Et ça continue en Allemagne

[emman]

Allemagne: une nouvelle entreprise passe à la semaine de 40 heures

agrandir la photo

FRANCFORT (AFP) - Le nombre d'entreprises allemandes cherchant à allonger le temps de travail continue à s'allonger: le voyagiste allemand Thomas Cook va réintroduire la semaine de 40 heures, tandis que la principale chaîne de grands magasins, Karstadt, demande les 42 heures.

Chez Thomas Cook, détenu à parité par le groupe de distribution KarstadtQuelle (Xetra: 627500.DE - actualité) et par la compagnie aérienne Lufthansa (Xetra: 823212.DE - actualité) , un accord a été signé prévoyant le passage pendant un an, avec option d'une année supplémentaire, de 38,5 heures de travail par semaine à 40 heures, en raison des difficultés financières de l'entreprise, a indiqué jeudi le syndicat de branche Verdi.

Seule compensation prévue: les heures supplémentaires travaillées seront inscrites dans un compte-temps et rémunérées au tarif normal (sans les primes d'heures supplémentaires) lorsque le voyagiste sera revenu dans le vert.

Au cours de son dernier exercice fiscal écoulé, l'entreprise a essuyé une perte nette de 251 millions d'euors.

Les magasins Karstadt, filiale de KarstadtQuelle, font également pression en ce sens et réclament à leurs 47.000 salariés le retour à la semaine de 40 ou 42 heures, sans compensation.

"Il est nécessaire d'allonger le temps de travail hebdomadaire jusqu'à 40 ou 42 heures", a déclaré leur patron Helmut Merkel dans une interview au quotidien régional Westdeutsche Allgemeine Zeitung (WAZ).

Actuellement, le temps de travail moyen dans les magasins se situe entre 37 et 38 heures.

KarstadtQuelle, en pleine crise du fait de la faiblesse de la consommation des ménages allemands, a annoncé au début du mois son intention de supprimer 4.000 emplois d'ici 2006, soit 10 à 15% du personnel.

"Un allongement du temps de travail constituerait un moyen de réduire le nombre nécessaire de suppressions de postes", a ajouté M. Merkel, en précisant avoir soumis une offre en ce sens aux représentants du personnel.

Il a également plaidé en faveur d'une plus grande flexibilité du temps de travail avec la mise en place de comptes-temps annuels. "En fonction de la saison, on pourrait travailler davantage, comme au moment de Noël, ou moins", a-t-il argumenté.

Karstadt et Thomas Cook s'engouffrent dans un brèche ouverte récemment par le groupe Siemens (Xetra: 723610.DE - actualité) qui a obtenu le passage sans compensation salariale de 35 à 40 heures dans deux sites de fabrication de téléphones allemands, en échange de l'abandon d'un projet de délocalisation en Hongrie.

L'entreprise d'équipement de chauffage Viessmann négocie aussi en ce moment un passage 35 à 40 heures pour ses 3.700 salariés. En 1996, l'entreprise avait déjà créé un précédent en augmentant temporairement la semaine de travail de trois heures, après avoir menacé de délocaliser en République tchèque.

Chez le constructeur automobile DaimlerChrysler (Xetra: 710000.DE - actualité) , un conflit social a éclaté à propos d'un plan d'économies de 500 millions d'euros de la direction, qui menace faute d'accord de supprimer 6.000 emplois sur son principal site Mercedes en Allemagne.

Le groupe suisse Nestlé négocie de son côté le passage de 37 à 38 heures sur son site allemand de Singen dans le sud-ouest de l'Allemagne (soupes Maggi) pour 1.000 employés.

L'équipementier automobile Bosch est aussi en pourparlers pour les 40 heures sur son principal site près de Stuttgart (sud-ouest) et des négociations ont lieu au sein du conglomérat MAN pour un retour aux 40 heures sur deux sites fabriquant des rotatives et des moteurs diesel, un projet toutefois catégoriquement rejeté par les syndicats.