Editorial LO a écrit : Trump l’emporte sur Clinton : un cirque électoral où le capital gagne à tout coup
09/11/2016
La victoire de Trump aux élections américaines a déjoué la plupart des pronostics. En France bien des journalistes et des politiciens cachent mal leur dépit de voir un candidat ayant fait une campagne aussi démagogique parvenir à l’emporter.
Mais toute une partie de la population qui vote traditionnellement pour les Républicains, s’est reconnue dans le discours anti-mexicain ou anti-musulman de Trump et n’est certainement pas fâchée de voir tourner la page d’un président noir qu’elle n’avait pas accepté. L’électorat évangélique, très conservateur et traditionnellement républicain, se pinçait le nez pour voter Trump, un homme marié trois fois, et manifestement plus prédateur sexuel que grenouille de bénitier. Mais l’aversion pour les Démocrates l’a emporté.
Trump l’a aussi emporté dans des États industriels du Midwest, non seulement l’Ohio, un des « swing states », un État basculant tantôt du côté républicain, tantôt du côté démocrate, mais aussi dans le Michigan, traditionnellement acquis aux Démocrates. Dans ces États, les fermetures d’usines se sont multipliées et la condition ouvrière s’est dégradée. Même les salariés qui gardaient leur emploi ont souvent vu leur contrat de travail renégocié à la baisse, en termes de régime de retraite ou de salaire. La campagne démagogique de Trump pour le protectionnisme et contre les « délocalisations » a porté.
Trump a également repris des thèmes du mouvement contestataire « Occupy Wall Street », contre le « système », en dénonçant par exemple la hausse des cotisations qui a accompagné la réforme de l’assurance-maladie dont Obama est si fier. Dans ces États, les hommes blancs ont largement voté pour Trump ; par exemple, deux tiers des hommes blancs de l’Ohio ont voté pour Trump, contre seulement un tiers pour Clinton ; dans le Michigan, 64 % des hommes blancs auraient voté pour Trump, 28 % pour Clinton.
Certes, 88 % des Afro-Américains et 65 % des Hispaniques auraient voté pour Clinton. Mais ils ne représentent qu’une minorité de l’électorat, et ils ne se sont pas mobilisés plus massivement pour la championne de Wall Street. Toute une partie de la population, notamment sa fraction la plus pauvre, ne vote pas : soit elle n’est pas inscrite sur les listes électorales, soit elle n’en a pas le droit après une condamnation, ce qui est le cas pour six millions de personnes. Soit encore qu’elle ne voit pas d’enjeu dans l’élection présidentielle. Le 8 novembre, moins de 60 % des Américains en âge de voter l’ont fait. Trump a donc été élu avec quelque 60 millions de voix, sur environ 230 millions de personnes en âge de voter.
Hillary Clinton était la chouchoute des milieux d’affaires et des politiciens européens. Mais ce n’est pas le meilleur brevet aux yeux des électeurs des classes populaires ! Les Démocrates ont été au pouvoir au cours de 16 des 24 dernières années, dont les huit dernières, et l’électorat a vu les inégalités se creuser et son niveau de vie se dégrader. Clinton était particulièrement associée à cette politique. Déjà en 2008, Obama, alors un inconnu, l’avait sèchement battue dans les primaires démocrates. Encore en 2016, un autre inconnu se présentant comme socialiste, Bernie Sanders, l’a emporté dans 22 des 50 États, en dénonçant Clinton comme la favorite de Wall Street.
Trump s’est fait élire en se présentant comme le candidat anti-système ; quelle escroquerie, pour un magnat de l’immobilier ! Il s’est présenté comme le garant d’un meilleur avenir pour le peuple américain ; quelle comédie ! Dans son discours de victoire, il a promis de doubler la croissance, de rétablir les emplois perdus, de construire des hôpitaux et de réparer les routes ; quel cinéma ! Comme tous les politiciens, Trump fera ce que la grande bourgeoisie exigera de lui. Et pas plus qu’aucun autre, tout milliardaire qu’il est, il ne dominera l’économie capitaliste.
Pendant sa campagne, Trump a multiplié des promesses démagogiques qu’il ne tiendra pas.
