Lointains échos des dictatures africaines

Dans le monde...

Message par Antigone » 17 Mars 2010, 13:23

a écrit :RFI - 16 mars 2010

Mauritanie: Les syndicats promettent une amplification de la grève

En Mauritanie, les quatre principales centrales syndicales et quatre syndicats professionnels ont appelé à une grève générale de la fonction publique de trois jours, à compter du lundi 15 mars 2010.

Le motif de cette grève, ce sont deux décrets du Conseil des ministres fixant les indemnités de transport et de logements des fonctionnaires. Les syndicats s’élèvent non seulement contre le montant de ces indemnités, jugées trop bas pour permettre aux agents de se reloger décemment, mais aussi contre les décrets eux-mêmes qu’ils considèrent illégaux.

Dans un communiqué, ils dénoncent le fait qu’ils aient été adoptés sans la moindre consultation préalable des partenaires sociaux, en violation de la loi sur le statut de la fonction publique. En lançant cette grève générale de trois jours à l’échelle nationale, les syndicats espèrent pousser le gouvernement à négocier, non sur le principe des indemnités, mais sur leur montant.

La première journée a été très suivie d’après les syndicats, qui annoncent 80% de grévistes dans l’enseignement et la santé. Pour le gouvernement, la mobilisation a été marginale.
Au-delà de la guerre des chiffres, la perception de la grève diffère radicalement selon les acteurs.

Pour les syndicats, le moment est historique. C’est, selon eux, la première fois que les centrales les plus représentatives s’allient pour un mouvement d’une telle ampleur. Selon le secrétaire exécutif de l’Union des travailleurs « les travailleurs sont déterminés à aller jusqu’au bout mais nous tendons la main au dialogue. Seul peut nous faire sortir de cette situation. Le dialogue ne peut pas se refuser, nous ne sommes pas comme les partis politiques. Cette opération n’est pas politisée, elle émane de la base des travailleurs. Si demain le pouvoir tend la main et permet des négociations, nous allons immédiatement vers la suspension de la grève….»

En revanche, pour le ministre de la Santé, cheikh Ould Horma Ould Babana, ce mouvement est marginal parce qu’il mobilise peu mais aussi parce que ses motifs ne sont pas réellement sociaux : «  Nous ne contestons pas la légitimité d’un mouvement de grève mais ce mouvement a une particularité, il n’a pas d’objet. Les syndicats avancent le fait que l’Etat leur a accordé une gratification et ils trouvent que celle-ci n’est pas à la hauteur de ce qu’ils attendaient. Quand on accorde une gratification à quelqu’un, la moindre des choses c’est de dire merci… il y a d’autres moyens de demander plus que déclencher un mouvement de grève. Nous pensons que les motifs réels sont des motifs politiques et non pas sociaux. Je pense que demain tout le monde reprendra le travail à l’exception de quelques personnes vraiment instrumentalisées  ».

C’est le premier grand test social du président Mohamed Ould Abdel Aziz depuis son élection en juillet dernier. Le président ne semble pas prêt à fléchir. Lors d’un meeting samedi dernier, il a défendu lui-même ses décrets, qui participent, selon lui, à la lutte contre la corruption, un des thèmes « phares » de son mandat.
Pour Ould Abdel Aziz la généralisation des indemnités garantie l’équité de traitement pour l’ensemble des 35 000 agents d’État et met fin au profit démesuré d’une minorité favorisée par le clientélisme.
Latifa Mouaoued

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L'Observateur (Nouakchott) - 15 mar 2010

Grève générale - Débrayage test pour Abdel Aziz

La plupart des 35000 travailleurs du public, notamment ceux affiliés à 4 centrales syndicales de la République islamique de Mauritanie, sont en grève depuis hier et ce, jusqu'au 17 mars prochain. Un débrayage pour protester contre le « refus obstiné » du gouvernement d'examiner leurs revendications, en particulier une hausse des salaires.

Les choses achoppent sur le montant des augmentations. Dit autrement, le gouvernement est prêt à cracher au bassinet syndical, mais les hausses qu'il propose ne rencontrent pas l'assentiment des grévistes. Abdel Ould Mohamed, l'un des patrons d'une centrale syndicale, ne comprend pas pourquoi les autorités sont si autistes à leur cri du coeur. Les travailleurs oublient qu'ils ont affaire à un militaire, qui a troqué le treillis contre le boubou ou le costume et qui s'est fait adouber en juillet 2009 (52%) après son putsch d'août 2008. Le général Mohamed Abdel Aziz a, certes, joué la carte de la démocratie en menant la transition à bon port, même si, au final, il en a été le principal bénéficiaire. De toute façon, c'est à un homme au caractère trempé, qui n'est pas sans rappeler son cousin, un autre militaire putschiste, Ely Oul Vall, que les travailleurs ont affaire. Et l'héritage militaire affleure toujours sous cet homme affable qu'est le chef de l'Etat.

On l'a vu, le nouveau président a rompu pratiquement les relations diplomatiques avec le Mali après la libération des éléments d'AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique) contre celle de certains otages européens. Ce n'est que cette semaine, après un séjour à Bamako du chef de la diplomatie mauritanienne, Moctar Ouane, qu'un semblant de dégel est en train de se redessiner entre les deux pays. On sait que le grand désert commun au Mali, au Sénégal et à la Mauritanie est un no man's land propice aux émirs des anciens membres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Et sporadiquement, les autorités mauritaniennes sont confrontées à des actes de la nébuleuse AQMI. Et
baraka ou résignation, l'arène politique reste calme, faute de combattants ?

Ce qui n'est pas le cas sur le Front social, qui vient, par cette grève de 72h, de connaître une montée du mercure. C'est véritablement la première grande épreuve du nouveau pouvoir, qui semblait avoir bénéficié d'un moratoire de ce côté. A écouter le président Mohamed Abdel Aziz, la fermeté sera de rigueur, mais le nouvel élu sait aussi que c'est à l'aune de la résolution de telles crises qu'un pouvoir prouve sa compétence ou son incapacité. Pour peu que les gouvernants se montrent attentifs à la plate-forme des travailleurs mauritaniens, la bombe sociale sera désamorcée.

Mois de mars chaud donc pour le président Abdel Aziz. Usera-t-il du bâton pour mettre au pas les grévistes ? Ou cédera-t-il au contraire à leurs exigences au risque, il faut l'avouer, que ces mouvements fassent florès ? Pourra-t-il s'en sortir sans y laisser des plumes, car une grève de ce genre laisse toujours des séquelles, qu'elle soit courte ou longue ? Assurément, ce bras de fer a valeur de test pour le président Mohamed Abdel Aziz.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Antigone
 
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Message par Antigone » 18 Mars 2010, 14:19

Un peu partout en Afrique, on voit se développer des mouvements de fonctionnaires des secteurs de l'éducation et de la santé pour la révalorisation de leurs salaires. C'est le signe de l'émergence dans les villes d'une classe moyenne qui cherche à faire reconnaitre l'importance de son apport dans l'économie et réclamer sa part de gâteau.

La grève des fonctionnaires en cours en Mauritanie est une première. Au Mali voisin, une grève de 3 jours a été déclenchée sur les mêmes bases. Sans revenir sur le cas de l'Algérie, on pourrait citer encore le Burundi où les enseignants sont en grève pour le paiement de leurs deux dernières années de salaires, le Benin où une marche sur le ministère des finances est prévue pour lundi prochaine, etc.

Les dictatures africaines dont le pouvoir reposait depuis leur accession à indépendance néo-coloniale sur les élites affairistes, les propriétaires fonciers, les forces de répression, l'autorité des chefs de villages et le poids de la tradition commencent à se retrouver face à une frange de la population de plus en plus éduquée, diplomée qui s'organise dans le cadre d'associations et n'hésitent plus à manifester son mécontentement, engager des mouvements pour satisfaire ses revendications.

