Cancun

Dans le monde...

Message par pelon » 20 Sep 2003, 13:16

Je vais citer plusieurs analyses sur la réunion de l'OMC. Tout d'abord, cet article de LO

CITATION
Cancun - victoire pour ceux à qui profite le statu quo  


Finalement, la réunion de l'Organisation mondiale du commerce à Cancun, au Mexique, a une fois de plus tourné court.

Du coup, ceux qui se qualifient eux-mêmes de "raisonnables" ou de "réalistes", qui veulent faire croire qu'un accord vaut mieux que l'absence d'accord, parce que, disent-ils, une régularisation des échanges, si limitée soit-elle, aurait des retombées bénéfiques pour les pays pauvres et leurs populations, déplorent ce qu'ils qualifient d'échec.

D'autres, les "altermondialistes" ont applaudi cet échec. Ils l'interprètent comme une manifestation du poids grandissant des vingt-et-un pays dits "en développement", qui se sont coalisés autour du Brésil, de la Chine et de l'Inde, qui seraient désormais capables de bloquer le bon déroulement de l'OMC, et donc de défier les grandes puissances.

Mais leur imposer quoi que ce soit est une tout autre affaire!

Pour les grandes puissances, comme les États-Unis et l'Europe (mieux vaudrait dire les grandes puissances qui dominent l'Union européenne), les réunions de l'OMC sont des occasions parmi d'autres -et certainement pas les plus importantes- de marchander entre elles des concessions réciproques, en matière d'échanges commerciaux , selon la règle du "donnant-donnant", règle qui fonctionne de toute façon au principal profit du plus puissant. Accessoirement aussi, elles constituent une occasion pour ces puissances de faire des oeillades démagogiques en direction des pays plus faibles économiquement.

En réalité, l'OMC n'a guère d'autre rôle. Et surtout pas celui d'harmoniser les rapports commerciaux internationaux.

Preuve en est la position du gouvernement américain, qui se pose en champion du libre-échange, démarche qui suppose la suppression de toute intervention étatique dans les échanges commerciaux internationaux. George Bush a même déclaré que ce libre-échange serait "le principal moteur du progrès humain". Mais dans le même temps, le gouvernement américain accorde 4 milliards de dollars de subventions à 25000 producteurs de coton. Ils concurrencent d'autant plus les pays africains producteurs de coton tels le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et le Togo, dont les représentants se plaignent. Mais ce que l'on appelle les "intérêts" de ces pays ne se confond pas avec ceux de sa population pauvre. Il faut distinguer entre les intérêts des sociétés qui commercialisent le coton du Tchad, du Mali et d'ailleurs, et les paysans qui travaillent sur les plantations. D'un côté, il y a de puissantes sociétés dont les capitaux proviennent en grande partie des pays riches d'Europe, voire des États-Unis. Pour elles, il y a un enjeu dans d'éventuels accords. Pas pour les paysans!

Le fait que la réunion de Cancun n'ait abouti à rien ne semble pas chagriner les autorités américaines. A son issue, son représentant au Mexique expliquait que "la stratégie commerciale des États-Unis avance sur plusieurs fronts. Nous avons des accords de libre-échange avec six pays. Nous en négocions avec quatorze autres". Une façon de dire crûment que les États-Unis n'ont nullement l'intention de se sentir liés par un accord prétendant établir des échanges harmonieux entre l'ensemble des États de la planète.

D'ailleurs il en va de même pour tous les États membres de l'OMC: leurs représentants sont là pour défendre les intérêts de leurs classes dominantes contre les intérêts de leurs rivaux. C'est cela, et uniquement cela, qui domine les relations commerciales internationales.

Échec selon certains, victoire selon d'autres, ni vaincus ni vainqueurs suivant ceux qui restent. En quoi, quelle que soit l'issue des marchandages entre États, cela pourrait-il être une victoire pour les paysans togolais ou tchadiens qui s'échinent dans les plantations de coton, dans le cas où on aurait abouti à un accord modifiant les termes de l'échange sur ce produit? En quoi un accord sur les échanges de produits fruitiers apporterait-il la moindre amélioration à la situation des paysans guatémaltèques ou panaméens?

Lutter contre l'emprise des grandes puissances sur l'économie mondiale, c'est lutter en réalité contre l'existence même du capitalisme. L'OMC n'est tout au plus qu'une scène sur laquelle se joue la pièce qui travestit la réalité.

Jean-Pierre VIAL



Lutte Ouvrière n°1833 du 19 septembre 2003
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Message par pelon » 20 Sep 2003, 13:18

article de la fraction de LO :

CITATION
Cancun : l'échec de qui, sur quoi ?


