Il y a eu un tel battage médiatique que tout le monde se sent obligé de sortir sa petite phrase pour se réjouir bruyamment, de gauche comme de droite.
Alors, évidemment, I. Bétancourt est un être humain et on peut se féliciter de la fin de ses souffrances. A condition de ne pas oublier celles des milliers de prisonniers politiques de Colombie.
D'autre part, on peut remarquer que, si elle n'était sans doute pas en super forme, elle n'était pas non plus agonisante comme on le racontait dans les médias, qu'elle n'a pas été si mal traitée, compte tenu des conditions de vie de la guérilla. Une de ses premières préoccupations a d'ailleurs été d'évoquer sa future candidature à la présidentielle...
Au delà de l'aspect "humain", c'est une victoire pour un représentant de la droite musclée, proche de Bush, dont on ne peut pas se réjouir.
On peut noter aussi que, dans cette affaire, les guérilléros se sont fait avoir et ont été plus humains, moins cyniques que le gouvernement Uribe et ses amis. Uribe n'a pas hésité à faire assassiner un dirigeant des FARC pendant des négociations, alors que les FARC n'ont pas exécuté de prisonniers, meme des militaires et des policiers. Comme toujours, les révolutionnaires sont plus humains et moins cyniques que les bourgeois. On a déjà vu ça lors de la Commune et des débuts de la révolution russe. Il ne s'agit pas de mettre les FARC sur le meme plan que les bolcheviks, mais on ne peut pas les renvoyer dos à dos avec l'armée encadrée par les conseillers nord-américains et israéliens. N'oublions pas que ce sont les massacres de paysans qui ont conduit ces militants à prendre les armes. (Voir l'excellent article publié par LO sur le sujet.)
Mais tous ces politiciens et journalistes se réjouissent peut-être un peu vite : les travailleurs et les peuples d'Amérique du Sud risquent de leur réserver des surprises plus douloureuses qu'un enlèvement de politicienne.