Lutte de classe en Argentine

Dans le monde...

Message par jerome.k.jerome » 28 Nov 2005, 10:30

Salut à tous !

Vous avez entendu parler d’importantes luttes en Argentine ces dernier mois ? Oui ? Non ? En tout cas, moi, pas du tout jusqu’à hier soir.

Je suis tombé (sans me faire mal) sur un article. D’après celui-ci, on aurait assisté entre juin et août, à la plus grande vague de grèves depuis 15 ans en Argentine !!!

On peut ainsi y lire :
a écrit :Les luttes remarquables ont été celles des hôpitaux de Quilmes et Moreno, des entreprises telles que Supermercados Coto, Parmalat, Tango Meat ou Lapsa, le métro de Buenos Aires (le Subte), les travailleurs communaux d'Avellaneda, Rosario et des villes les plus importantes de la province méridionale de Santa Cruz, les marins et les pêcheurs au niveau national, les employés de la justice partout dans le pays, les instituteurs de cinq provinces, les médecins de la commune de Buenos Aires, les enseignants des universités de Buenos Aires et Cordoba... Parmi ces luttes, il est à remarquer celle de l'hôpital de pédiatrie Garrahan (Buenos Aires) par la combativité et l'esprit d'unité et de solidarité qui s'y sont montrés. A Cordoba, un des principaux centres industriels du pays, on a vécu un mois de juin avec une quantité de luttes jamais vue depuis deux décennies dans l'industrie automobile, le gaz, l'enseignement, les employés publics …


Mais au delà de la massivité de ces luttes, ce qui m’a enthousiasmé le plus, c’est le vent de solidarité qui semble y souffler :
a écrit :Dans le Subte (métro de Buenos Aires) tout le personnel s'est arrêté spontanément après la mort de deux ouvriers de maintenance, causée par le manque total de mesures de protection contre les accidents du travail. Les travailleurs des hôpitaux ("Posadas", "l'Italien" et "le Français") de la capitale fédérale ont mené plusieurs actions de solidarité avec leurs camarades du Garrahan. Dans le Sud, province de Santa Cruz, la grève des employés municipaux des villes principales a suscité une forte sympathie de la part de larges couches de la population. Ceci s'est concrétisé dans la présence massive aux manifestations dans le centre ville. À Caleta Olivia, des travailleurs du pétrole, des employés de la justice, des enseignants, des chômeurs, se sont joints aux manifestations de leurs camarades employés municipaux. Les travailleurs des gisements pétroliers se sont mis en grève pour exiger les mêmes revendications que les municipaux et en mettant en avants les leurs. La même chose a été faite par les ouvriers de l'entreprise Barillari, du secteur de la pêche. À Neuquen, les ouvriers de la santé se sont joints spontanément à la manifestation des instituteurs en grève qui marchaient vers le siège du gouvernement provincial. Réprimés violemment par la police, les manifestants réussirent à se regrouper et ont pu voir comment des passants se joignaient à la manifestation en critiquant durement la police, qui se retira à une distance prudente. Un arrêt de travail dans toutes les écoles du pays fut convoqué en soutien aux enseignants de Neuquen.


Solidarité et fraternité présente jusque dans les revendications :
a écrit :Il est aussi à signaler la façon unitaire avec laquelle fut posée la revendication salariale chez les ouvriers du Pédiatrique Garrahan : au lieu d'exiger des augmentations proportionnelles qui ne font qu'approfondir les différences entre les différentes catégories, poussent à la division et à la concurrence entre travailleurs, ils ont lutté pour une augmentation égale pour tous, ce qui amoindrit les différences et favorise les secteurs les moins bien payés.



Voilà, ça fait tout simplement du bien (évidemment, l’article est plus complet, pour plus d’informations : http://fr.internationalism.org/ri362/argentine.htm )
jerome.k.jerome
 
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Message par Sinoue » 26 Juin 2012, 00:13

a écrit :Le miracle argentin était en trompe-l'oeil

LE MONDE | 25.06.2012 à 18h18 •


Planerait-il sur l'Argentine un parfum de "déjà-vu" ? Voilà que les cacerolazos, les tapeurs de casseroles, ont refait leur apparition.

Fin 2001, c'est ainsi que l'on avait surnommé ces manifestants qui tapaient nuit et jour sur leur batterie de cuisine pour protester contre le gouvernement - accusé d'avoir saccagé le pays - et le Fonds monétaire international (FMI), leur bailleur de fonds rebaptisé alors l'"International Misery Fund" ("Fonds de la misère internationale").

Aujourd'hui, les Argentins sont de nouveau en colère. Pour la première fois depuis neuf ans, la puissante centrale syndicale, la CGT, principale alliée du gouvernement par le passé, a appelé à une grève nationale des camionneurs mercredi 27 juin.

En cause : une inflation à deux chiffres, une croissance qui ralentit et un chômage qui progresse. Les Argentins ont perdu confiance dans le peso, dont la valeur ne cesse de se déprécier, et préfèrent économiser en dollars.