16 septembre 2003



Echec à Cancun : la conférence ministérielle de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui s'est tenue dans cette ville s'est séparée, dimanche 14 septembre, sans que les 148 Etats représentés parviennent à un accord. Alors que jusqu'ici les différends opposaient plutôt les principales puissances entre elles, Etats-Unis et Europe notamment, la presse explique que cette fois le clivage se serait fait entre le « Nord » et le « Sud ». Anti et pro-OMC semblent d'accord sur ce point : pour une fois, des pays pauvres auraient osé s'opposer aux puissances dominantes, jusqu'à faire échouer leurs projets de réglementations commerciales. Le Figaro titre : « Les pays du Sud haussent le ton » ; l'ancien ministre socialiste Strauss-Kahn parle de « la prise de pouvoir des pays en développement à l'OMC » ; les organisations non gouvernementales revendiquent « une victoire pour la société civile mondiale ».
Les négociations concernaient principalement les règles du commerce des produits agricoles, et les désaccords ont porté sur l'abaissement des subventions et des tarifs douaniers… des pays les plus riches. L'agriculture des pays européens, des USA et du Japon, bénéficie en effet d'énormes subventions (leur total s'élèverait à un milliard de dollars par jour), qui lui assurent sa compétitivité sur le marché mondial. L'exportation de la production des pays pauvres est pénalisée d'autant. Un exemple typique est celui du coton, principale ressource de plusieurs pays d'Afrique de l'ouest, dont la surproduction américaine (quatre milliards de dollars de subventions annuelles) a fait s'effondrer les cours depuis la fin des années 1990. Résultat : alors que leur production de coton a aussi augmenté, les pays africains ont enregistré une perte de 200 millions de dollars par an.

Mais qui est libre-échangiste ?
C'est donc contre ce protectionnisme des pays les plus riches que s'est battu à Cancun le G21, la « coalition du Sud ». Devant ses menaces de ne pas ratifier les accords, les USA et l'Union européenne ont proposé quelques baisses de leurs subventions, en échange d'une plus grande ouverture des marchés industriels. L'arrangement ayant été jugé insuffisant, les négociations ont tourné court. Un échec, certes, pour les négociateurs européens ou américains. Mais est-ce pour autant une victoire des pays pauvres contre la machine de guerre des grandes puissances, voire une victoire des adversaires du libre-échange, comme le sous-entendent certains commentateurs ?
Il faut remarquer d'abord que, s'il y a eu lutte du Sud contre le Nord, elle ne s'est pas faite au nom de la lutte contre le libéralisme, mais au contraire, pour une libéralisation des échanges agricoles ! Comme quoi le libre-échange est loin d'être la seule façon pour les puissances impérialistes de dominer la planète. Tout au plus l'habillement idéologique aujourd'hui de leur offensive tous azimuts, sous lequel d'ailleurs elles peuvent très bien cacher son contraire : un protectionnisme en leur faveur.
L'échec de Cancun, c'est-à-dire dans l'immédiat le maintien du statu quo, ne contrariera donc pas forcément beaucoup les politiques commerciales impérialistes. La situation actuelle n'est-elle pas justement ce dont se plaignent les pays du Sud, celle qui a permis leur invasion par le Nord ? D'ailleurs les Etats-Unis, par exemple, privilégient depuis quelques années les accords bilatéraux, sans tout miser sur les résultats des grandes messes de l'OMC.

Le Sud ? Quel Sud ?
L'identification du G21 avec les pays pauvres est un raccourci. Ce groupe comprend en effet des pays africains parmi les plus pauvres, mais aussi des poids lourds de la production agricole comme le Brésil, l'Inde ou la Chine. Et l'allié du G21, le groupe de Cairns, rassemble des exportateurs majeurs de l'agroalimentaire comme l'Argentine, l'Afrique du Sud ou même le Canada. Enfin et surtout, les intérêts des Etats mêmes les plus pauvres ne sont pas ceux de leurs populations. Ce qui a motivé la mise en cause du protectionnisme américain ou européen, ce sont d'abord les intérêts de bourgeoisies… du Sud comme du Nord. Derrière les entreprises agroalimentaires des pays pauvres, en effet, on trouve souvent de grands groupes occidentaux. Pour reprendre l'exemple du coton, une des principales entreprises d'Afrique francophone est Dagris, héritière de la Compagnie française des textiles, dont 64 % du capital est contrôlé par l'Etat français. Qui donc les représentants du Mali, du Burkina Faso, du Bénin et du Tchad ont-ils défendu réellement à Cancun : les paysans africains réduits à la misère ou un trust du textile qui les exploitent et en fait… plus français qu'africain ?
Les manifestations dans la ville mexicaine auront permis de dénoncer l'exploitation des peuples du Tiers-Monde. Le suicide d'un militant coréen a témoigné du désespoir dans lequel le système capitaliste enfonce des centaines de millions de paysans, sur une planète où le tiers de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Mais on voit mal en quoi les masses pauvres, paysannes comme ouvrières, auraient remporté une victoire même indirecte à Cancun, où à aucun moment il n'a été question de leurs intérêts.
Benoît MARCHAND

