la voie au capitalisme, et au développement d'une classe ouvrière industrielle moderne et concentrée, ce qui ouvre bien des espoirs et bien sur a virer les sangsues impérialistes de Chine ce qui a permis un relatif développement.

Que les tibétains et quelques autre furent malmenés par cette révolution c'est bien possible.

Qu'ils le furent inutilement et injustement c'est possible aussi, mais est-ce suffisant pour assimiler ça à la politique de la France en Algérie?
artza
 
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Message par yannalan » 21 Mars 2008, 11:41

Je ne veux pas injurier le camarade qui a rédigé l'article, je le crois volontiers sincère, c'est bien là le problème en un sens... La gauche français a toujours eu un côté "civilisateur"...
La Chine a occupé le Tibet pour des raisons nationalistes, liées à sa stratégie militaire de contrôle de l'Himalaya, et c'est aussi pur cette raison qu'elle y envoie des colons en masse, avec le comportement habituels des colons de mépris des indigènes de leurs coutumes et de leurs langues.
ca n'a pas grand chose à voir avec les interventions des bolcheviks an Asie Centrale par exemple.
Je pense que la comparaison est parfaitement valide.La Chine se comporte comme n'importe quelle grande puissance, les vietnamiens ont du la calmer militairement il y a quelques années.
yannalan
 
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Message par finimore » 21 Mars 2008, 15:38

lu sur le site de Michel Collon
http://www.michelcollon.info/articles.php?...=lautrehistoire

Quand le Dalaï Lama était au pouvoir, 95% des Tibétains pouvaient être vendus comme des marchandises
Zang Yanping
http://www.michelcollon.info/articles.php?...=lautrehistoire

La CIA sponsor du Dalaï Lama
Jean-Paul Desimpelaere
http://www.michelcollon.info/articles.php?...=lautrehistoire

Ce que le Dalaï Lama ne dit pas sur le Tibet et sur sa doctrine
Elisabeth Martens
http://www.michelcollon.info/articles.php?...=lautrehistoire

La CIA : "C'est nous qui avons préparé l'insurrection au Tibet"
InforTibet

La préparation de la révolte armée a duré des années, sous la direction des services secrets américains, la CIA. C’est écrit noir sur blanc dans « The CIA's Secret War in Tibet » (La guerre secrète de la CIA au Tibet) de Kenneth Conboy (University Press of Kansas, 2002, 300 pages), un ouvrage à propos duquel le spécialiste de la CIA, William Leary, écrit : « Une étude excellente et impressionnante sur une importante opération secrète de la CIA durant la guerre froide. »

Tibet : pour la liberté, avec la CIA ?

En 1951, les communistes prenaient le pouvoir au Tibet. Au cours des deux siècles qui avaient précédé, pas un seul pays au monde n’avait reconnu le Tibet comme un pays indépendant. Durant ces deux cents ans, la communauté internationale avait considéré le Tibet comme une partie intégrante de la Chine ou, du moins, comme un État vassal. En 1950 déjà, l’Inde disait que le Tibet était une composante de la Chine. L’Angleterre qui, il y a quarante ans, occupait pourtant une position privilégiée au Tibet, suivit la position indienne au pied de la lettre.

Seuls les États-Unis se montrèrent hésitants. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ils considérèrent le Tibet comme appartenant à la Chine et ils freinèrent même l’Angleterre dans ses avances au Tibet. Mais, après la guerre, les États-Unis voulurent faire du Tibet un rempart religieux contre le communisme.

Contrairement à ce qui se passa avec la question coréenne, ils furent complètement isolés. Ils ne purent mettre sur pied la moindre coalition internationale. En 1951, la majorité de l’élite tibétaine elle-même, y compris l’Assemblée générale élargie, accepta l’accord négocié avec la Chine à propos d’une « libération pacifique ».