Parallèlement, dans les hautes institutions régionales, les élites intellectuelles ont pris conscience que l'Afrique changeait et qu'il devenait nécessaire de faire évoluer les gouvernances pour mieux être en capacité d'intégrer les "mutations émergentes", satisfaire les Besoins de ces nouvelles classes moyennes. A l'UEMOA par exemple, on s'active pour rendre au plus vite fonctionnels des espaces économiques de libre échange et de libre circulation qui s'inspireraient de l'espace Schengen avec une monnaie et un visa uniques. Un gâteau plus gros pour pouvoir distribuer de plus grosses parts.

De la théorie bureaucratique bien entendu, qui ne changera rien du tout pour l'immense majorité de la population africaine condamnée à vivre d'expédients pour subsister tant qu'elle restera prisonnière du nationalisme et des conflits tribaux entretenus par leurs dirigeants.

a écrit :Sika info - 18 mar 2010

Benin: Lundi prochain à Cotonou, gigantesque marche de toutes les centrales syndicales sur le Mef

La crise sociale qui dure depuis des mois au Bénin est loin de connaître son épilogue.
Ainsi, lundi prochain, une gigantesque marche sera effectuée par toutes les centrales syndicales sur le Ministère de l’économie et des finances. De sources concordantes, ce déferlement annoncé de tous les travailleurs dans les rues en début de semaine prochaine est lié aux différents engagements pris par le chef de l’Etat en ce qui concerne leur plate-forme revendicative.

Les centrales syndicales ont donc choisi la rue pour manifester leur mécontentement. Dieudonné Lokossou, le secrétaire général de la Csa-Bénin, dans un récent entretien a d’ailleurs déclaré que les négociations gouvernement-syndicats sont au point mort et que c’est après moult protestations que le chef de l’Etat a installé les membres d’un comité paritaire pour conduire lesdites négociations. Mais en attendant la rencontre syndicats-gouvernement prévue pour la fin de ce mois où il sera une fois encore question du point quant aux désaccords fait par des différentes commissions mises en place par les deux parties, les syndicalistes veulent certainement anticiper sur un probable fin de non recevoir du chef de l’Etat.

L’autre raison qui explique l’inquiétude des syndicalistes est la présence au Bénin d’un groupe d’experts du Fmi pour une mission d’évaluation de nos finances publiques. Et les syndicalistes n’entendent pas que le gouvernement prétexte de cette mission pour ne pas tenir ses engagements. Car pour eux, les experts du Fmi et de la Banque mondiale ne sont rien d’autres que des provocateurs sociaux. C’est dire que les acteurs sociaux n’ont pas choisi au hasard la date du lundi prochain pour leur démonstration de force.

Aplanir les divergences
Mais la grande question qui demeure ce que les travailleurs peuvent encore obtenir du gouvernement au delà de cette marche. Quand on se rappelle que depuis 2006, le gouvernement s’est évertué à satisfaire au mieux les revendications des travailleurs, il est à craindre que les travailleurs n’obtiennent pas gain de cause.
D’ailleurs, la dernière exaspération du chef de l’Etat lors de sa rencontre avec les syndicalistes enseignants prouve bien que le gouvernement ne peut pas faire plus qu’il en a fait jusqu’ici.

Tout compte fait, la marche de lundi prochain sera un signe fort des travailleurs à l’endroit du gouvernement afin qu’il ne banalise point leurs revendications. Alors, un dialogue franc et sincère entre gouvernement et centrales syndicales afin d’aplanir les divergences sur ce qui est possible d’accorder à l’heure actuelle aux travailleurs est plus que jamais d’actualité. La crise sociale qui n’a fait que durer en a cruellement besoin.

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Pana - 17 mar 2010

Mali: Début d'une grève des syndicats des enseignants

BAMAKO - La grève de 72 heures déclenchée mardi par trois syndicats des enseignements primaire et secondaire du Mali a été observée par plusieurs écoles publiques et certaines écoles privées dans la capitale malienne, a constaté la PANA sur place.
Les syndicats dénoncent une lenteur dans l'exécution des points du protocole d'accord qu'ils ont signé le 14 juillet 2009 avec les autorités maliennes.

Dans ce protocole d'accord, les syndicats exigeaient une ouverture immédiate des négociations sur les taux de l'indemnité de logement, l'intégration des enseignants contractuels à la Fonction publique de l'Etat et la relecture du décret fixant la composition, l'organisation et les modalités de fonctionnement du Conseil supérieur de l'éducation.

Les enseignants réclament également un respect de la liberté syndicale dans le secteur de l'enseignement privé malien, la relecture du décret portant statut particulier du personnel enseignant de l'enseignement fondamental et de l'éducation préscolaire et spéciale ainsi que l'application immédiate des cadres organiques des directions des académies d'enseignements et des centres d'animation pédagogique, nouvelle appellation des Inspections d'enseignement fondamental (IEF).

Contacté par la PANA, le collectif des syndicats déclare se réserver le droit de reconduire cette grève et d'entreprendre toutes les actions appropriées jusqu'à l'aboutissement de ses revendications sans aucune forme de préavis.

Le préavis de la grève a été signé par les secrétaires généraux de la Fédération de l'éducation nationale (FEN), de la Coordination des syndicats de l'enseignement secondaire (COSES) et la Fédération de l'éducation nationale, des arts, de la recherche, des sports et de la culture (FENAREC) qui regroupe les niveaux d'enseignement primaire et secondaire public, l'enseignement catholique et l'enseignement privé communautaire.

Ce mouvement de grève intervient alors que les étudiants de la Faculté des sciences et des techniques (FAST) de l'université de Bamako observent depuis lundi une grève de 48 heures pour s'opposer à l'application du système Licence, Master, Doctorat (LMD), estimant que toutes les conditions requises ne sont pas réunies.

De leur côté, les enseignants de l'Enseignement supérieur regroupés au sein du Syndicat de l'Enseignement supérieur (SYNES UP), en arrêt de travail depuis lundi également, menacent d'exécuter une grève illimitée, les négociations avec le gouvernement ayant buté sur un désaccord total sur les points de revendication.

Ces points de revendication concernent l'alignement des salaires des enseignants de l'Enseignement supérieur et des chercheurs de l'éducation sur ceux de leurs homologues de la sous-région, la mise en place d'une nouvelle hiérarchisation du personnel de l'Enseignement supérieur et l'augmentation du taux des heures supplémentaires appliqué au personnel de l'Enseignement supérieur.
Antigone
 
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Message par Antigone » 23 Juin 2010, 10:56

a écrit :Lomécité - 22 jun 2010
http://www.lomecite.com/article/Societe/2210/

La grève des conducteurs de taxi moto s'est terminée par trois morts et des barricades

Lomé et ses banlieues ont connu une journée mouvementée ce mardi suite au mouvement de contestation de la hausse des preix des produits pétroliers par le gouvernement togolais.

Aucun taxi n'a fonctionné ce jour à Lomé. Le premier jour de grève des transporteurs a tourné à l’émeute ce matin. Les chauffeurs et les taxi-motos Zémidjans ont monté des barrages sur les routes, bloquant ainsi la circulation dans plusieurs quartiers de Lomé. Les rues de la capitale gardent toujours les séquelles des barricades et les pneus enflamés dans la mi-journée. On note une forte perturbation des principales artères de la capitale.

Il y a eu des barrages un peu partout. A Adidogomé, non loin du camp du régiment interarmées (RIA), au rond point des Frères Franciscains et au niveau de la Pharmacie de la Cité et du siège de Café Informatique.
A Agoè, la tension est vive et malehureusement, on dénombrerait selon les inforamtions trois morts dont deux manifestants et un corps habilé qui serait pris à parti par la foule.
On note également de violentes émeutes, ainsi qu’à Nyekonakpoè, Hanoukopé, et dans la bourgade populeuse de Bè où les manifestations furent particulièrement violentes.

Un témoin digne de foi a raconté que la répression des forces de l’ordre a fait un mort à Agoè. Selon ce témoin, les forces de l’ordre ont tiré sur la foule. La police n’infirme pas cette information.
Les forces de l’ordre avaient fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants revenant remontés du Palais de Justice. Elles ont poursuivi les manifestants jusqu’au Grand Marché.

Selon un témoin, le portier d’un restaurant situé dans la zone du Palm Beach a été poursuivi jusque dans le restaurant et roué de coups. N’eût été l’intervention des employés du Bureau du Haut commissariat des nations unies aux droits de l’homme (HCDH), difficile de savoir dans quel était serait laissé le malheureux portier.