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pelon
 
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Message par pelon » 20 Sep 2003, 13:19

Article de Rouge :

CITATION
Victoire à Cancún

La présence de 20 000 policiers et de l'armée protégeant le centre - bunker où se déroulait la cinquième réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) - illustrait bien l'illégitimité totale de cette institution. Illégitimité affirmée par les manifestants bloqués à quinze kilomètres du lieu de la rencontre, mais illégitimité aussi à l'intérieur même de la réunion. L'OMC est la seule organisation "démocratique" dont les règles de fonctionnement changent à chaque conférence. Les premiers jours, on rencontrait les représentants des pays du Sud cherchant d'abord à comprendre ces règles au sein du labyrinthe de réunions formelles, informelles, solennelles, dites de travail... ne sachant pas où se faire entendre, ni où se prenaient vraiment les décisions. Seule institution également dont l'ordre du jour est fixé, au mépris des souhaits de la majorité de ses adhérents, par le secrétaire général, après décision du groupe des quatre pays les plus riches (Etats-Unis, Union européenne, Japon, Canada). Et il y avait visiblement désaccord sur l'ordre du jour de Cancún entre les pays du Nord et ceux du Sud : ces derniers parlaient de survie, de protection de leur agriculture et des populations ; les autres de profit, de protection totale des investissements de leurs firmes multinationales partout où elles le souhaitent.
Le commerce prôné par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) nuit de plus en plus au développement des sociétés des pays du Sud, c'est un euphémisme de l'écrire. Depuis la réunion ministérielle de Doha de 2001 (appelée, sans honte, Programme pour le développement), 34 millions de personnes sont décédées du sida, de la malaria, du paludisme et de la tuberculose. Dix millions d'Africains vivent en dessous du minimum vital, paupérisés par une chute du prix du coton de 70 % en huit ans. Pendant ce temps, le coton étatsunien est subventionné à hauteur de 3,3 milliards de dollars pour faire vivre 25000 planteurs, les subventions à l'exportation des produits agricoles de l'UE et des Etats-Unis atteignent 370 milliards de dollars par an. C'est là le premier terme du marché de dupes : protectionnisme pour les plus riches.
Dans cette conférence, le cynisme des pays riches a été total. Devant les résistances des Etats floués, ils ont tenté d'imposer le chantage : aide au développement contre accord sur l'ensemble des négociations ; baisse des subventions à l'exportation des produits agricoles (et pas tout de suite, à partir de 2013, dixit Lamy !) contre ouverture de nouveaux champs de négociation. Ceux-ci, en jargon OMC, sont appelés "les thèmes de Singapour", à savoir transparence des marchés publics, facilitation des échanges, concurrence et investissement. Autrement dit, ouverture et mise en concurrence pour les marchés publics et retour de l'Accord multilatéral sur l'investissement (AMI). Cet accord, rejeté grâce à une formidable résistance populaire mais toujours réclamé par les plus puissantes des multinationales, vise à obtenir une sécurité absolue des investissements à l'étranger et des profits qui vont avec, en limitant les droits souverains des Etats en termes de législations sociales par exemple. Cela pourrait se traduire par la restriction salariale, la remise en cause du droit de grève et des divers acquis sociaux. On voit ici la totalité du marché de dupes : protectionnisme pour les riches et ultra-libéralisme pour les autres.
Dans cette situation, la "révolte" du groupe des 21 pays emmenés par le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud est très positive. Leur attitude a permis qu'aucun accord ne sorte de cette conférence. Et faire échec au fonctionnement de cet outil c'est toucher au capitalisme mondial, c'est donner espoir et courage à des millions de paysans, de femmes, de salariés, de jeunes, de chômeurs dans la poursuite de cet objectif : renverser ce monde-là parce qu'un autre monde est possible.
Dominique Strauss-Kahn a rendu hommage dans Le Monde au commissaire européen au Commerce (avant l'échec des négociations !), Pascal Lamy, pour son travail remarquable afin de "faire sortir les pays les plus pauvres de la misère". Il n'est pas sûr que les habitants de ces pays les plus pauvres se joignent aux éloges de Strauss-Kahn à son camarade socialiste. Ce commissaire européen a déposé, dans le cadre de l'accord général sur le commerce des services (AGCS), une liste de 102 services à ouvrir à l'appétit des multinationales. Il s'agit pour la plupart de biens vitaux indispensables : l'eau, l'énergie, la culture, la poste, les transports, les services municipaux, l'édition, la radiodiffusion, les services financiers. Pour le bonheur des pauvres ou du profit ?
De "l'échec" d'une conférence de l'OMC au renversement de ce système économique, le chemin est encore très, très long ! Mais Cancún, dans la logique de Seattle, fera date dans ce combat. Car leur échec signe une victoire des humiliés de la planète manifestant pour leur droit à une vie digne de ce nom.