Il a promis de mettre fin à l’immigration clandestine. Si son succès reflète une progression de la xénophobie, il risque aussi de l’exacerber. Trump peut prendre des mesures symboliques, comme le renforcement du mur à la frontière mexicaine. Mais il y a sans doute onze millions d’étrangers sans-papiers aux États-Unis, et toute une partie des entreprises, y compris celles de l’empire Trump, fonctionnent avec des étrangers sous-payés et n’ont pas l’intention de s’en priver. Les expulsions, déjà très nombreuses sous Obama, vont peut-être se multiplier, et la vie des immigrés sera sans doute plus dure, mais l’immigration ne va pas cesser : la bourgeoisie en a trop besoin.
Trump a fait du protectionnisme son cheval de bataille, en promettant de ramener des emplois aux États-Unis. La bourgeoisie américaine souhaite bien sûr que son marché intérieur soit protégé et, dans une certaine mesure, l’État fédéral mène déjà la guerre commerciale. Mais les grandes multinationales tiennent également à pouvoir accéder à de nombreux marchés étrangers. La Chambre des représentants et le Sénat sont majoritairement républicains et acquis au libre-échange. Et Apple ne fera pas produire ses iPhone et ses iPad dans le Midwest, plutôt qu’en Chine !
Ceux des travailleurs américains qui ont voté pour Trump en espérant que leur condition s’améliore en seront donc pour leurs illusions.
En même temps, le camp des travailleurs n’était pas représenté dans cette élection présidentielle. Même si les dirigeants syndicaux appelaient à voter Clinton, sa défaite n’est pas celle du monde du travail. Celui-ci devra donc se faire entendre sur son propre terrain, celui de la lutte des classes. Par le passé, les travailleurs américains, les Noirs en particulier, ont lutté sous des présidents aussi anti-ouvriers que Trump, qu’ils soient Démocrates ou Républicains. Et ce n’est pas la victoire de ce patron de combat, aussi réactionnaire soit-il, qui pourra les empêcher de se battre.
Trump emporte l’élection : pour les travailleurs, la guerre de classe continue
09/11/2016
La victoire de Trump a déjoué la plupart des pronostics. Clinton était la favorite des milieux d’affaires et des médias. Mais ce n’est pas le meilleur brevet aux yeux des électeurs des classes populaires ! Au cours des huit dernières années, celles-ci ont vu les inégalités se creuser et leur niveau de vie se dégrader. C’est ce que paye Clinton, ex-sénatrice, ex-ministre et toujours amie des riches.
Trump s’est fait élire en se présentant comme le candidat anti-système ; quelle escroquerie, pour un magnat de l’immobilier multimilliardaire ! Il s’en est pris aux Hispaniques, aux musulmans, aux Noirs, contribuant ainsi à diviser le monde du travail. Ce démagogue a promis de doubler la croissance, de rétablir les emplois perdus, de construire des hôpitaux et de réparer les routes. Mais comme tous les politiciens, il fera ce que la bourgeoisie exige. Et pas plus qu’aucun autre, il ne sortira l’économie capitaliste de la crise, tout milliardaire qu’il soit.
Ceux des travailleurs américains qui ont voté Trump en espérant que leur condition s’améliore en seront pour leurs illusions. En même temps, le camp des travailleurs n’était pas représenté dans cette élection et la défaite de Clinton n’est pas la sienne. Il reste donc au monde du travail à se faire entendre sur son propre terrain, celui de la lutte de classe. Par le passé, les travailleurs américains ont mené des luttes sous des présidents aussi antiouvriers que Trump, qu’ils soient Démocrates ou Républicains. Et ce n’est pas la victoire de ce patron de combat, aussi réactionnaire soit-il, qui les empêchera de se battre
Gaby a écrit :Non parce que, techniquement, il n'y a pas de vote "contre". Il n'y a que des votes "pour"...
Tu pensais cela en 2007 ?
Ian a écrit :En 2007 sauf erreur, LO avait appelé à voter POUR Royal et non pas "contre" Sarkozy...
workingclassfight.com a écrit :2016 Election Results: Working Class Party
Vote totals are in for the Working Class Party. It’s not a spectacular vote, but it shows that a part of the working class responded to the main axis of our campaign: that the working class needs its own party.
Mary Anne Hering, candidate for State Board of Education, had 224,122 votes statewide, the highest vote of any minor party candidate for a state-wide position. Mary Anne’s votes gave her 2.66% of the vote. Her votes enable our new party to keep ballot status for future elections. (Her total was almost 14 times the requirement of 16,491.)
Gary Walkowicz, candidate for U.S. Congress, Michigan District 12, had 9,183 votes, with 3.81% of the vote in Wayne County’s part of the district, and 1.21% in Washtenaw County.