Compte tenu de l’organisation des manifestations sur plusieurs endroits de la ville de Lomé et de sa banlieue, les forces de l’ordre étaient débordées. On note qu’à Agoè, les gaz lacrymogènes étaient finis et les argousins de Yark Damhane aurait fait usage d’armes à feu.
En rappel, ce matin, des éléments des forces de sécurité étaient également déployés dans la zone du Palais de justice de Lomé pour contenir les manifestants venus soutenir le parti OBUTS dans le cadre du procès en dissolution intenté par deux ex-membres du parti.

Les transporteurs protestent contre l’augmentation du prix de l’essence décidée par le gouvernement samedi dernier. Le prix de l’essence a grimpé de 14,85%, passant de 505à 580F.
C’est la première fois depuis 1993 qu’une grève des transporteurs prend cette ampleur au Togo.

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AfriScoop - 23 jun 2010
http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?article1816

Soulèvement populaire à Lomé: un mort et plusieurs blessés

LOME (Togo) — La répression d’une grève des transporteurs contre la hausse des prix des produits pétroliers a mal tourné à Lomé mardi, a constaté un journaliste d’AfriScoop. Bilan provisoire : un mort et plusieurs blessés.

Ambiance électrique mardi dans la capitale togolaise. Les conducteurs de taxi et de taxi moto ont organisé un mouvement d’humeur contre la hausse des produits pétroliers décidée vendredi par le gouvernement.

Dès les premières heures de la journée, des barricades de fortune (pneus enflammés, tables, poubelles...) sont érigées sur toutes les artères de la capitale. La nationale N°1 qui relie Lomé à l’intérieur du pays et au Sahel a été bloquée. Celle menant vers l’Est à la frontière du Bénin a été aussi fortement perturbée.

« Nous n’en pouvons plus de cette situation. Alors que nous tirons le diable par la queue, le pouvoir se permet d’augmenter le prix de l’essence », affirme à AfriSCOOP, un jeune conducteur de taxi moto communément appelé Zémidjan.

Vendredi, le gouvernement a revu à la hausse le prix des pétroliers dans le pays. Désormais, il faut débourser 580 FCFA contre 505 FCFA précédemment pour s’approvisionner en litre du super sans plomb. Le gasoil coûte 575 FCFA contre 500 FCFA auparavant. Le pétrole lampant, 475 FCFA contre 390 FCFA. Seul le gaz butane conserve son prix fixé à 3500 la bouteille de 12,5 kg. D’où le mécontentement général dans ce petit pays de l’Afrique de l’ouest majoritairement pauvre (plus de 60% de la population).

De violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont alors eu lieu à coups de grenades lacrymogènes et de jets de projectiles. En fin de journée, une radio privée de la capitale a annoncé plusieurs morts dans les rangs des manifestants et un blessé grave parmi les gendarmes.

Mais, un communiqué du ministère de la Sécurité parle plutôt d’ « un mort et de quelques blessés par balles dans le quartier Agoè » (périphérie nord de la capitale). Selon ce document officiel, la police a ouvert le feu quand les manifestants ont tenté d’attaquer une agence bancaire.

Dans la matinée, des affrontements ont également éclaté aux alentours du tribunal de Lomé. Les forces de l’ordre ont repoussé les militants de l’opposition venus soutenir le parti Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts). Son président, l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo est poursuivi en justice par deux membres « démissionnaires ». Le procès a été renvoyé sine die.
Pendant ce temps au centre ville, des employés du premier opérateur de téléphonie mobile, Togocel qui ont voulu également manifester à la devanture de cette société pour réclamer des droits, ont été vite dispersés.

Et dire que le personnel hospitalier qui a accordé, mardi, un sursis d’un jour au gouvernement togolais, menace de rentrer lui-aussi en débrayage à partir de mercredi.
Antigone
 
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Message par Antigone » 25 Juil 2010, 14:16

Un manifestant qui ne ressort pas vivant d'un commissariat, ce n'est pas la première fois que cela arrive. C'est même assez banal dans certains pays africains. D'habitude, la presse locale n'y fait pas grand cas.
On pourrait parler d'ironie de l'histoire si elle n'était pas tragique, car ici la victime est un homonyme du vieux président de la République, Abdoulaye Wade... dès lors cet événement fait la une de l'actualité sociale sénégalaise qui est dominée également par les coupures de courant, une autre banalité en Afrique. Or il se trouve justement que le jeune Abdoulaye Wade manifestait contre.

a écrit :RFI - 21 jul 2010
http://www.rfi.fr/afrique/20100721-senegal...ye-wade-yinghou

Sénégal : La police dément avoir tué le manifestant Abdoulaye Wade Yinghou

Au Sénégal, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'ouverture d'une enquête après la mort du jeune Abdoulaye Wade Yinghou. Le jeune homme de 29 ans est décédé mercredi dernier, le 14 juillet 2010, dans un commissariat de police de la banlieue de Dakar, après une manifestation contre les coupures de courant. Dans cette affaire les forces de l'ordre ont été montrées du doigt. Mais le ministère de l’Intérieur indique pour sa part que rien en permet d'imputer la responsabilité de cette mort à qui que ce soit.

Pour le ministère de l’Intérieur il n y a pas de doute: les policiers ne sont pas responsables de Abdoulaye Wade Yinghou. « A ce jour, indique un communiquée du ministère, aucun élément objectif ne permet d’imputer la responsabilité de ce décès à qui que ce soit ».
De son côté, l’avocat de la victime affirme que le rapport d’autopsie contredit cette version officielle : « Abdoulaye Wade Yinghou est mort d’insuffisance cardio-pulmonaire aggravée par des coups et des blessures avec un ou des objets durs et contendants », rapporte Maître Amadou Ali Khan. Selon Maître Khan, le rapport d’autopsie fait aussi état de fractures cervicales et de lésions au niveau des lèvres.

Sur la même lancée, la Rencontre africaine de la défense des droits (Raddho) de l’homme pointe du doigt la police. Cette organisation assure avoir rencontré le principal témoin de la scène lors de son enquête : « la victime a été battue à mort et achevée à coups de crosse sur la poitrine », indique la Raddho. Selon les témoignages recueillis par cette ONG « Abdoulaye Wade Yinghou a craché beaucoup de sang au commissariat de police de Yeumbel ».
L’avocat de la famille de la victime a annoncé qu’il allait déposer une plainte, avec constitution de partie civile, auprès du juge d’instruction.

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RFI - 19 jul 2010
http://www.rfi.fr/afrique/20100719-senegal...ison-delestages

Sénégal : vent de colère en raison des délestages 
par Laurent Correau

Manifestations, port de brassards rouges, refus de payer les factures. Les Sénégalais sont excédés par les importantes coupures de courant qui frappent le pays depuis plusieurs jours. La Sénélec fournit les explications au compte-gouttes. Les politiques, eux, se sont emparés du dossier. Demain mardi 20 juillet une séance de questions au gouvernement doit permettre aux députés de demander des clarifications.

Accroupis près d’un petit réchaud à charbon, ils font chauffer l’eau pour préparer le thé. Une forte odeur d’huile mécanique flotte dans l’air mais ces trois ouvriers d’un petit atelier de Rebeuss, l’un des quartiers de Dakar, sont au chômage. « Nous sommes là, les bras croisés, à cause des délestages de la Sénélec », explique l’un d’eux.

La Sénélec (la compagnie publique d’électricité) ayant promis qu’elle ferait son possible pour garantir l’alimentation électrique pendant le Mondial de football, les Sénégalais s’attendaient à un retour des coupures à la fin de la compétition. Personne ne s’imaginait qu’elles prendraient une telle ampleur. Pas d’électricité l’essentiel de la journée. Une énergie qui ne revient que quelques heures par jour. La capitale est frappée par ces délestages mais aussi l’intérieur du pays.

Des populations victimes

Les populations payent le prix fort. Mor Gueye représente une association de consommateurs, l’ASCOSEN, à Mbacké (à180 km à l’est de Dakar). Il raconte : « On est dans le désarroi. Le soir, dormir dans les maisons est impossible, il fait trop chaud. Alors on sort dehors et on attend. Les gens causent jusqu’à 3-4h du matin et vont dormir quand le courant revient ».