Roseline Vachetta

Rouge 2031 18/09/2003
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Message par Screw » 22 Sep 2003, 17:14

Et l'analyse d'Attac.
CITATION L'échec de Cancun est celui du libre-échange

La cinquième conférence ministérielle de l'OMC s'est soldée par un échec : aucune déclaration finale n'a pu recueillir un consensus chez les 146 Etats membres. Pour la première fois, les gouvernements d'un nombre significatif de pays du Sud, emmenés par l'Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l'Inde, dans le cadre du groupe des 21 (G 21), ont fait bloc pour dire " non " aux Etats-Unis et à l'Union européenne. Ce double " non " a été opposé, d'une part, aux subventions à l'exportation déversées sur l'agriculture productiviste par les deux principales puissances commerciales, et qui ruinent la paysannerie du Sud, et, d'autre part, aux nouvelles demandes de libéralisation portant sur l'investissement, la concurrence, les marchés publics et la facilitation des échanges (les 4 sujets dits " de Singapour ".

Dans le premier cas, le G 21 a exigé du Nord qu'il s'applique à lui-même les normes libérales qu'il entend imposer aux autres ; dans le deuxième, il a spectaculairement mis un coup d'arrêt aux nouvelles mesures d'ouverture des marchés exigées par les transnationales, par la Commission européenne et, en France, par le Medef. Dans les deux cas, c'est le principe du libre-échange généralisé, objectif ultime de l'OMC, qui se retrouve sur la sellette.

Attac se félicite de cette montée en puissance du Sud et se solidarise avec sa revendication d'un système commercial plus équitable, qui est indissociable de l'annulation de la dette publique des pays pauvres. L'association voit dans le fiasco de la conférence ministérielle un prolongement des grandes mobilisations de ces derniers mois et années, en particulier de celle du Larzac, dont l'ombre portée, relayée par les délégués des associations, ONG et syndicats présents sur place, a atteint le centre de conférences de Cancun.

Que l'OMC ait été incapable de parvenir à un accord en son sein, et cela en appliquant pour la première fois ses propres règles théoriques de fonctionnement, montre à quel point sa crise est profonde. Attac ne relâche pas pour autant son attention car les différentes négociations en cours (agriculture, AGCS, propriété intellectuelle, etc.), entre lesquels un arbitrage global n'a pas pu être rendu à Cancun, vont continuer dans la discrétion et font peser de lourdes menaces dans les secteurs les plus divers, notamment les services publics.

Attac, en liaison avec les autres mouvements - français, européens et internationaux - actifs dans la lutte contre la marchandisation du monde, participera à toutes les campagnes visant à transformer l'échec de l'OMC à Cancun en tremplin pour une autre régulation des échanges mondiaux prenant en compte les droits humains et du travail, sociaux, culturels et environnementaux, de même que la souveraineté et la sécurité alimentaires, et la sanctuarisation de biens communs de l'humanité, en premier lieu l'eau.

En France, Attac va développer une campagne d'information sur les méfaits du libre-échange et sur les alternatives à lui opposer. Dans ce cadre, l'association demandera au président de la République et au premier ministre de provoquer, comme le leur demande le Conseil économique et social, la tenue d'une conférence internationale où sera dressé un bilan public et contradictoire des 8 années de libéralisation commerciale impulsée par l'OMC.

