Zambie: les sans-abri redoutent l'hiver; démolition des

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Message par Combat » 13 Mai 2007, 15:28

Zambie: les sans-abri redoutent l'hiver après la démolition des bidonvilles

LUSAKA (AFP) - dimanche 13 mai 2007 - 12h28 - Musenge Bwalya jette un regard sur ce qu'il a pu sauver de la pièce où il vivait, puis laisse éclater sa colère contre le gouvernement zambien qui a rasé son seul abri. Désormais sa famille, six personnes, s'entasse à l'arrière de la masure de son oncle.
"Nous n'arrivons pas à croire que le gouvernement nous ait fait ça. Nous n'avons nulle part où aller", s'insurge-t-il.

Comme des milliers d'habitants pauvres de Lusaka, il redoute l'hiver austral qui approche alors que les autorités ont lancé un programme de destruction des bidonvilles. Avant les élections, il y a six mois, le gouvernement avait pourtant promis de n'en rien faire.

Ces démolitions ont été comparées à celles menées au Zimbabwe en 2005, l'Opération Murambatsvina (se débarrasser des ordures, en shona), qui a jeté des milliers de pauvres à la rue et a été largement condamnée par la communauté internationale et l'Onu.

La famille de Musenge Bwalya a sauvé de maigres effets: matelas et ustensiles de cuisine, avant que les bulldozers ne réduisent en poussière le bidonville de Misisi Compound.

Nombre d'anciens voisins n'ont rien récupéré et en sont réduits à dormir à même le sol, dans les rues, alors que les nuits deviennent de plus en plus froides.

Des enfants fouillent les décombres de leurs anciennes maisons en quête de tôles ou de planches pouvant aider leurs parents à ériger un abri temporaire. Mais Musenge reflette la détermination de la plupart: "Nous allons reconstruire nos maisons!"

De nombreux Zambiens se sont émus du sort des sans-abri à l'approche de la saison froide.

"Ces maisons avaient été édifiées au vu et au su du gouvernement. Maintenant ces gens prétendent, quand ça les arrange, qu'il s'agit de constructions illégales", a dénoncé Joseph Chilengi, directeur exécutif de l'ONG Voix des déplacés en Afrique. "Ce n'est pas juste!"

La ministre du Logement, Sylvia Masebo, a néanmoins affirmé que les démolitions se poursuivraient, en dépit de l'opposition massive d'associations et de partis politiques.

"L'opération continuera. La plupart de ces maisons ont été construites sur des terrains illégalement acquis, sans permis", a-t-elle affirmé.

Bien que leur nombre exact n'ait pas été déterminé, ce sont plusieurs milliers de familles qui se retrouvent sans logis.

"Je soutiens le gouvernement. Ces bidonvilles font chuter les cours de l'immobilier", a déclaré Binwell Banda, qui vit dans un luxueux appartement du quartier chic de Kabulonga, mitoyen du Misisi Compound.

Des associations ont jugé l'opération mal venue à l'approche de l'hiver, qui s'annonce particulièrement rigoureux.

Le principal opposant, Michael Sata, a critiqué le gouvernement pour ne pas avoir prévu de reloger ces familles.

"Ce programme a été mené dans la précipitation, sans réfléchir. Avant de lancer une telle opération, il faut d'abord construire d'autres maisons", a-t-il déclaré.

Mme Masebo a défendu le programme, disant qu'il avait un "visage humain" et que la première phase des démolitions avait visé des constructions inachevées ou inoccupées.

Des sinistrés détiennent des documents démontrant qu'ils avaient légalement acquis les terrains, mais les autorités affirment que certains sont des faux.

"Nous avons même suspendu un fonctionnaire impliqué dans l'attribution illégale de terrains", a précisé Chanda Mukanta, chargé des relations publiques de la municipalité de Lusaka.

La corruption dans l'attribution de terres est importante en Zambie et le président Levy Mwanawasa a ordonné une enquête à ce sujet.
Combat
 
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