Les délestages font aussi monter les prix de certaines denrées alimentaires dont la conservation devient plus difficile : « Aujourd’hui, les gens doivent acheter au jour le jour les poissons, les légumes, la viande parce que les frigos ne marchent plus. Les ménagères se plaignent parce que du coup les tarifs ont augmenté ! », explique Babacar Mbengue, le président de la convention des jeunes de Mbour ( à 80 km de Dakar, sur la petite Côte).

Même des régions épargnées par les délestages subissent leurs effets indirects. Koungheul, par exemple (à 340 km à l'est de Dakar). « Ici, explique Ousmane Ngom, un habitant, nous avons notre propre centrale électrique donc nous sommes indépendants. Mais ma femme vient de me dire que le poisson était passé à 800 francs CFA le kilo alors qu’il était à 400 francs CFA avant. Les camions frigorifiques ont actuellement plus de mal à trouver de la glace sur la route… »

L’économie durement touchée

L’économie est frappée de plein fouet par ces délestages. Le manque de courant empêche la plupart des artisans d’exercer et du coup de gagner de quoi subvenir aux dépenses quotidiennes.

« On ne peut pas travailler, on ne peut pas livrer nos commandes à cause de l’électricité ! se lamente Ndiaga Wade, le président du regroupement des tailleurs de la région de Thiès (à 70 km de la capitale). Chaque jour, il y a des coupures. Sur 24h, on a trois heures de courant ! Tous les jours sans travailler, ce n’est pas possible… » Même désarroi chez les industriels.

Certains services publics sont également déstabilisés. En période de délestage, les postiers doivent ainsi essuyer la colère des Sénégalais qui viennent retirer l’argent envoyé par un proche et doivent attendre le retour du courant pour que les ordinateurs puissent fonctionner… « A cause de la Sénélec, nos syndiqués ne peuvent pas travailler normalement, estime Pape Momar Diop, le secrétaire général de l’un des syndicats de postiers, la Synaposte. Les usagers arrivent, ils sont souvent remontés. Ils ne peuvent pas percevoir leur argent. Ils attaquent le guichetier souvent avec des propos fortement déplacés. Le guichetier est victime parce que simplement il n’a pas de courant ».

Combustible de mauvaise qualité

Les délestages sont habituels en cette période de l’année au Sénégal. Mais ceux de cet été ont pris une ampleur hors du commun. Et face à une telle crise, la Sénélec distribue les explications comme le courant : au compte-gouttes. La direction, contactée par RFI, n’a pas jugé nécessaire de s’exprimer sur les raisons de ces délestages.

Les syndicats de l’entreprise, eux, font le choix de la transparence, et expliquent que c’est un combustible de mauvaise qualité qui est à l’origine de cette chute de la production électrique dans le pays. Il a immobilisé une partie du parc de générateurs et a même provoqué des dégâts : « Ce mauvais combustible a été consommé et c’est ce qui a détérioré les machines », explique Aliou Ba, l’un des responsables du Sutelec (Syndicat unique des travailleurs de l’électricité).

« Les circuits d’alimentation, poursuit-il, ont été encrassés… les parties les plus fragiles des générateurs ont été attaquées, comme la partie injection endommagée sur certains groupes. Ce sont les groupes diesel qui sont les plus touchés à l’heure actuelle ». Selon le syndicaliste, au plus fort de la crise le déficit de production était de quelque 150 MW. Une enquête est en cours, pour évaluer si le combustible était de mauvaise qualité dès le départ ou s’il a été pollué en cours de route.

Vent de colère

La frustration des sénégalais face à ces coupures de courant a fait se lever ces derniers jours un vent de colère sur le pays. Marches d’artisans. Brassards rouges. Manifestations de citoyens. L’une d’elles a mal tourné puisqu’elle a entraîné la mort du jeune Abdoulaye Wade Yinghou. Les tailleurs de la région de Thiès disent avoir collecté 1500 factures d’électricité et affirment qu’ils ne les paieront pas. Vendredi 23 juillet, la convention des jeunes de Mbour appelle pour sa part à une « marche nationale ».

Les enjeux sont tels que la classe politique n’a pas tardé à se saisir du dossier. Ce mardi 20 juillet, une séance de questions au gouvernement doit aborder le problème des délestages.

L’opposition s’est par ailleurs déjà fendue de communiqués. Pour le directoire de l’APR, l’Alliance pour la République (le parti de l’ancien Premier ministre Macky Sall), « les mouvements spontanés qui se développent comme une traînée de poudre sur l’étendue du territoire, expriment avec éloquence l’exaspération de nos concitoyens (…). L’Alliance pour la République exprime sa solidarité agissante aux populations dans leur combat légitime pour un mieux être ».

Réaction également chez les socialistes sénégalais : «Nous ne pouvons pas accepter que le président Abdoulaye Wade et son gouvernement mettent autant de pression et de violence sur les populations du Sénégal par ces coupures intempestives d’électricité », lance la porte-parole du parti, Aissata Tall-Sall, jointe dans sa mairie de Podor (à 490 km au nord-est de Dakar) en plein délestage. « La tension monte de partout dans le Sénégal. Jusqu’à quand tiendra-t-on ? » ajoute-t-elle.

Aissata Tall-Sall reconnaît que l’électricité était déjà un problème quand les socialistes étaient aux affaires au Sénégal. Mais selon elle, il faut en revenir à la solution qu’ils avaient initiée avant d’être chassés du pouvoir : l’ouverture du capital de la Sénélec à des privés pour permettre une véritable relance de l’entreprise.
Antigone
 
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Message par Antigone » 02 Sep 2010, 15:54

a écrit :AFP, La Croix - 02 sep 2010
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/1...13.inwilsdg.htm

Mozambique: le gouvernement maintient les hausses des prix, malgré des émeutes et sept morts

MAPUTO - Le gouvernement mozambicain a refusé jeudi de revenir sur les hausses des prix du pain et de l'énergie en dépit des émeutes qui se sont soldées par sept morts et 288 blessés en deux jours à Maputo, selon le dernier bilan officiel.
"Les hausses de prix sont irréversibles", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Alberto Nkutumula, s'exprimant devant la presse à l'issue d'une réunion extraordinaire du conseil des ministres.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue mercredi, alertés par des textos qui se sont diffusés d'un téléphone à l'autre dans les quartiers pauvres de la capitale lorsque les médias officiels ont annoncé pour la semaine prochaine une hausse de 25% des prix du pain.
Le gouvernement avait déjà imposé ces dernières semaines de fortes hausses de l'électricité et de l'eau.

Les manifestations ont rapidement tourné à l'émeute et ont été sévèrement réprimées par la police qui a, selon de nombreux témoignages, tiré à balles réelles sur la foule. Les heurts, qui se sont poursuivis toute la nuit, continuaient jeudi sporadiquement dans les bidonvilles.
Les émeutes "ont causé de lourdes pertes humaines et matérielles, dont six morts hier (mercredi) et un aujourd'hui, 288 blessés, 23 magasins assaillis et pillés, 12 bus vandalisés, dont l'un a été complètement détruit, et deux wagons de train", a détaillé M. Nkutumula.

Le conseil des ministres appelle "tous les citoyens à s'abstenir de participer aux actes d'émeutes, de vandalisme, de pillage et de violence, afin de permettre un retour rapide à la normalité et au calme", a-t-il dit.

Les écoliers en uniforme, nombreux la veille sur les barricades, ont repris jeudi le chemin des classes. Mais des patrouilles de police lourdement armées parcouraient les rues dans des camionnettes ouvertes, dispersant le moindre attroupement dans la capitale mozambicaine.
La télévision publique montrait encore des images d'affrontements isolés entre forces de l'ordre et manifestants. "Ce n'est pas encore fini", soulignait un vendeur de rue du grand faubourg de Matola, Lulu Paulo Luis.
Des textos circulaient toujours pour encourager les gens à poursuivre une grève générale pendant les trois jours à venir, a constaté l'AFP.

