CITATION
Bolivie : la lutte continue.
elfo, 13.10.2003 23:00
Après le masacre de ce WE, la mobilisation et les affrontements continuent. C'est
maintenant autour de la capitale La Paz, de devenir de théâtre d'une guerre civile qui ne
dit pas son nom.
La Paz, octobre 13,.2003 (Hrs. 17 :00). (23 h à Paris) Des habitants de La Paz et de el Alto
combattent à l'aide de pierres et de morceaux de bois dans plusieurs zones de la ville siège du
gouvernement. Les balles et la mitraille ne peuvent rien face à la marée humaine qui demande la tête
du millionnaire président de la Bolivie, Gonzalo Sánchez de Lozada, qui se refuse à démissionner.
Dans la zone nord il y a des informations de saquages des sièges des partis néo-libéraux qui sont
dans la coalition de gouvernement, partis qui calculent encore qui vaincra dans la bataille de
l'Altiplano, dans cettre bataille entre les pauvres et le gouvernement néo-libéral qui ne peut plus
compter que sur le soutien des dirigeants de l'armée et de la police et de l'Ambassade des
Etats-Unis. Le vice-président de la République, Carlos Mesa, a déjà fait le calcul dès midi et a
décidé d'abandonner le Président. De même que l'ex ministre de Développement Économique,
Jorge Torres. D'autres, comme l'ex président Jaime Paz du Mouvement de Gauche Révolutionnaire
(MIR) et l'ex capitaine Manfred Rois Villa de la Nouvelle Force Républicaine (NFR), doutent
encore, bien qu'ils sentent la pression chaque fois plus forte de leurs militants et parlementaires,
troublés par l'indignation populaire. Ces chefs politiques craignent, d'une part, de perdre la bourse et
les affaires lucratives qui ont transformées la Bolivie en un des pays les plus corrompus du Sud de
l'Amérique. Mais ils craignent aussi d'être dévorés par la multitude assoiffée de justice, affamée de
pain et de dignité. Pendant ce temps, dans la rue se déroulent de violents affrontements dans la zone
centrale, dans les traditionnelles places de San Francisco, dans la Pérez Velasco et la Garita de
Lima, où se respire la rebellion des hommes et des femmes habitués à la souffrance et la douleur.
Non en vain, en Bolivie, un tiers de la population a faim et un autre tiers possède à peine
suffisamment pour manger mal. À quelques patés de maisons de la Place Murillo, une multitude
ululante se heurte directement avec les militaires qui gardent le Palais du Gouvernement. Il y a des
échanges de pierres et de gaz. La tension est totale dans la zone. Certains veulent se battre
immédiatement, d'autres appellent à attendre les milliers de personnes qui continuent de descendre à
la La Paz, parce que le rapport de forces a radicalement changé depuis la veille.
DE LA RÉSISTANCE A l'OFFENSIVE
"Que Dieu nous aide, il faut résister, frères et soeurs ", avait dit Roberto de la Cruz, dirigeant de la
Centrale Ouvrière Régionale de el Alto, quand ils étaient massacrés dans el Alto, pendant 48 heures
continues où blindés de guerre, hélicoptères équipés de canons et militaires aux visages peints
essayaient de faire plier le peuple rebelle des hauteurs par le sang et mitraille. Et le peuple a résisté,
samedi et dimanche. Maintenant, à quatre heures de l'après-midi de lundi, ce peuple est à l'offensive.
La multitude avance, combat, souffre et saigne. Il sait que son ennemi, Sánchez de Lozada, est
acculé, mais qu'il peut encore causer beaucoup de mort et beaucoup de tragédie. Dans l'Hôpital
général de La Paz, dans la zone de Miraflores, arrivent déjà les premiers blessés et les morts. "Il y a
trois morts et un nombre indéterminés de blessés ", annonce la Chaîne A de Télévision. Dans le sud,
aux limites de la ville, des communautés paysannes se battent à coup de pierres et de frondes,
essayent d'avancer, paté de maisons par paté de maison, malgré les pertes importantes causées par
la résistance des militaires qui ont été transportés dans deux caimanes jusqu'à la 50ème rue à
Chasquipampa. Ils veulent aller au centre de la ville, comme les habitants de el Alto, où une
multitude marche vers la La Paz, en suivant plusieurs cortèges qui sont parti quelques heures
auparavant. Cette multitude, toutefois, avance très lentement parce qu'ils frappent à chaque porte
qu'ils croisent. "Tous nous devons aller à la La Paz, tous ou personne", disent les habitants,
analphabètes pour beaucoup d'entre eux mais qui écrivent maintenant la nouvelle histoire de la
Bolivie.