Pour tenter d'endiguer cette fuite des capitaux (20 milliards de dollars en 2011, soit 15,9 milliards d'euros), la présidente Cristina Fernández de Kirchner a rétabli, début avril, un strict contrôle des changes. En vain : les Argentins achètent maintenant leurs billets verts dans les cuevas ("grottes", maisons de change clandestines) en dépit de frais parfois exorbitants.

De quoi démythifier le "miracle argentin", que certains économistes ont vanté au point d'en faire un exemple à suivre pour la Grèce. Embourbé dans une crise de surendettement mêlée de récession, Athènes, entend-on ici ou là, aurait tout intérêt à sortir de la zone euro, retourner à la drachme, dévaluer sa monnaie et répudier sa dette.

Le pays pourrait ainsi se désendetter et redevenir assez compétitif par rapport à ses voisins pour faire rebondir ses exportations et engranger ainsi des surplus commerciaux. Comme l'Argentine, qui avait, fin 2001, supprimé l'arrimage du peso au dollar afin de dévaluer massivement sa monnaie, tout en suspendant le remboursement de sa dette.

Pourtant, "l'expérience argentine devrait dissuader plutôt qu'encourager" à suivre une telle voie, estiment Mario Blejer, ancien gouverneur de la banque centrale argentine, et Guillermo Ortiz, ancien de la banque centrale du Mexique, dans une tribune à l'hebdomadaire britannique The Economist, en février.

Ne serait-ce que parce que le miracle argentin a coûté cher au pays. Très cher. Avant que l'économie ne reparte, le produit intérieur brut (PIB) s'est effondré de 20 % l'année qui a suivi le défaut, quand l'inflation dépassait 23 %.

Pendant des mois, le pays a été coupé du monde. Et la dévaluation massive a ruiné épargnants et entreprises. Plus de la moitié de la population, 58 %, a basculé sous le seuil de pauvreté, rappellent Gustavo Canonero et Gilles Moëc, économistes à la Deutsche Bank dans une note du 15 juin titrée "Argentina's Phoenix Might not Fly in Greece" ("Le phoenix argentin ne se déploiera sans doute pas en Grèce"). Une détresse sociale décrite aussi dans le documentaire de Fernando Ezequiel Solanas, Mémoire d'un saccage, rappelant les 39 morts qui ont eu lieu lors des violentes manifestations de cette époque.

Aujourd'hui encore, le pays n'a pas fini de faire les frais de cette faillite désordonnée. Classée "D", la plus mauvaise note, par l'assureur-crédit Euler-Hermes, l'Argentine est considérée comme un pays "à risque". Et près de dix ans après avoir renié la majeure partie de sa dette (plus de 75 %), le pays n'a toujours pas accès au marché des capitaux pour se financer.

Son voisin brésilien, lui aussi secoué par une grave crise à la fin des années 1990, est aujourd'hui en mesure d'emprunter sur dix ans en versant moins de 3,2 % d'intérêt.

Cette contrainte oblige le pays à présenter en permanence une balance commerciale excédentaire. Jusqu'ici, Buenos Aires a pu s'en sortir grâce à ses exportations de produits agricoles, et en particulier de soja. D'autant que les prix des matières premières ont explosé sous l'effet du boom de la demande chinoise et brésilienne, le principal partenaire commercial de l'Argentine.

Mais le pays est devenu trop dépendant de cette manne, qui a contribué à une bonne partie de la hausse de plus de 60 % du PIB argentin entre 2002 et 2008.

Aujourd'hui, les prix des produits agricoles s'essoufflent sous l'effet du ralentissement de la croissance mondiale, et le modèle argentin vacille. Pour M. Canonero, les investissements n'ont pas été réalisés en quantité suffisante durant les années fastes pour permettre aux industries locales de satisfaire la consommation intérieure (65 % du PIB). Résultat, le pays doit importer, alors qu'il n'a pas d'argent pour financer ces achats.

Maladroitement, le gouvernement tente d'éviter de creuser le déséquilibre en imposant des mesures protectionnistes qui n'ont pour effet que de ralentir un peu plus la croissance (estimée autour de 4 % cette année, contre plus de 8 % en 2011).

Le miracle argentin des années 2002-2008 n'est donc pas si miraculeux et s'explique surtout par une combinaison de facteurs qui n'ont que peu de chance de se reproduire en Grèce. Même si Athènes devait demain dévaluer massivement sa monnaie, le pays ne bénéficiera pas d'une croissance mondiale suffisante pour placer ses exportations.

Et si le pays dispose de deux avantages comparatifs forts, la marine marchande et le tourisme, indique Daniel Cohen, professeur à l'Ecole normale supérieure et membre du conseil de surveillance du Monde, son sol n'est pas aussi bien doté que celui de l'Argentine. "La Grèce n'a de matière première que le soleil", résume un expert.

Claire Gatinois et Christine Legrand (à Buenos-Aires)
Sinoue
 
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Message par pelon » 26 Juin 2012, 13:02

C'est aussi un article pour demander à la Grèce d'être responsable et de bien rembourser la dette ...
pelon
 
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