Selon le porte-parole gouvernemental, le mouvement a déjà coûté 122 millions de meticais (3,33 millions de dollars) à l'économie du pays.
En 2008 déjà, six personnes avaient été tuées dans des émeutes contre la hausse des prix des taxis collectifs, qu'empruntent les plus pauvres pour se rendre au travail.
Mais les troubles semblaient cette fois "plus graves que ceux de 2008", a estimé jeudi le porte-parole de la Croix-rouge nationale, Americo Ubisse, "parce qu'ils atteignent tous les bidonvilles" de la capitale. "Ca se calme, et puis ça repart de plus belle", a-t-il remarqué.

Le Mozambique, dévasté par la longue guerre civile (1976-1992) qui a suivi le conflit armé pour l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise, connaît une misère alarmante. 65% de ses 20 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Les prix ont flambé ces derniers mois en raison de la hausse mondiale du blé mais aussi de la dépréciation de la devise nationale par rapport au rand sud-africain. Le pays dépend étroitement des importations venues de son grand voisin.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
RFI, All Africa - 02 sep 2010
http://fr.allafrica.com/stories/201009020271.html

.../...

Pneus brûlés, containers renversés, le quartier de l'aéroport s'embrase, les manifestants tapent sur leur ventre pour montrer leur estomacs vide. Jaïmina est secrétaire, elle gagne 60 euros par mois, c'est insuffisant:
« Nous sommes fatigués par que nous sommes en train de subir: le prix de l'énergie, du pain, de l'eau... C'est absurde, personne ne survit. Quand il est l'heure de voter alors nous sommes tous frères mais dans des moments comme celui-là, nous n'existons plus. Certains ne payent pas l'eau, l'électricité, la maison, ils ne payent rien. Mais comment les Mozambicains vivent, eux ? Ils n'y arrivent pas, c'est injuste ».

Soudain, la police tire dans la foule, Elio douze ans reçoit une balle dans la tête alors qu'il rentrait de l'école. Les manifestants hurlent aux « assassins ». Pourtant pour Pedro Cossa, porte-parole de la police, les officiers n'ont fait que leur travail : « nos règlements ont été appliqués et la police a toujours utilisé des balles réelles, elle a essayé de rétablir l'ordre public et la sécurité publique. Si les personnes continuent à se comporter comme elles se sont comportées jusque-là, il est évident que les policiers ne resteront pas au poste. Ils iront dans la rue ».

Dans les rues, on murmure la poursuite du mouvement mais le gouvernement ne l'entend pas de cette oreille. Depuis la nuit dernière, des patrouilles de police sillonnent la ville, 142 personnes ont déjà été arrêtées.
Antigone
 
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Message par Antigone » 12 Sep 2010, 10:04

a écrit :AFP, Africa n°1 - 10 sep 2010
http://www.africa1.com/spip.php?article3521

Le Mozambique a bloqué les textos après les émeutes

Les autorités du Mozambique ont ordonné aux opérateurs de téléphonie mobile de bloquer tous les textos après que des manifestations organisées la semaine dernière par SMS eurent dégénéré en émeutes meurtrières, a rapporté vendredi un journal indépendant.

L’Institut national des télécommunications du Mozambique a envoyé lundi soir un courrier à l’opérateur publique mCel et à l’entreprise privée Vodacom pour leur ordonner de suspendre les textos, selon Mediafax.

Un porte-parole du ministère des Communications a nié que les autorités aient envoyé un tel courrier.
Mais le quotidien assure que "les deux opérateurs ont obéi aux instructions parce qu’elles ont été présentées comme un ordre donné par le gouvernement pour des motifs de sécurité nationale".

Un texto largement distribué a appelé le 1er septembre les Mozambicains à descendre dans la rue pour protester contre une nouvelle hausse du prix du pain. Débordée par la foule, la police a ouvert le feu à balles réelles.  Treize personnes sont mortes dans les trois jours d’émeutes.

De nombreux utilisateurs de portable s’étaient plaints, à partir de lundi, de ne plus recevoir de SMS. Le phénomène a duré jusqu’à jeudi. mCel et Vodacom ont tous les deux évoqué des pannes techniques pour expliquer le problème.
Antigone
 
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Message par Antigone » 23 Sep 2010, 18:13

Un article du Potentiel s'intéresse aux tractations en cours entre Areva et le gouvernement Kabila.
Areva ferait-elle le forcing en RDC pour se garantir une base arrière au cas où la région du Sahel serait déstabilisée et les problèmes au Niger se multiplieraient ?

Le Potentiel est un quotidien de Kinshasa qui défend les intérêts de la RDC contre tous ceux qui les menaceraient. Il faut donc lire l'article en ayant cela à l'esprit.

En congolais, prendre langue, c'est prendre contact.

a écrit :Le Potentiel (RDC), rapporté par plusieurs médias africains dont MediaCongo.net - 22 sep 2010
http://www.lepotentiel.com/afficher_articl...id_edition=5090

Uranium : Kinshasa négocie avec la Française AREVA

Des émissaires du géant français et numéro un mondial du nucléaire civil, AREVA, sont annoncés à Kinshasa pour prendre langue avec le gouvernement. La visite, gardée secrète en haut de l’Exécutif central, consiste en la concrétisation du contrat conclu en mars 2009 à la suite du passage à Kinshasa du président français Nicolas Sarkozy. Dans ses ultimes négociations, il y a lieu de mettre en avant-plan les intérêts de la Nation pour que la RDC ne soit pas une fois de plus le dindon de la farce.

Depuis le passage à Kinshasa en mars 2009 du président de la République française, Nicolas Sarkozy, l’uranium n’est plus un sujet tabou dans les couloirs du gouvernement.

A cette occasion, le gouvernement de la RDC avait solennellement approuvé devant témoins, aussi bien français que congolais, son alliance avec AREVA, géant français et numéro un mondial dans le nucléaire civil.

Pour sa quatrième tournée en terre africaine, depuis son élection à la tête de la France, le groupe nucléaire AREVA aura tiré grand profit de ce voyage de Nicolas Sarkozy.

Depuis la 2ème Guerre mondiale où la mine de Shinkolobwe, seule réserve d’uranium encore recensée en RDC, jamais une entreprise n’a bénéficié d’un aussi grand accès à l’uranium congolais.

Le groupe nucléaire français, dont la présidente du directoire accompagnait Nicolas Sarkozy, disposait désormais du droit d’explorer et d’exploiter les futurs gisements qui seront découverts en RDC, outre celui de Shinkolobwe. A partir de cette mine, la RDC, alors Congo-Belge, avait fourni, confirment plusieurs sources, l’essentiel des ressources du Projet Manhattan aux Etats-Unis qui allait donner naissance dans les années 1940 à la 1ère bombe atomique. D’où, le rôle stratégique de la RDC dans ce secteur sensible de l’uranium.

LES TERMES DU CONTRAT

Le contrat conclu entre AREVA et les autorités congolaises prévoyait l’élaboration, par une commission composée de Français et de Congolais, d’un programme de prospection. Ce travail devrait commencer par un recensement précis des sites et une mise à jour des bases de données. « C’est un sujet extrêmement vaste qui va prendre des années », rappelait déjà, juste après la signature du contrat, Anne Lauvergeon, la patronne du groupe nucléaire français.

Depuis le week-end, AREVA a dépêché à Kinshasa ses émissaires pour débattre du sujet avec les autorités congolaises. Au ministère des Mines où devaient débuter, sauf imprévu ce jeudi, les négociations entre les deux parties, le sujet est classé « secret défense ». Même au niveau du cabinet du ministre des Mines, ce n’est pas tout le monde qui a accès au dossier. Seul le pré-carré du ministre des Mines, Martin Kabwelulu, en dispose juste quelques bribes. Un vrai mystère plane sur ce qui paraît comme le grand dossier du Cinquantenaire.

Mais, l’on ignore qu’entre juin 2007 et novembre 2009, une soixantaine de contrats négociés presque dans la même opacité ont été remis en cause dans le cadre d’une commission de revisitation des contrats et conventions signées dans le secteur des mines.