Mais cela changea lorsque, en 1956, les autorités décidèrent d’appliquer une réforme agraire dans les territoires tibétains de la province de Sichuan. L’élite locale n’accepta pas qu’on touche à ses propriétés et droits. Cela allait mener au soulèvement armé de 1959.

La préparation de la révolte armée avait duré des années, sous la direction des services secrets américains, la CIA. C’est écrit noir sur blanc dans « The CIA's Secret War in Tibet » (La guerre secrète de la CIA au Tibet) de Kenneth Conboy (University Press of Kansas, 2002, 300 pages), un ouvrage à propos duquel le spécialiste de la CIA, William Leary, écrit : « Une étude excellente et impressionnante sur une importante opération secrète de la CIA durant la guerre froide. »

Un autre livre, « Buddha's Warriors – The story of the CIA-backed Tibetan Freedom Fighters » (Les guerriers de Bouddha – L’histoire des combattants tibétains de la liberté soutenus par la CIA), de Mikel Dunham (Penguin, 2004, 434 pages) explique comment la CIA a transféré des centaines de Tibétains aux États-Unis, les a entraînés et armés, a parachuté des armes sur le territoire, a enseigné aux gens comment ils pouvaient se servir d’armes à feu tout en étant à cheval, etc.

La préface de cet ouvrage a été rédigée par « Sa Sainteté le dalaï-lama ». Sans doute ce dernier considère-t-il comme un honneur le fait que la rébellion séparatiste armée ait été dirigée par la CIA. Dans cette préface, il écrit : « Bien que je croie que la lutte des Tibétains ne puisse être remportée que par une approche à long terme et des moyens pacifiques, j’ai toujours admiré ces combattants de la liberté pour leur courage et leur détermination inébranlables. » (page XI)

Réactions tibétaines et internationales lors de la prise de pouvoir par les communistes, en 1951, Infortibet, 14 janvier 2008.
en néerlandais:
http://infortibet.skynetblogs.be/post/5433...eacties-bij-de-

Le « Cirque de l’ombre : la CIA au Tibet », un documentaire revu, Infortibet, 5 février 2008.
Compte-rendu en néerlandais:
http://infortibet.skynetblogs.be/post/5512...bet-een-documen
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Message par artza » 21 Mars 2008, 19:02

(yannalan @ vendredi 21 mars 2008 à 11:41 a écrit :La gauche français a toujours eu un côté "civilisateur"...

La gauche française c'est qui?

Le PS, le PC, les radicaux?

Ce sont des défenseurs des intérêts de la France depuis des décennies, de ses colonies hier et de ses chasses gardées aujourd'hui, de l'Impérialisme toujours.

L'auteur de l'article certes sincère n'a pas grand chose à voir avec tout ça.

Le courant trotskyste dont LO se revendique fut depuis son origine constamment hostile au colonialisme et d'abord à celui de son pays et a toujours proclamé le droit à l'indépendance des peuples colonisés par la France, de même qu'aujourd'hui il dénonce régulièrement toutes les opérations de maintien de l'ordre par l'armée française dans les anciennes colonies.

Pour revenir au Tibet, il donne des exemples et des chiffres.

Chacun peut savoir que le développement de l'enseignement en français, ne parlons pas des langues indigènes ne fut jamais une grande préoccupation des gouvernements français pour ses colonies.

Si Jules Ferry avait ouvert autant d'écoles primaires en français en Kabylie qu'en Bretagne, qu'on peut critiquer du point de vue du droit de chacun à être instruit dans sa langue maternelle, la situation de ce simple fait aurait quand même été bien différente.

Seulement, voilà l'Algérie quoi qu'on disait, par ce simple exemple n'était pas la France. Mais une colonie.
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Message par Milan » 21 Mars 2008, 22:12

(El convidado de piedra @ vendredi 21 mars 2008 à 16:20 a écrit :

Les saintes âmes ingenues qui gobent toute la propagande impérialistes sont priés de s'abstenir.