Attac, Paris, 17 septembre 2003  
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Message par Weltron » 27 Sep 2003, 10:25

Je trouve l'article de Rouge pas mal du tout. Ceux de LO et de la fraction sont bien aussi, car ils tempèrent un peu l'ardeur de ceux qui auraient tendance à crier victoire trop vite, mais ils laissent complètement de côté le fait que, même si les représentants des pays du Sud défendent une certaine bourgeoisei et pas leurs peuples, la non-application de certaines dispositions (en particuliers celles de l'AMI) est évidemment préférable, pour ces mêmes peuples, à leur application. À ce titre, on peut voir dans l'échec des négociations un phénomène plus positif que négatif.

Cela dit, les deux premiers articles posent la question de manière plus adéquate, à mon avis, et présentent l'avantage de ne pas pêcher par optimisme.

Pour info, voici une traduction du point de vue de la Linkswende :

CITATION Le mouvement anti capitaliste passe à l'offensive

CANCUN, LA VICTOIRE DES PAUVRES CONTRE LES RICHES !

L'échec des négociations de l'OMC représente un véritable tournant historique. À cet égard, les visages frustrés de Franz Fischler [Membre de la Commission européenne chargé de l'agriculture, du
développement rural et de la pêche] et de Martin Bartenstein [ministre
autrichien de l'environnement] d'un côté et des fêtes pleines d'entrain des manifestants et des représentants des "pays en voie de développement" de l'autre ont valeur de symbole. La revendication que les activistes avaient eux-mêmes formulée était de mettre l'OMC en échec et, aujourd'hui, ils appellent à son démantèlement - "let's phase out the WTO" (Walden Bello).

Devant le gigantesque arsenal de mensures de menaces et de rétorsion que les pays riches sont prêts à employer contre les nations les plus pauvres, depuis une hausse des droits de douane jusqu'à la guerre, il semble miraculeux que ces derniers se soient insurgés au lieu de plier l'échine, comme ils l'avaient fait jusqu'à présent. La goutte d'eau qui fit déorbder le vase, ce fut l'exigence de l'UE et des USA de ne mettre en application le mandat Doha (l'abandon du protectionnisme agraire) qu'en échange d'un accès encore plus avantageux aux marchés du tiers-monde. Pour présenter les choses clairement : l'UE et les USA subventionnent leur agriculture à hauteur de 1 milliard de dollars par jour, ce qui coûte aux pays en voie de développement 50 milliards de dollars par an. Les riches exigent des pauvres l'abandon du contrôle public sur l'eau potable, et même sur l'éducation. Sur quoi, les pays de l'union africaine et les LDC (least developped countries) ont formé le G20+. Frustrés par les procédés des pays industrialisés, ils quittèrent la table de négociations en affirmant : "Tout est fini, c'est un nouveau Seattle.

Cette référence à Seattle montre plus que clairement l'ampleur de l'influence du mouvement mondial contre le nouvel ordre néo-libéral. En 1999, les protestations qui se déroulèrent à Seattle entraînèrent l'interruption des négociations. Chaque manifestation qui suivit montra la force de cette opposition au sein des pays industrialisés. Cela donne confiance en soi, mais cela ne permet pas de tout expliquer. Ce qui est déterminant, c'est que cet ordre mondial a atteint ses limites. Même les régimes les plus corrompus comme celui de la Chine, de la Corée du Sud, du Pakistan ou du Kenya refusent de poursuivre sur la voie libérale.

Cancun marque l'échec du projet de Bush : celui du siècle américain comme celui de la fin de la résistance contre l'occupation irakienne. Avec la guerre en Irak, Bush ne souhaitait pas seulement s'assurer le contrôle de ressources pétrolières. Il voulait surtout rappeler à ses concurrents et à ses victimes potentielles la supériorité et la détermination des USA. Il s'agissait d'une démonstration de force qui devait garantir que, justement, aucun autre Cancun ne se produirait. Tous les pays devaient se plier au diktat de la plus puissante armée du monde. Depuis, les USA veulent à nouveau faire preuve de la plus grande rigueur et prétendent ne pas vouloir céder le moindre pouce de terrain. Donald Evans, secrétaire d'Etat au commerce, a déclaré après l'échec des négociations : "La réalité politique est que, après Cancun, rien ne sera plus facile. Tout sera très probablement plus difficile."  Puis il ajouta en direction du G20+ : "Nous combattrons impitoyablement toutes les pratiques commerciales déloyales, où qu'elles apparaissent." Pour le Financial Times, de telles déclarations ne doivent pas être prises au sérieux. Il est même bien plus probable que Cancun jettera son ombre, jusqu'aux élections, sur le gouvernement Bush. Celui-ci a montré des signes de faiblesse.[/quote]
Weltron
 
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