ABIDJAN (AFP) - vendredi 03 novembre 2006 - 21h58 - Quatre personnes, dont deux miliciens "patriotes" (mouvance proche du président Gbagbo), ont été tuées vendredi lors d'une manifestation des habitants d'Abidjan contre des exactions de ces mêmes "patriotes", a annoncé dans la soirée la télévision publique ivoirienne.Les victimes sont deux miliciens du Groupement des patriotes pour la paix (GPP, partisans du président Gbagbo) et deux civils, a-t-elle précisé.
Le précédent bilan, donné dans l'après-midi de sources concordantes, faisait état de trois morts, dont deux miliciens.
"Deux de nos miliciens ont été brûlés vifs par des manifestants", avait notamment confirmé Touré Moussa Zegen, président du GPP.
Les affrontements ont eu lieu dans le quartier de Yopougon, situé au sud de la capitale économique ivoirienne, où la population dénonce depuis plusieurs jours le racket, les agressions et autres exactions perpétrés par des miliciens du GPP qui y ont installés leur camp.
Mercredi, dans ce même quartier traditionnellement acquis au président Gbagbo, un milicien du GPP avait été tué à la suite d'incidents entre sa milice et la population aidée des forces de l'ordre.
Très remontés, armés de gourdins et de machettes, les manifestants, la plupart des jeunes, ont de nouveau manifesté vendredi après-midi pour réclamer le départ des miliciens.
Un cordon de plusieurs dizaines de policiers et gendarmes a été déployé pour séparer les miliciens, retranchés dans leur base, des manifestants qui ont érigé des barricades et brûlé des pneus.
"On en a marre! Il faut qu'ils (le GPP) quittent les lieux", a déclaré à l'AFP un manifestant, Rahim, le visage peint en noir, une grosse pierre à la main.
"Ils commettent toutes sortes d'exactions, des viols, des vols et des agressions", a expliqué une autre habitante, Caroline, prête à en découdre avec ces "vauriens".
"La situation n'a pas dégénéré en raison de la présence des forces de l'ordre", a expliqué un autre habitant.
Les patriotes dénonçaient de leur côté une manifestation politique téléguidée par l'opposition au président Gbagbo.
"Cette manifestation a été provoquée par des éléments de l'opposition", a affirmé M. Zegen.
"Il s'agit d'un complot. Compte tenu de l'atmosphère très fébrile, on veut nous amener à riposter", a déclaré Eugène Djué, l'un des dirigeants de la mouvance des patriotes, à laquelle appartient le GPP.
"Les gendarmes sont venus demander aux éléments du GPP de quitter leur base. Ils vont le faire, mais dans le calme", a-t-il ajouté.
Ces manifestations ont démarré mercredi dans un contexte de forte tension à Abidjan, quelques heures avant le vote de la résolution de l'ONU précisant les modalités de la nouvelle transition ivoirienne à partir du 1er novembre.
Face à l'impossibilité d'organiser des élections dans un pays coupé en deux depuis une tentative de coup d'Etat rebelle contre M. Gbagbo en septembre 2002, l'ONU a, comme en octobre 2005, prolongé d'un an le mandat du président Gbagbo, alors que l'opposition réclamait son départ.
Jeudi, le président Gbagbo avait, dans un discours à la nation, invité les Ivoiriens à ne pas manifester et indiqué avoir "donné des instructions ferme à la police de veiller à l'ordre public dans le district d'Abidjan".
Les GPP font partie des "Jeunes patriotes", jeunes des quartiers populaires qui manifestent régulièrement, parfois avec violence, pour soutenir M. Gbagbo.