Et ceux qui gobent la propagande des dirigeants chinois ou des livres autojustificatifs de la CIA ?

"La préparation de la révolte armée avait duré des années, sous la direction des services secrets américains, la CIA", écrit Finimore à propos de la révolte qui éclata en 1956.
Il y a de quoi rigoler ! Peut-être la CIA avait-elle préparé une révolte armée, mais elle passa totalement à côté de la seule qui eut quelque importance, celle des Khampas, qui commença en 1956. Elle avait une base populaire et infligea de lourdes pertes à l'armée chinoise. La CIA parachuta alors deux Tibétains qu'ils avaient formés, mais dont ils se méfiaient. Ils crurent que leurs rapports sur l'importance de la révolte étaient des fadaises, et ils refusèrent d'envoyer de l'aide à la guerilla. Ce qui les intéressait à ce moment là , c'était d'obtenir du Dalai Lama une demande d'aide militaire adressée aux Etats-Unis. Les deux types se rendirent donc à Lhassa, mais ne purent même pas voir le Dalai Lama, car la personne de son entourage qu'ils contactèrent et à qui ils parlèrent du plan des Américains refusa d'arranger un rendez-vous et refusa même de les revoir. Le Dalai Lama et son gouvernement essayaient de gérer comme ils le pouvaient un modus vivendi avec les Chinois, et n'avaient pas du tout envie d'offrir un prétexte en or aux Chinois en établissant des contacts avec les Américains. Malheureusement, les Chinois ont intercepté une liaison radio entre les deux Tibétains dont j'ai parlé et la CIA, et ils ont accusé le gouvernement tibétain d'être de mèche, ce qui a sans doute précipité les événements sanglants de 1959.
C'est seulement au début des années 60, alors que la révolte des Khampa avait été écrasée, et que ne subsistaient plus que quelques noyaux de guerilla, que la CIA commença à lui envoyer pendant quelque temps du matériel au compte-goutte. Elle a parrallèlement installé au Mustang un camp de Tibétains , qui faisaient de temps en temps des incursions au Tibet ; la CIA voulait plutôt les utiliser comme des agents informateurs que comme des combattants. D'autres ont été intégrés à l'armée indienne.
Milan
 
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Message par Milan » 21 Mars 2008, 23:37

(Milan @ vendredi 21 mars 2008 à 21:12 a écrit :
C'est seulement au début des années 60, alors que la révolte des Khampa avait été écrasée, et que ne subsistaient plus que quelques noyaux de guerilla, que la CIA commença à lui envoyer pendant quelque temps du matériel au compte-goutte.

Selon une autre source, la CIA a réussi deux parachutages d'armes et de matériel radio à la fin des années 50 : en juillet 58 et en février 59. Mais cela devait être des petites quantités de toute manière. Elles ont été récupérées par les 2 seuls agents qu'elle avait au Tibet, dont j'ai parlé dans mon message ci-dessus.
Milan
 
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Message par finimore » 22 Mars 2008, 07:04

lu sur http://www.michelcollon.info/articles.php?...:42&log=invites

Violences au Tibet : un avis alternatif
Elisabeth Martens
L'auteur participera à une série de débats en Belgique en avril et mai (voir agenda à la fin)

Les faits

D’après des témoins occidentaux présents sur place, e.a. James Miles, journaliste pour « The Economist » , les violences commises à Lhassa durant cette semaine – date de commémoration de la « Rébellion nationale de mars 59 » - ont été inaugurées par des Tibétains, dont des lamas qui encourageaient des groupes de jeunes à commettre des actes destructeurs.

Les manifestations de violence étaient organisées : les Tibétains portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails molotov. Les morts causés par ce drame sont tous des Chinois. Les dégâts matériels, destruction de commerces, incendie de véhicules, étaient clairement tournés contre les Chinois. Les manifestants tibétains s’en sont également pris à des écoles primaires, des hôpitaux et des hôtels.