Sam Johnson, candidate for U.S. Congress, District 13, which covers part of Detroit and part of Wayne County, had 8,778 votes, or 3.43% of the vote.
The largest number of our votes came from the big working class cities in the state. But Mary Anne had even higher percentages in some semi-rural districts: with more than 4% in Ontonagon, Arenac, Iosco and Lake counties.
Finally, more than 13,000 people voted a straight party ticket for the Working Class Party, a new party that had never been on the ballot before. That includes in a number of counties where we were not able to campaign, and the only information of our campaign may have been in an interview heard on Michigan’s public radio system or an article picked up by small local papers or even simply in the name itself.
These results mean that a part of the working class – even if a small one – is conscious of their own class interests and of the urgent necessity to create a party of their own.
The absence of a working class party helped open the road for a racist and misogynist demagogue like Trump to pretend to be a "populist," to tap the anger of at least part of the working class, and to carry out a campaign that can only be divisive and dangerous for working people everywhere.
The lack of a working class party is the major issue of our day, the one that the organizers of the Working Class Party set out to address.
We know that a real party will be built only through the struggles of the working class to defend itself and impose its answers to the problems of society. But some of those thousands who voted for Working Class Party today can be the impetus for struggles tomorrow.
The work done to put the party on the ballot and let it be heard was important, but it was only a start. The work continues.
Résultats de l'élection de 2016 pour le Parti de la classe ouvrière
Les résultats sont complets pour le Parti de la classe ouvrière. Ce n'est certainement pas un vote spectaculaire, mais il montre qu'une partie de la classe ouvrière a répondu à l'axe principal de notre campagne: la classe ouvrière a besoin de son propre parti.
Mary Anne Hering, candidate au Conseil d'Etat de l'éducation, avait 224 122 votes à l'échelle de l'État, le plus haut vote de tout candidat de parti mineur pour un poste à l'échelle de l'État. Les voix de Mary Anne lui ont donné 2,66% des voix. Ces 224 122 votes représentaient plus de 13 fois le nombre de voix dont le nouveau Parti de la classe ouvrière avait besoin pour conserver son statut officiel pour de futurs scrutins (16 491).
Gary Walkowicz, candidat au Congrès des États-Unis, District 12 du Michigan, avait 9 177 voix, avec 3,81% des voix dans la partie du comté de Wayne et 1,21% dans le comté de Washtenaw.
Sam Johnson, candidat au Congrès des États-Unis, District 13, qui couvre une partie de Detroit et une partie du comté de Wayne, avait 8 778 voix, soit 3,43% des voix.
Le plus grand nombre de nos voix proviennent des grandes villes ouvrières de l'État. Mais Mary Anne avait également des pourcentages élevés dans certains districts pour la plupart ruraux: avec plus de 4% dans les comtés d'Ontonagon, Arenac, St. Clair et Lake.
Enfin, plus de 13 000 personnes ont émis un vote direct groupé pour le Parti de la classe ouvrière, un nouveau parti qui n'avait jamais été au scrutin avant. Y compris dans un certain nombre de comtés où nous n'avons pas été en mesure de faire campagne, et la seule information de notre campagne peut avoir été dans une interview entendue sur le système de radio publique du Michigan ou un article ramassé par de petits journaux locaux ou même simplement la simple reconnaissance du nom.
Cela signifie qu'une partie de la classe ouvrière - même si petite - est consciente de ses propres intérêts de classe et de la nécessité urgente de créer un parti qui lui est propre.
Nous savons qu'un véritable parti ne sera construit que par les luttes de la classe ouvrière pour se défendre et imposer ses réponses aux problèmes de la société. Mais certaines de ces milliers de personnes qui ont voté pour le Parti de la classe ouvrière aujourd'hui peuvent être l'impulsion des luttes de demain.
L'absence d'un parti de la classe ouvrière a ouvert la voie à un démagogue raciste et misogyne comme Trump de prétendre être un «populiste», d'exploiter la colère d'au moins une partie de la classe ouvrière et de mener une campagne qui ne peut que Être que de division et dangereuse pour tous les travailleurs.
L'absence de ce parti est la question majeure de notre époque, celle que les organisateurs du Parti de la classe ouvrière ont voulu aborder. Ce qui a été fait pour mettre le parti sur le bulletin de vote et le faire entendre était important, mais ce n'était qu'un début. Le travail se poursuit.
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