Les mêmes griefs mis à nu dans les contrats passés sous revisitation ne risquent-ils pas de ressurgir dans le contrat en cours de discussion avec la française du nucléaire civil AREVA ?

Mine désaffectée depuis un temps, Shinkolobwe est revenue au devant de l’actualité. Aujourd’hui, le nucléaire fait son retour dans le monde, et l’uranium qui sert à produire cette énergie, suscite l’appétit de grandes puissances.

Et la France ne veut négliger aucune source d’approvisionnement en cette matière première essentielle. Elle dont 80 % de l’électricité est produite par les centrales nucléaires d’EDF. De plus, Nicolas Sarkozy s’est ouvertement fixé l’ambition de faire de la France un pôle d’excellence en matière d’énergie nucléaire.

Ce qui place la RDC au centre de la stratégie de redéploiement du nucléaire français, eu égard à son « potentiel uranifère significatif ».

L’INTERPELLATION

Visionnaire, le sénateur Mutinga prédisait le danger. Bien plus, les enjeux dans lesquels la RDC se trouve être l’élément clé du puzzle. Dans son ouvrage « RD Congo, la République des inconscients », il écrit à propos de la course annoncée sur l’uranium congolais que « la guerre de l’uranium ne fait que commencer ». « Mais, lance-t-il, quel dirigeant congolais, quel intellectuel a levé le bout de doigt pour, non pas nécessairement dénoncer, mais appeler à la vigilance ? »

Aussi, pense-t-il que « les Congolais devraient s’éveiller car, avec l’expérience, on sait désormais comment commencent les guerres en RDC ».

La présence à Kinshasa des émissaires du géant français de l’uranium est ce chant de cygne qui annonce de grands bouleversements dans le secteur minier de la RDC. A-t-on, à la suite de l’interpellation du sénateur Mutinga, perçu réellement la portée de cette présence ?

Toujours est-il que, comme le reprend si bien le sénateur, pour AREVA, l’affaire est sans précédent, car jamais, depuis la fin de l’époque coloniale, un groupe occidental n’avait obtenu le permis d’explorer seul la totalité de la superficie d’un pays africain ». Ce qui, rapporte le sénateur, a fait dire à un proche d’Areva ce qui suit : « Nous sommes l’unique entreprise dans le monde à avoir ce mandat ».

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on ne s’étonnera pas qu’un jour on remette en cause le contrat signé en mars 2009 avec AREVA parce que jugé, comme ceux passés en revisitation, « déséquilibré » et peu avantageux pour la partie congolaise. Aussi pensons-nous qu’il n’est pas tard pour les dirigeants congolais qui entament des négociations d’user de tact pour que la RDC n’en sorte désabusée comme avec la soixantaine de contrats et conventions revisitées – sans vraiment convaincre – par la commission qui a fonctionné de juin 2007 à novembre 2010 au ministère des Mines.
Antigone
 
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Message par Antigone » 01 Oct 2010, 17:41

Les délestages deviennent en Afrique de l'ouest une des principales causes d'exaspération sociale. Au Sénégal en pleine déliquescence politique, elles sont l'objet depuis peu d'une récupération par les leaders religieux.

a écrit :RFI - 01 oct 2010
http://www.rfi.fr/afrique/20101001-senegal...ntre-delestages

Sénégal: la colère s'intensifie contre les délestages

Les populations sénégalaises sont en colère contre les autorités et la Sénélec, la compagnie publique d’électricité en raison de la vague de délestages qui frappe actuellement le pays où le courant n'est distribué que quelques heures par jour. Les manifestations se sont multipliées récemment, et elles devraient se poursuivre ce vendredi 1er octobre.

Il se fait appeler le « général » Dienne Guèye. Il habite Touba, la ville sainte des mourides, quartier de Darou Marnane. Et il espérait manifester avec d’autres jeunes devant les locaux de la Sénélec jeudi. Il a été stoppé par les forces de l’ordre. Mais sa colère reste entière. « Nous sommes des tailleurs, des menuisiers métalliques, des cordonniers, a-t-il expliqué à RFI. Nous avons besoin de l’électricité pour travailler. Sans elle nous ne pouvons pas nourrir nos familles »

Le ras-le-bol également à Diourbel, où une manifestation est prévue ce vendredi 1er octobre. « Le courant peut être coupé du matin au soir, raconte Bassirou Tine, le président de l’association des consommateurs de Diourbel, l’ASCOD. Dans les ménages, les gens ne parviennent plus à faire de provisions. Et ces délestages risquent de créer un problème sanitaire car l’alimentation en eau est fortement perturbée… »

A Ouroussogui, dans l’est du pays une manifestation est aussi prévue ce vendredi. A Thiès, les tailleurs ont de leur côté décidé de boycotter les factures de la Sénélec, suivant l'invitation des imams de Guediawaye. Mais ils ont l’intention de déposer rapidement une demande d’autorisation de manifester. Ils protestent également contre les violences subies par le président de leur Union.

Selon ses collègues, Ndiaga Wade a été violemment frappé au commissariat central de Thiès cette semaine alors qu’il était allé demander la libération de tailleurs descendus dans la rue.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
OuestAf News - 30 sep 2010
http://www.ouestaf.com/Electricite-en-Afri...-ans_a3289.html

Electricité en Afrique de l’Ouest: la crise perdure, forte hausse de la demande dans dix ans

L’ensemble de l’Afrique de l’Ouest va connaître une importante hausse de la demande en électricité d’ici 10 ans, a affirmé un haut responsable de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 pays), alors que la demande actuelle dans ce domaine reste largement insatisfaite dans les différents pays de la sous-région.

La « demande va atteindre en 2020 un taux record de 22.000 mégawatts (MW) alors qu’elle s’élevait à 6.500 MW en 2003 », a laissé entendre James Victor Gbeho, président de la Commission lors d’un Forum des affaires qui se tient à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoiren, pays également touché par la crise énrgétique.
« Cette augmentation fulgurante de la demande implique la responsabilité des gouvernements mais aussi celle du secteur privé qui doivent mettre en place des projets ambitieux et innovants », a souhaité le patron de l’organisation sous-régionale à l’ouverture du Forum.

Selon Victor Gbeho, cette montée de la demande due à « l’industrialisation et à la croissance démographique », ne doit pas occulter le problème de l’accès insuffisant et inégal des populations à l’électricité.
« Seuls 30 % de la population de la région ont accès direct à l’électricité avec de fortes disparités entre les zones urbaines et les zones rurales, la grande majorité utilisant toujours la biomasse comme source d’énergie », a-t-il révélé selon le texte parvenu à Ouestafnews.

Une crise énergétique aigüe persiste dans la quasi-totalité de la sous région, malgré beaucoup d’annonces de la part des organisations sous régionales, dont la Cedeao, qui promettent depuis des années de nouvelles « initiatives » pour mettre fin au déficit en énergie électrique, mais apparemment sans succès.
Parmi ces initiatives figurent la mise en place d’une Autorité régionale de régulation de l’électricité (basée a Accra au Ghana), d’un centre des énergies renouvelables à Praia au Cap-Vert et du Pool ouest africain de l’énergie.

Au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa, huit pays), existe également un projet appelé « Initiative régionale de développement de l’énergie » (Ired).
En dépit de toutes ces initiatives et de toutes ces structures, la question de la distribution de l’énergie électrique en quantité suffisante reste un casse-tête pour l’ensemble de la sous-région.

Des pays, comme la Côte d’Ivoire, qui jusqu’à une période récente semblaient épargnés, sont aujourd’hui touché par la crise énergétique, alors que dans des pays comme le Sénégal, les foyers sont presque tous retournés à la « bougie » et les entreprises publiques ou privées ne tournent à plein régime que si elles disposent d’un groupe électrogène.
Des situations que des nations comme le Nigeria (pourtant gros producteur de pétrole), ou la Guinée Bissau dont l’économie est paralysée depuis plus d’une décennie, connaissent depuis des années.