De sorte que les Occidentaux présents sur place, pour la plupart des touristes, se demandaient quand la police allait intervenir. Rejointe par l’armée chinoise, elle est intervenue suite à deux jours de violence. Les autorités chinoises craignaient-elles la réaction des pays occidentaux ? … pays qui, en réalité, n’attendaient que cette intervention pour parler de « répression sauvage par l’armée chinoise et de chasse aux manifestants ». Comment lire ces faits ?

Y a-t-il lieu de parler d’un « génocide culturel » au Tibet ?

En Chine vivent six millions de Tibétains répartis sur différentes provinces, principalement le Tibet, le QingHai, le Gansu, le Sichuan et le Yunnan. Ces six millions de personnes sont bien loin de toutes désirer l’indépendance du Tibet. Il leur apparaît clairement, dans leur vie quotidienne, que la Chine leur a apporté beaucoup plus qu’elle ne leur a retiré. En 50 ans, la population tibétaine a triplé grâce aux soins de santé et aux améliorations dans les domaines agricole, économique et autres.

Depuis les années quatre-vingt, la culture et la religion du Tibet s’exercent librement, les enfants sont bilingues, des instituts de tibétologie ont été ouverts à l’intention des jeunes Tibétains, les monastères regorgent de lamas (même des jeunes enfants), et, en rue, les fidèles font allègrement tourner leurs moulins à prière. Il ne s’agit nullement d’un « génocide culturel », tel qu’on le présente chez nous. En réalité, la très grande majorité des six millions de Tibétains se méfie de la communauté tibétaine en exil qui représente pour eux un danger de déstabilisation.

Au sein de la communauté en exil, les avis sont d’ailleurs assez partagés, par exemple, Pangdung Rinpoché du monastère de Sera, actuellement exilé à Munich, dit textuellement que « le Dalaï Lama, en commercialisant le Bouddhisme tibétain, cause plus de dégâts à la culture tibétaine que le gouvernement chinois » . Il est pourtant évident que la Chine exerce un contrôle sur les provinces tibétaines, mais que vise ce contrôle chinois ? Il vise uniquement les « divisionnistes », qu’ils soient Tibétains, Chinois, Occidentaux, lamas, laïcs, vieux, jeunes, hommes ou femmes. Ces personnes, qui par leurs actes ou leurs paroles cherchent à en entraîner d’autres dans une lutte pour l’indépendance, sont sévèrement poursuivies et punies, tels les manifestants de cette semaine.

D’après le gouvernement chinois, cette lutte est poussée par la communauté en exil et soutenue par le discours ethnique que tient le Dalaï Lama. On ne peut nier qu’il existe des différences culturelles entre les Tibétains et les Chinois, on pourrait même parler d’un gouffre. Toutefois, les heurts qui ont lieu régulièrement au Tibet ne relèvent pas d’un conflit ethnique, mais sont l’expression de la tension existant entre la Chine et l’Occident depuis 50 ans.

A qui sert le discours ethnique ?

Mettre en avant un « conflit ethnique » en vue de diviser un pays est un procédé bien connu des gouvernements occidentaux. Rien que durant ces deux dernières décennies, on peut citer comme exemples : les Balkans, l’URSS et le Moyen Orient, sans oublier plusieurs conflits en Afrique. En ce qui concerne la Chine, les Etats-Unis se sont attelés à cette tâche dès le début de la Guerre Froide. Depuis 50 ans, le Tibet est un de leurs plus valeureux chevaux de bataille, dont le Dalaï Lama est le fier destrier.

