"pogroms" à Johannesburg

Dans le monde...

Message par Matrok » 20 Mai 2008, 20:13

Un article de Libération.

( Libération @ mardi 20 mai 2008 a écrit :
Monde
Des pogroms à Johannesburg
Afrique du Sud. Les émeutes visant les immigrants des pays voisins ont fait 22 morts.
De notre correspondante à Johannesburg VALÉRIE HIRSCH.

En une semaine, les émeutes anti-immigrés d’une virulence inédite à Johannesburg ont fait au moins 22 morts et 220 blessés. Jour après jour, des foules de Sud-Africains pauvres s’attaquent aux immigrants zimbabwéens et mozambicains à Alexandra, un quartier surpeuplé et misérable de Johannesburg. Les Zoulous écument les bidonvilles peuplés d’étrangers. «Ils m’ont juste demandé d’où je venais, puis ils m’ont frappée à la tête», raconte Yvonne Ndlovu, une jeune Zimbabwéenne de 19 ans.

Depuis le 11 mai, des groupes munis de bâtons, de clubs de golf, et pour certains d’armes à feu, sèment la terreur, chaque nuit dans les rues du township. «Les étrangers prennent nos emplois, nos maisons. Ce sont des criminels ! accuse Thabo, un étudiant zoulou. Ils doivent partir !»

Ces dernières heures, tous les étrangers ont déserté Alexandra ou se sont réfugiés au poste de police, qui abrite un millier de rescapés depuis une semaine. Depuis jeudi, ce scénario s’est répété dans une quinzaine d’autres townships et dans les quartiers pauvres du centre-ville. Partout, des foules de Sud-Africains noirs font la chasse aux Zimbabwéens et aux Mozambicains, avec une extrême violence.

Supplice. «Les habitants ont regardé le drame en rigolant», selon le Times, un journal local qui a publié, hier, la photo d’un homme brûlé vif. Une image qui rappelle le supplice du pneu enflammé, symbole du débordement de violence pendant l’insurrection des townships contre le régime d’apartheid dans les années 1980 et 90. Des Sud-Africains, pris pour des étrangers, ont été tués.

La police ne parvient pas à enrayer cette spirale. Dimanche, elle a dû tirer des balles en caoutchouc pour protéger l’Eglise méthodiste de Johannesburg, qui accueille quelque 1 500 réfugiés africains. Des rescapés continuaient à y affluer hier, dont cet enseignant zimbabwéen de 38 ans, Steve Ndlovu :«Ce matin, les Zoulous ont attaqué le centre commercial chinois où je travaille. Ils nous reprochent de travailler pour des salaires trop bas et veulent qu’on parte. Je suis resté caché quatre heures dans un conteneur. Beaucoup de Zimbabwéens veulent rentrer au pays : mieux vaut aller mourir chez nous !»

Crise. Ces «ratonades» ne sont pas nouvelles en Afrique du Sud, mais elles n’avaient jamais pris une telle ampleur. Isolés du temps de l’apartheid, les Noirs sud-africains n’ont pas été préparés à l’arrivée de nombreux immigrés du reste du continent après 1994, notamment à l’afflux de Zimbabwéens chassés par la crise dans leur pays depuis 2000. Ils seraient aujourd’hui 3 millions. «Tant le gouvernement sud-africain que les Nations unies ont refusé de leur accorder un statut de réfugiés, déplore Eric Goemaere, de Médecins sans frontières-Belgique. Les Zimbabwéens en sont réduits à vivre comme des clandestins tout en étant considérés comme des profiteurs.» Même si seulement 2 à 3 % des criminels arrêtés par la police sont des étrangers, les Sud-Africains les rendent responsables de la forte criminalité. Même si l’apport de cette main-d’œuvre étrangère, souvent plus qualifiée et dynamique que les locaux, est positif pour l’économie sud-africaine, les pauvres les accusent d’être responsables du taux de chômage de 40 %. Le gouvernement a toujours minimisé la crise au Zimbabwe. Comme il minimise à présent le problème de la xénophobie : «C’est un élément secondaire dans les attaques de ces derniers jours, estime la ministre de l’Intérieur Nosiviwe Mapisa-Nqakula . Selon elle, les émeutiers sont «des éléments criminels qui ont manipulé la population». Les attaques ont-elles été orchestrées pour déstabiliser l’Afrique du Sud, qui doit accueillir la Coupe du monde de football en 2010 ? Le président Thabo Mbeki a annoncé le lancement d’une enquête pour déterminer l’origine des émeutes.
Matrok
 
