agence science presse 12 octobre 2006:
a écrit :La bombe nord-coréenne, réalité ou canular?
Pendant que les pays du monde font la queue pour faire connaître leur indignation face à la bombe atomique nord-coréenne, les scientifiques se penchent sur les données: cette bombe atomique existe-t-elle vraiment?
Car tout ce qu’on a sous la main pour l’instant, outre les affirmations tonitruantes de la Corée du Nord, ce sont des données sismiques indiquant une explosion. Et encore la puissance de celle-ci a-t-elle fait l’objet d’estimations très divergentes: les autorités russes ont avancé le chiffre de 10 kilotonnes, tandis que le Centre de recherche sur les séismes de Corée du Sud a plutôt estimé l’explosion à 0,8 kilotonnes (chiffre relayé par les autorités américaines).
Or, moins de 1 kilotonne, ce ne serait pas très puissant pour une bombe atomique, même pour un simple test: en comparaison, les premières bombes atomiques testées par l’Inde et le Pakistan, en 1998, étaient d’environ 25 kilotonnes.
Quant à la bombe lâchée sur Hiroshima en 1945, elle était d’une puissance de TNT équivalant à 12 500 kilotonnes.
S’il s’agissait d’une puissance de moins d’un kilotonne, il y aurait tout lieu de se demander s’il les Nord-Coréens n’ont pas offert un canular à la communauté internationale: il leur aurait suffi pour cela de faire sauter une série de charges souterraines tout à fait conventionnelles, commentait lundi, dans le New Scientist, le physicien nucléaire britannique James Acton.
La réponse définitive pourrait ne venir que dans quelques semaines, disent les experts interrogés par l’agence Bloomberg.
Le porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré que la réponse américaine –une demande de sanctions internationale– sera la même, que cette explosion soit nucléaire ou non.
Comment faire la différence?
La différence entre une explosion "conventionnelle" et une explosion nucléaire est au niveau de la signature: l’onde de choc est plus rapide avec une bombe atomique, et cela se traduit dans de minuscules événements sismiques causés par cette explosion. "L’analyse est complexe, parce que l’énergie qui irradie est faible, en comparaison du bruit de fond souterrain naturel, capté par nos détecteur. Vous devez vraiment faire une analyse très fine lorsque vous observez un tel événement", décrit pour le New Scientist Bruno Seignier, de la Commission à l’énergie atomique de France.
En plus des sismographes éparpillés aux quatre coins du monde, l’Organisation des Nations Unies, par le biais de son Traité de non-prolifération nucléaire, entretient un réseau de 189 détecteurs sismiques et hydro-acoustiques (sous l’eau!) spécialement conçus pour détecter des tests nucléaires. Cet organisme n’est pas autorisé à faire des déclarations publiques, mais a l'obligation de transmettre ses données aux 176 États membres du Traité (la Corée du Nord n'est plus signataire de ce Traité depuis des années).
Par ailleurs, en plus des données sismiques, deux autres techniques peuvent servir: il est théoriquement possible de détecter des particules et des gaz radioactifs qui s’échapperaient d’un site où a eu lieu une explosion souterraine, et leur analyse permettrait de déterminer le type de matériau utilisé (uranium ou plutonium) et la force de la bombe.
L’autre technique, c’est le radar: un satellite peut examiner la topographie d’un site, avant et après l’explosion, à la recherche de mouvements caractéristiques d’une violente explosion.