Dès 1949, le ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis déclarait que « ce qui nous importe n’est pas l’indépendance du Tibet, mais l’attitude à adopter vis-à-vis de la Chine » . Dix ans plus tard, le Dalaï Lama choisit clairement ses alliés et décide l’exil, moyennant gros financement et soutien logistique de la CIA . En 1989, Sa Sainteté perçoit le prix Nobel de la Paix, la même année que le mur de Berlin s’est vu chuté et que la Place TianAnMen s’est vue hantée par une statue de la liberté en papier mâché. En 2007, le Dalaï Lama est décoré du plus prestigieux insigne du Congrès américain et déclare que « Bush est désormais un membre de sa famille ».

Ce dernier événement n’a été que peu relayé par les médias européens : on comprend leur embarras face à cette alliance affichée du Dalaï Lama avec le gouvernement des Etats-Unis, alors que la politique extérieure de ce dernier est de plus en plus interpellée par l’Europe. L’enjeu du conflit Chine-Occident, exprimé à travers les violences de Lhassa, n’est pas un « petit Kosovo », mais il s’agit du tiers de la Chine, un territoire qui vaut cinq fois la France et qui ouvre l’accès au gigantesque marché économique chinois, de quoi faire basculer l’économie mondiale !

Mission de l’Occident bien pensant : imposer la démocratie, coûte que coûte

Les violences qui ont eu lieu à Lhassa cette semaine sont à lire dans la continuité : 1949-59-89. Sans doute, on peut les considérer comme un « feu vert » donné par les Etats-Unis, relayé par le Dalaï Lama et concrétisé par quelques jeunes Tibétains à qui on a dû promettre monts et merveilles occidentales en bout de course. Ils deviendront des héros nationaux, à moins qu’ils ne croupissent dans les prisons chinoises.

Espérons toutefois que ces incidents ne soient pas un « exercice de style », précurseurs d’une série d’autres violences dont il n’est pas difficile de prévoir les échéances : les JO de Pékin cet été 2008, la date anniversaire des 50 ans de la « Rébellion nationale » en mars 2009, et l’expo universelle à Shanghai en 2010. Autant d’événements médiatiques qui vont rassembler la presse internationale et sur lesquels compte l’Occident pour mettre la Chine au pas de sa « démocratie ». Mais peut-on réellement en vouloir à la Chine de mener sa barque indépendamment des exigences de notre marché et loin de notre éthique démocratique ? N’oublie-t-on pas trop facilement que c’est ce marché économique, mis en place par nous-même et enrobé dans nos « Droits universels de l’homme », par lequel meurent de faim et de soif des centaines de milliers de personnes par jour ?


1. http://www.economist.com: « Fire on the roof of the world » (14/3/08), « Lhasa under siege » (16/3/08)
2. Pangdung Rinpoché cité par Gerald Lehner dans « Zwischen Hitler und Himalaya, Die Gedächtnislücken des Heinrich Harrer », Czernin Verlag, 2007
3. dans les archives du « Foreign Relations of United States » : images.library.wisc.edu/FRUS/EFacs
4. voir les mémoires tibétaines des anciens agents de la CIA : Conboy K., Morrison J., « The CIA’s Secret War in Tibet », U.P.Kansas 2002

AGENDA DES CONFERENCES - DEBATS AVEC ELISABETH MARTENS :
Le 8 avril à 20h, Charleroi, rue Zénobe Gramme 21, "La Braise"
Le 12 avril à 15h, Bruxelles, Rue Royale 15, "Cap Evasion"
Les 16 avril à 20h, Zwevegem, Culturele Centrale ABVV, bibliotheek Centrum
Le 17 avril à 20h, Harelbeke, Kunstkring "De Geus", Arendswijk
Le 18 avril à 20h, Kortrijk, VC "Mozaiek", Overbiestraat 15a
Le 25 avril de 12h à 14h et de 16h à 18h, Liège, 19-21 rue Pierreuse, "Barricade"
Le 8 mai à 19h30, Namur, rue bas de la Place 16, librairie "Papyrus"
Le 26 mai à 20h, Namur, Hôtel des Tanneurs, Rue des Tanneries 13
Le 30 mai de 16h à 22h, Bruxelles, Halles de Sachearbeek, rue Royale Sainte Marie 22, "Joli Mai": dédicace-discussion
finimore
 