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Message par yannalan » 21 Mai 2008, 09:03

Juste une petite inexactitude dans l'article cité, du temps de l'apartheid, il y avait déjà pas mal d'immigrés venus du Mozambique ou de l'Angola ou du Zimbabwe, dans les mines notamment.
Mais il est vrai aussi qu'ils étaient logés à part, souvent.
L'Afrique est habituée aux crises de xénophobie, on voit osuvzent des expulsions massives d'autres africains dans des conditions parfois ignobles. J'ai éte témoin en 70, je crois de l'expulsion des ghanéens et togolais du Nigéria, balancés en camions militaires sur la frontière béninoise sans rien ou presque avec la douceur habituelle à la police du Nigeria...
Plusieurs centaines de milliers de personnes ont du traverser le Bénin et le Togo dans des conditions sanitaires limite, campant sur les plages, le long des routes..

Si les gens étaient informés réellement du quart de ce qui se passe en Afrique, ils auraient les cheveux qui se dressent sur la tête....
yannalan
 
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Message par sylvestre » 21 Mai 2008, 11:54

http://www.socialistworker.co.uk/art.php?id=14916

a écrit :South African activists call for solidarity against attacks on migrants

by Ken Olende

A series of brutal attacks on migrant wor


by Ken Olende

A series of brutal attacks on migrant workers in South Africa in the last two weeks has left dozens dead and forced thousands to flee.

At least 22 people had been killed as Socialist Worker went to press. The mobs carrying out the assaults accuse migrants of taking jobs from local people and causing crime.

Activists in Johannesburg have called a solidarity march to build unity between South African workers and migrants.

The Anti-Privatisation Forum (APF) issued a statement against the attacks. “Some 40 percent of all South African citizens are unemployed and this has been the case for many years,” it read.

“This is not the result of immigrants from other countries coming to South Africa but rather, the result of the anti-poor, profit-seeking policies of the government and the behaviour of the capitalist class.”

It also pointed out that “the South African government’s approach to the crisis in Zimbabwe has further contributed to the mass migration of Zimbabweans to South Africa”.

The majority of the migrants have arrived from neighbouring Zimbabwe since the collapse of its economy.

The APF is urgently building this Saturday’s solidarity march against the attacks. Claire Ceruti, editor of the Socialism from Below publication, spoke to Socialist Worker: “Migrant workers are sheltering in police stations, which is ironic since police arrested 1,500 of them in a raid at the end of January.

“The whole police operation suggested that migrants were to blame. It acted as a prologue to the current problems.”

People have been taken by surprise at the level of violence, she adds. “I live in Yeoville, which is normally a vibrant suburb, but is now silent. No kids are out playing, no one is walking on the street. People are just too scared to show their faces.

“But one small example shows the potential for solidarity. In inner city Johannesburg several residential buildings have been organising against evictions by the city government.

“The majority of people in one of the buildings are from Zimbabwe and came under attack over the weekend. But the advice centre that coordinates the anti-eviction campaign mobilised the other blocks, which are almost all South African. The attackers were driven off.

“This issue can still go both ways. The next days will be crucial in ensuring the success of the solidarity march and giving people who oppose the attacks the confidence to come out on to the streets.”
sylvestre
 
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