En mars 2010, le Commissaire de l’Uemao chargé du département du Développement de l’entreprise des télécommunications et de l’énergie, Guy Amédée Adjonohoun, avait particulièrement mis en cause la facture pétrolière de l’Union qui est « passée de 639 milliards de F CFA en 2003 à plus de 1300 milliards en 2006, soit un accroissement de 42% par an ».
Mais pour les observateurs et les associations consuméristes, la facture pétrolière n’explique pas tout et l’on dénonce la gouvernance des sociétés de distribution d’énergie électrique qui relèvent pour la plupart du secteur public.

Cette situation critique du secteur de l’électricité est partout marquée par des délestages récurrents et pose de sérieux handicaps aux populations dont les activités économiques se trouvent bloquées, causant parfois de vives tensions sociales.
Au Sénégal par exemple, les populations ont renoué depuis quelques jours avec les « émeutes de l’électricité », pour manifester leur mécontentement.
Antigone
 
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Message par Antigone » 12 Jan 2011, 14:32

On parle de l'Algérie et de la Tunisie mais des signes de tension sont perceptibles ailleurs en Afrique (mais aussi en Jordanie ces derniers jours) en raison de la spéculation sur les matières premières agricoles et de la hausse du pétrole.

a écrit :OuestAf news - 10 jan 2011
http://www.ouestaf.com/Energie-prix-a-la-h...ebin_a3427.html

Prix à la hausse, inquiétude chez les consommateurs ouest africains avec en arrière plan le syndrome maghrébin

L’année 2011 a commencé en Afrique de l’ouest par d’importantes hausses des prix des produits énergétiques dans au moins quatre pays de la sous région, avec parfois des répercussions négatives sur d’autres secteurs, suscitant une grande inquiétude chez les consommateurs.
Ghana, Niger, Sénégal et Togo ont tous annoncé en ce début janvier 2011 des hausses des prix de l’électricité ou du carburant ou encore du gaz butane. Cette flambée des prix, qui se produit au moment où l’Afrique du Nord connaît des violents soulèvements, liés aux difficiles conditions de vie des couches sociales défavorisées, n’est pas sans inquiéter certains observateurs.

Au Ghana, c’est une hausse de 30 % sur le prix de l’essence et du gasoil et 25% sur celui du gaz qui a été décidé par la National petroleum Agency (NPA), l’agence nationale des hydrocarbures est effective depuis ce mardi 04 janvier 2011. Cette hausse, notent les observateurs, alors que le pays venait juste de célébrer le 15 décembre 2010 son entrée dans le lot des pays producteurs et exportateur de pétrole.

Ces hausses sont « inévitables en raison de la constante montée des prix du brut sur le marché mondial », a expliqué le directeur général de la NPA, Alex Mould cité par l’agence de presse ghanéenne (Gna).
En réaction à cette mesure, les transporteurs du pays ont eux aussi d’augmenter leurs tarifs de 18%, suscitant de vives réactions de la part de certaines franges de la société.
En plus de la hausse des prix sur le marché mondial, cette hausse s’explique aussi selon la NPA par le prélèvement de taxes pour le paiement de lourdes dettes engagées par la raffinerie de Tema, unique raffinerie du pays et située dans la ville portuaire du même nom, à 25 km de la capitale.

Au Togo, voisin c’est le prix de l’électricité qui a enregistré une hausse des prix de 7 à 20%, une augmentation qui « s’explique à la fois par la fin de la politique de subvention, par les tarifs pratiqués par les fournisseurs de la Compagnie énergie électrique du Togo(Ceet), et par les fluctuations des coûts de production », selon des sources officielles.

En plus d’être confronté à une très grave crise de l’électricité qui durent depuis des années, le Sénégal connaît aussi une hausse du gaz butane et des carburants, effective depuis le 25 décembre. Une augmentation des prix qui minent le pouvoir d’achat des ménages déjà durement affecté par la hausse des prix des denrées de première nécessité.
Les prix des bombonnes de gaz butane de 6 et 2,7 kilogrammes qui représente l’essentiel de la consommation des ménages sont passés respectivement de 3 465 à 3 965 FCFA et de 1 560 à 1 785 FCFA. Soit des hausses de 500 et 225 FCFA, selon des chiffres publiés par le Comité national des hydrocarbures. Pour ce qui est des carburants, l’essence super est passé de 737 à 770 FCFA le litre, le gasoil de 632 à 665 FCFA le litre.

En dehors du renchérissement des prix sur le marché international, ces hausses sont aussi selon les autorités dues à un besoin d’alléger la perte fiscale que subit l’Etat notamment en ce qui concerne le butane, d’où la levée de la subvention consentie jusqu’ici par le gouvernement sénégalais.
Concernant le butane par exemple, « sur une consommation mensuelle de 1,5 millions de bouteilles de 6 kg et 400 mille bouteilles de 2,7 kg, l'Etat accuse une perte de recette fiscale de 1,4 milliards de francs Cfa en un mois », a notamment souligné le comité national des hydrocarbures.

Ces explications n’ont pas convaincu des associations de défense des consommateurs, dont certains ont manifesté leur colères, notamment dans la banlieue dakaroise, pendant la journée du 8 janvier 2011.
Une situation similaire prévaut également au Niger où le litre d’essence est passé de 500 FCFA à 555 FCFA alors que le gasoil passe à 490 FCFA au lieu 465 FCFA, selon des chiffres du ministère de l’Economie et des Finances.
Comme au Sénégal, le gouvernement explique cette hausse par le besoin de recouvrer le manque à gagner causé par les subventions.
« Depuis 2007, le gouvernement subventionne le prix des hydrocarbures à travers les droits de douane et de taxes pour permettre aux consommateurs de ne pas sentir la hausse de ces produits », a expliqué Mahamane Laouali Dandah, le porte-parole du gouvernement sur Télé Sahel, la télévision nationale du Niger.
Selon M. Dandah, l’Etat nigérien du fait de la subvention a perdu 13 milliards FCFA en renonçant aux droits de douane sur les hydrocarbures.

En signe de protestation contre cette hausse du carburant, les syndicats des conducteurs de taxi et transports urbains du Niger ont observé le jeudi 06 janvier 2011 une grève dans la capitale, Niamey.
« Nous protestons contre l’augmentation du prix de l’essence et du gas-oil dans notre pays, c’est une situation qui nous pénalise car il est très difficile de faire des économies avec ces tarifs », a déclaré à la presse Moussa Boudou, porte-parole des conducteurs de taxis.

Avec cette nouvelle flambée des prix et cette cherté du coût de la vie, les analystes craignent que ne se reproduisent le même scénario qu’en 2008, année marquée par de violentes manifestations et même des « émeutes de la faim » dans plusieurs pays africains (dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger pour ce qui est de l’Afrique de l’ouest) .
Déjà les premiers signes de tensions sont perceptibles dans certains de ces pays où le front social s’échauffe.

Pire encore, hors de la région ouest africaine, le Maghreb vit depuis des semaines une situation de forte instabilité liée aux difficultés de la vie quotidienne que rencontrent les citoyens, notamment en Tunisie et en Algérie. Dans ces deux pays, les populations se sont révoltées respectivement contre le chômage endémique des jeunes diplômés et contre la vie chère, faisant des dizaines de morts.

En Afrique des l’ouest, curieusement, le Bénin semble quant à lui échapper à cette tendance haussière des prix de l'énergie, puisque les autorités ont plutôt annoncé, à compter du 5 janvier 2011 une baisse des prix. L’essence et le gasoil sont vendus respectivement dans les stations services à 515 et 540 francs alors qu’ils étaient à 540 (essence) et 570 (gasoil). Cette baisse s’est aussitôt répercutée sur le marché informel où le litre d’essence est passé de 325 à 300 FCFA.
Selon certains observateurs la situation pré-électorale (présidentielle prévue le 27 février 2011) pourrait expliquer la prudence des autorités.
Antigone
 
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Message par Antigone » 06 Mars 2011, 17:20

a écrit :Le Faso (Burkina Faso) - 04 mar 2011
http://www.lefaso.net/spip.php?article41012&rubrique20
Côte d’Ivoire:
Pendant combien de temps encore faudra-t-il que la population ivoirienne supporte l’insupportable au nom de la défense des intérêts de ses dirigeants ?
par Jean-Pierre Bejot

Il faudra combien de temps pour que les grottos ivoiriens nous communiquent les noms de ces femmes d’Abobo qui, hier, ont été froidement assassinées par les sbires de Gbagbo à la suite des tirs d’une « mitrailleuse lourde » : touchées par des munitions de calibre 12,7, elles se sont effondrées dans un anonymat insupportable alors que, toute la journée, on n’entend parler que de Gbagbo et de Ouattara. Gbagbo et Ouattara, Gbagbo et Ouattara. Rien d’autre.