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Message par finimore » 22 Mars 2008, 07:07

lu sur http://www.michelcollon.info/articles.php?...:57&log=invites

Ces intellectuels de gauche qui croient savoir tout sur la Chine...
Nico Hirtt

A l’entrée de la Sorbonne où j’assistais mercredi à une fort intéressante conférence de Samir Amin, je me suis fait remettre un tract appelant au boycott des Jeux Olympiques de Pékin 2008. La chose ne m’aurait pas surpris outre mesure, dans le contexte actuel des évolutions politiques et idéologiques en France, si je n’avais découvert, parmi la liste des signataires, les noms d’amis, de personnes et d’organisations que j’apprécie pour leur sérieux et leur engagement de gauche. J’ai cru devoir réagir, pour leur dire combien ils se sont, selon moi, laisser abuser en signant cet appel.

Le gouvernement chinois tenterait, nous dit ce texte, de “briser tout ce que la Chine compte d’intellectuels critiques”. Ce n’est pas l’image que m’a laissé mon dernier passage dans ce pays, il y a un an. Le colloque sur le thème “Education et globalisation” auquel j’ai participé à l’université de Pékin m’a donné l’occasion de rencontrer des dizaines d’intellectuels, d’étudiants, de chercheurs et de hauts fonctionnaires du gouvernement, qui jetaient un regard lucide et assurément critique sur les risques de “marchandisation” de l’enseignement supérieur en Chine.

Le gouvernement chinois pratiquerait, dit encore le texte de l’appel, une “urbanisation sauvage dirigée contre les populations” et accélérerait la “destruction de quartiers populaires et de sites historiques”. Les auteurs de ce document doivent n’avoir jamais mis les pieds dans un pays du tiers-monde pour affirmer cela, du fond de leur douillet salon parisien ! La Chine a un revenu par habitant de l’ordre de 3500  par habitant. Elle tente de sortir de ce sous-développement, au prix d’une croissance déjà affolante et difficilement contrôlable, aux effets sociaux et écologiques inquiétants. Mais elle reste un pays extrêmement pauvre. Malgré les efforts du gouvernement pour freiner l’exode rural, la crise du logement est énorme à Pékin. La rénovation de tous les vieux quartiers (hutongs) est financièrement impossible et serait de toute façon insuffisante. Une partie des vieux quartiers a été préservée et est en voie de réhabilitation. Mais une autre partie, importante, est effectivement rasée et remplacée par des logements modernes. L’ “intellectuel critique” occidental peut s’en offusquer, regretter la perte de ces quartiers où il aurait été bon de flâner comme touriste. Mais que propose-t-il aux Pékinois qui attendent un toit ? Et à ceux qui ont un toit (en tôle ondulée) mais pas d’eau courante, ni d’égouts, ni de gaz, ni de rues permettant le passage des bennes à ordures ? Que propose-t-il pour chauffer un hutong construit en torchis et en panneaux de bois de quelques centimètres d’épaisseur, tout en réduisant les émissions de CO2 ? Je n’affirme pas quant à moi que les tours en béton de 15 étages soient forcément la bonne solution à ce problème. Peut-être vaudrait-il mieux en revenir aux pistes des années 60 et 70, qui réglementaient strictement les mouvements de populations. Mais gageons que là encore on entendrait les cris indignés de ceux qui n’envisagent les droits de l’homme qu’à travers la lunette déformante de leur propre condition sociale privilégiée. Ayons la modestie de ne pas juger à la légère de situations dont nous ne mesurons ni la complexité ni les enjeux.