"NOUS ALLONS VAINCRE "
Une histoire écrite par le peuple rebelle, qu'on a essayé de noyer dans le sang et la mitraille et qui
cherche maintenant à surmonter, avec le poids de la foule, la répression ordonnée par Sánchez de
Lozada. "Ils en ont déjà tué 100, ils peuvent en tuer mille, mais ils ne pourront pas tuer les 8 millions
de Boliviens. Nous allons vaincre", dit Jaime Solares, le mineur de la Centrale Ouvrière bolivienne
(COB), qui reçoit de plus en plus de soutien depuis l'intérieur de la République. La COB a entrepris
de bloquer toutes les routes du pays et toutes les rues des villes. C'est le blocus des mille carrefours.
A Cochabamba, les habitants et les cocaleros font leur part. A Oruro ils manifestent et font exploser
les batons de dynamite. A Sucre avancent les paysans. Les communiqués d'organisations sociales et
populaires pleuvent, tous parlent le même langage : blocus total, grève générale, mobilisation et
démission de Goni. La lutte, dit Solares, est de longue haleine. "Il faut tous se mobiliser, il faut tous
nous organiser. Ils ne peuvent plus nous arrêter ", assure-t-il. Dehors, dans la rue, ils suivent les
consignes : "Courage, courage, courage camarades, la lutte est dure, mais nous vaincrons ".
Traduit rapidement d'une dépèche de Econoticias, agence de presse indépendante
( http://www.econoticiasbolivia.com/)
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Dans la Bolivie d'aujourd'hui, tous les secteurs (sauf le patronat et la direction des forces armées et
de la police) demandent la demission du chef du gouvernement. Mais du coté de Washington, il n'en
est pas question. Dans une délaration rapportée par le Miaimi Herald, le gouvernement US a
exprimé son soutien "au président démocratiquement élu" de Bolivie, Gonzalo Sánchez de Lozada.
"La communauté internationale et les Etats-Unis ne tolèreront aucune interruption de l'ordre
constitutionnel et ne reconnaitront aucun régime qui soient le résultat de procédés
antidémocratiques".
Plus de 42 morts en une semaine, des centaines de blessés par balles…. Et ce n'est pas fini ! Tout
cela parce que ce gouvernement a décidé de vendre à très bas prix le gaz naturel (une des rares
richesses du pays) à des entreprises yankees au lieu de chercher à développer un secteur
énergétique permettant de satisfaire aux besoins élémentaires de la population. Mais "el gringo" Goni
s'en moque éperdument. Richissime propriétaire de mines et d'entreprises, aux ordres du FMI et
des USA, ses intérêts se confondent étroitement avec ceux du capitalisme nord-américain. Et ces
intérêts se défendent une fouis de plus au prix du sang et des larmes. Déjà pendant les journées du
12 et 13 février dernier, ce même gouvernement n'avait pas hésité à assassiner 34 personnes ( +
200 blessés) au cours de la violente répresion qui avait suivi les manifestations contre l'augmentation
des impôts pour les fonctionnaires.
Face à la tragédie bolivienne, il faut mobiliser. Se mobiliser. Mobiliser les organisations de défenses
des droits humains afin d'exiger des gouvernements français et européens qu'ils rompent leurs
relations diplomatiques avec ce régime sanguinaire "démocratiquement élu". Se mobiliser car il s'agit
d'une lutte concrète, comme celle des indiens du Chiapas, celle des Mapuches du Chili, celle des
chômeurs argentins et des sans terre ou sans toit du Brésil.
publié par le sur indymedia paris
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