Elles étaient des filles, des fiancées, des épouses, des mères ; elles avaient les mains nues, elles protestaient contre une vie qui n’en était plus une ; leur vie. Un blindé s’est posté face à elle et les a « rafalées ». Posément, froidement, pour tuer ces femmes et tuer l’espérance chez ceux qui ne sont pas encore morts.

Les populations ivoiriennes vivent le pire depuis vingt ans. Dans les années 1990, on leur a laissé croire que le multipartisme allait résoudre leurs problèmes ; on y a ajouté la rigueur économique, les compressions de personnel liées aux privatisations, les hausses de prix des produits de première nécessité à la suite d’une dévaluation du franc CFA dont on disait pourtant qu’elle avait été faite sur mesures pour la Côte d’Ivoire… Et puis, ce qui avait été bâti en trente ans allait être mis par terre en moins de temps. « L’éléphant d’Afrique » tant prôné par Henri Konan Bédié et les siens allait se révéler n’être qu’une « grosse vache à lait » pour la bureaucratie qui s’était installée au pouvoir. Dans le même temps, déjà, on stigmatisait les populations d’Abobo et les « porteurs de boubou ». D’où 1999 et l’espérance née du changement.

Le changement, pour les populations, s’est résumé à « l’émergence » d’une nouvelle bureaucratie parasitaire, les grottos socialos et leurs alliés nationaux et multinationaux allaient mettre la main sur l’économie ivoirienne et faire tourner la machine à leur profit. D’où 2002. Entre-temps, le pouvoir avait établi un principe de base : il valait mieux tabler sur « un homme en boubou, une balle », que sur « un homme, une voix ». Le principe démocratique ne résistait pas face au pragmatisme de Gbagbo et des siens. Les « quartiers », à Abidjan, allaient découvrir les escadrons de la mort, les « suicides », les charniers, les exécutions sommaires… Sans compter les spoliations, les viols, les vols, les tortures et tout le reste.

Malgré cela, le monde entier a continué à considérer que Gbagbo demeurait un homme « fréquentable ». Il n’y aura que François Hollande, alors leader du Parti socialiste, à Paris, pour penser le contraire ; et Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, à Ouagadougou, pour prédire que Gbagbo finirait un jour devant le Tribunal pénal international. Les autres, tous les autres, ont continué à faire « comme si ». « Comme si », il y avait un jeu politique démocratique en Côte d’Ivoire, « comme si » Gbagbo n’était pas le chef d’un clan mafieux dont on connaît les membres, « comme si » Simone et Laurent étaient sains d’esprit et non pas des illuminés dont la « religiosité » n’était que de façade, « comme si » le régime en place à Abidjan depuis octobre 2000 était un modèle de « bonne gouvernance » économique, politique et sociale, « comme si » les soutiens internationaux à Gbagbo, en France comme en Afrique (Afrique du Sud, Angola…), n’étaient pas eux-mêmes des hommes et des pouvoirs dont la « faillite morale » était avérée.

Je veux savoir le nom de ces filles, de ces fiancées, de ces épouses, de ces mères, qui, hier, jeudi 3 mars 2011, à Abobo, à l’occasion d’une marche des femmes ont été froidement assassinées. Je veux connaître leur nom et dire, avec elles, à Gbagbo et à Ouattara que « trop c’ trop », que la compassion ne sert à rien, que l’attentisme est criminel, que le respect de la règle du jeu n’est qu’un « piège à cons » quand on ne sait plus à quel jeu on joue mais que, par ailleurs, tout le monde triche. Le sens des réalités, le courage politique, la détermination… sont du côté des « femmes d’Abobo ». « Les bonnes politiques économiques, ce sont des recettes de bonne femme, des choses très simples », me disait Ouattara, à Washington, le 28 novembre 1988, alors qu’il quittait le FMI pour prendre le gouvernorat de la BCEAO. « Les recettes de bonne femme », ces « choses très simples » ce sont ces corps sans nom étendus dans des mares de sang du côté d’Abobo, loin du palais présidentiel, loin de l’Hôtel du Golf.

Ce matin, vendredi 4 mars 2011, dans le quotidien La Croix, Pierre Cochez rendait compte de ce qui se passe à Abidjan. « A Abobo, écrit-il, Ali considère qu’il est temps de faire cesser cette peur : « Gbagbo est en train de rendre idiote une génération. Il a trahi la jeunesse ». Ali compte sur son combat et celui de ses « frères ». Il n’attend plus grand-chose de l’Hôtel du Golf, où vivent retranchés Alassane Ouattara et son gouvernement. « Ils ne nous prenaient pas au sérieux. Aujourd’hui, nous luttons pour notre survie. Cela donne plus de force que de lutter pour ses intérêts. Si Alassane Ouattara veut faire de la politique, il n’a qu’à en faire. Nous nous allons finir par arracher les kalachnikovs de ces jeunes fous » [il évoque là les milices formées par Gbagbo et les « Jeunes Patriotes » et lâchées dans les quartiers « pro-Ouattara » depuis le résultat de la présidentielle].

« Lutter pour notre survie donne plus de force que de lutter pour ses intérêts ». Ali a raison. Je ne suis même plus certain, aujourd’hui, que Ouattara soit en mesure, un jour, d’exercer le pouvoir en Côte d’Ivoire et que Guillaume Soro, son premier ministre, soit à même de gouverner. Combien de morts, aujourd’hui, parmi les membres du gouvernement ? Combien de blessés ? Ils asphyxient économiquement Gbagbo, disent-ils, mais c’est la population qui étouffe. Lisez les pancartes. « On veut pas Gbagbo ! », « Gbagbo dégage ! », « Trop c’ trop ». Les mots d’ordre sont clairs et nets dans les quartiers tandis que les « Forces nouvelles » sont à la parade dans le Nord où affalées dans les chambres des villas cossues de Ouaga 2000. Les populations ivoiriennes se foutent pas mal de Gbagbo ou de Ouattara. Elles veulent reconquérir une dignité qui leur a été refusée trop longtemps et qui a été annihilée, pendant des années, dans le combat pour les « élections ».

La présidentielle a eu lieu pour laquelle la population s’est mobilisée massivement ; Ouattara a été élu et pourtant sa situation ne cesse d’empirer. Et si les « pro-Gbagbo » pillent les maisons des ministres « Ouattara » à La Riviera, c’est qu’il n’y a rien à piller ou à saccager dans les « quartiers ». Depuis trop longtemps, on y meurt pour rien. Il est temps, sans doute, de mourir pour quelque chose. Et ce quelque chose ne pourra pas être un « remake » de ce que Gbagbo a proposé pendant dix ans ; l’ostentation des uns et la commisération à l’égard des autres ne pourront plus être de mise. Il faudra penser autrement le mode de production politique de la Côte d’Ivoire. Ce ne sont pas les « politiques » qui le disent ; c’est la jeunesse qui va l’imposer. Au nom des filles, des fiancées, des épouses et des mères qui ont été assassinées hier à Abobo. Pas des « Gbagbo » ou des « Ouattara » ; des femmes sans nom.

Abidjan bascule dans la guerre civile ? Et alors. « Quand la dictature est un fait, la révolution est un devoir » proclamait la révolution des Œillets, au Portugal, au printemps 1974. On ne peut que souhaiter à la jeunesse ivoirienne de prendre conscience que le temps est venu de cesser d’accepter l’inacceptable au nom de la défense des intérêts de ses dirigeants et d’affirmer que, dès aujourd’hui, une autre Afrique est possible. Au nom des mères, des épouses, des fiancées, des filles assassinées hier à Abobo. Des femmes sans nom ! Mais pour combien de temps encore ? « Gbagbo dégage. Trop c’ trop ».
Antigone
 
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Inscription : 19 Juil 2009, 20:01

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