Le texte évoque bien évidemment la “colonisation” du Tibet, allant jusqu’à prétendre qu’elle “prend une tournure de génocide”. C’est un peu comme si la France était accusée d’avoir colonisé la Savoie, la Vendée, la Bretagne et l’Alsace. Rappelons d’abord que le Tibet a très longtemps fait partie de l’Empire du Milieu, jusqu’en 1911. Cette année-là, quand la Chine s'est libérée de la domination féodale Mandchoue, la caste dirigeante autocratique des moines et des seigneurs féodaux tibétains a unilatéralement proclamé l'indépendance du Tibet. Ceci fut réalisé avec l'aide et à l'instigation des Britanniques qui avaient déjà par trois fois tenté d'envahir la région à partir de l'Inde et qui voyaient (à juste titre) dans la révolution démocratique bourgeoise de 1911 une menace contre leurs intérêts économiques en Chine. Ces territoires sont ainsi restés à l'état féodal jusqu'à leur libération par les troupes communistes en 1951. Rappelons encore que durant la deuxième guerre mondiale, les autorités locales tibétaines, bien qu'officiellement neutres, ont objectivement soutenu l'axe Berlin-Tokyo en empêchant l'approvisionnement des armées chinoises par la route, à partir de l'Inde. Rappelons enfin que le Tibet d'avant 1951 n'avait rien du paradis que se plaisent à nous dépeindre certains adeptes des sectes bouddhistes. C'était un pays féodal, pratiquant le servage et même l'esclavage à grande échelle. Une minorité de propriétaires de serfs — nobles, autorités locales et chefs de monastères — possédait toute la terre et les forêts ainsi que la majeure partie du bétail. Quelques 200 à 300 familles dominaient le Tibet. Au sommet, le Dalaï Lama, grand propriétaire, chef religieux et chef politique auto-proclamé. Sans doute y a-t-il aujourd’hui une partie de la population tibétaine qui souhaite davantage d’autonomie, voire l’indépendance. Sans doute font-ils l’objet de mesures de répression de la part du gouvernement chinois. Mais il n’y a assurément aucun “génocide” ni rien qui y ressemble. Galvauder ainsi ce terme me semble indigne d’un intellectuel. Je me suis toujours interdit de parler de “génocide du peuple palestinien”, ou de “génocide du peuple irakien”. En revanche, il y a bien eu génocide du peuple Apache, voici à peine plus de cent ans, pas très loin de Los Angeles, ce qui n’a empêché personne d’y participer aux Jeux Olympiques...

J’ose à peine m’attarder sur le passage du texte où l’on affirme que “la Chine a des visées de conquête sur Taïwan” et où l’on évoque son “offensive diplomatico-guerrière à l’encontre du Japon”. Taïwan est un territoire chinois contrôlé par un régime fantoche qui n’est reconnu par quasiment aucun Etat ou gouvernement et qui ne doit son existence qu’a des décennies d’appui militaire, économique et politique de la part des Etats Unis. La revendication chinoise sur ce territoire est parfaitement légitime et on ne peut que louer la retenue extrême dont a fait preuve le gouvernement chinois dans cette question durant les soixante dernières années. Quant au Japon, faut-il encore rappeler que ce pays ne s’est jamais acquitté de sa dette envers la Chine ? Six millions de civils chinois ont été massacrés durant la Deuxième Guerre Mondiale et quatre millions de soldats nationalistes ou de miliciens communistes chinois sont morts pour libérer leur pays de l’occupation fasciste japonaise. Pour ces faits, le gouvernement japonais n’a jamais versé le moindre dédommagement, n’a jamais présenté la moindre excuse sérieuse. Le regain de tension entre les deux pays est précisément lié, comme vous le savez, au révisionnisme flagrant des livres d’histoire utilisés au Japon. Que dirions nous si le gouvernement allemand décidait de rayer l’holocauste des manuels d’histoire ?

Enfin, pour faire bonne mesure, on nous dit que la Chine encouragerait le “dopage” à grande échelle chez ses sportifs. J’ignore si cela est vrai. Mais je n’ai pas le souvenir d’avoir vu dernièrement une pétition contre le Tour de France...

Le plus important n’est évidemment pas là. Le texte de l’Appel au Boycott des Jeux Olympiques de Pékin n’est pas seulement un document truffé de contre-vérités flagrantes. Il participe surtout d’une stratégie idéologique visant à présenter la République Populaire de Chine comme le plus grand ennemi de l’humanité, un “régime totalitaire et esclavagiste”, qui “développe une géopolitique d’agressions” et s’engage dans “une course aux armements (contre) le reste du monde” ! Comment ne pas voir par qui ces mots-là ont été écrits et qui ils devraient légitimement désigner ? La dictature économique du grand capital, qui ravage la planète, qui brise les chances de développement des pays les plus pauvres, qui plonge des millions d’enfants dans la malnutrition, l’analphabétisme, la maladie, la prostitution.
Quoi que l’on pense des institutions chinoises, l’honnêteté intellectuelle nous force à reconnaître que chacun des citoyens de ce pays, fut-il tibétain, a bien davantage de pouvoir démocratique pour peser sur son gouvernement que n’en ont les populations du monde pour peser sur les multinationales industrielles ou financières occidentales. Quoi que l’on pense des tours et détours de la politique du Parti Communiste chinois, force est de reconnaître qu’il a su faire passer un milliard d’hommes de la misère totale et de l’analphabétisme à l’accès généralisé aux soins de santé, à une alimentation stable et à un niveau d’enseignement sans comparaison avec celui d’autres pays du tiers-monde (excepté Cuba sans doute). Et il l’a fait sans se soumettre aux ordres des puissances occidentales et de leurs institutions. Voilà sans doute ce que les ennemis de la Chine ne peuvent lui pardonner.

Excusez moi de vous le dire avec tant de franchise, mais le texte que vous avez accepté de signer aurait dû vous chatouiller le nez. Il sent la sueur et l’alcool des casernes de l’Oncle Sam. Celui-ci a bien compris que seule la Chine a désormais la capacité militaire, économique et politique de prendre la tête des forces qui veulent encore s’opposer à son hégémonie. Voilà pourquoi le gendarme du véritable “régime totalitaire et esclavagiste” qu’est le capitalisme mondial, “développe une géopolitique d’agressions” et s’est engagé depuis longtemps dans “une course aux armements (contre) le reste du monde” !

J'avouerai encore que je n’aime guère le tournant que prend la Chine sur le plan social et économique; que j’exècre la peine de mort; que j’ai en horreur le sport-spectacle, cette machine à sous et à propagande. Mais dans la guerre que les assoiffés de profit mènent contre les peuples assoiffés d’eau, de nourriture, d’air pur, de culture et de paix, je pense que nous ne pouvons pas hésiter à choisir notre camp. Et au moment où, par la grâce de Sarkozy et de Kouchner, la politique extérieure de la France devient la risée du monde, j’attendais, je vous l’avoue, plus de discernement et d’esprit critique dans le chef des intellectuels français progressistes qui me tiennent à coeur.


Nico Hirtt
Membre fondateur de l’Appel pour une école démocratique (Belgique)
finimore
 
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Message par Jacquemart » 22 Mars 2008, 08:01

a écrit :Quoi que l’on pense des institutions chinoises, l’honnêteté intellectuelle nous force à reconnaître que chacun des citoyens de ce pays, fut-il tibétain, a bien davantage de pouvoir démocratique pour peser sur son gouvernement que n’en ont les populations du monde pour peser sur les multinationales industrielles ou financières occidentales.

Ben voyons. :altharion:
Combattons un mensonge en propageant un autre mensonge - qui n'abusera pas grand monde ?
Et ce d'autant plus que si le gouvernement chinois était un adversaire des multinationales en question, je crois que depuis le temps, on s'en serait aperçu.
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Jacquemart
 
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