a écrit :Le conflit se durcit dans les services publics allemands
AFP 13.02.06 |
La grève dans les services publics allemands, la plus grande depuis quatorze ans, a pris de l'ampleur lundi, avec des arrêts de travail de plusieurs milliers de salariés dans le pays qui protestent principalement contre des allongements du temps de travail.
Le conflit, entamé le 6 février dans le seul Etat régional de Bade-Wurtemberg (sud-ouest), s'est étendu à sept autres Länder lundi : la Rhénanie-du-nord-Westphalie (ouest), région la plus peuplée d'Allemagne, la Basse-Saxe, Hambourg (nord), la Bavière (sud), la Saxe (est), la Rhénanie-Palatinat et la Sarre (ouest), selon des sources syndicale.
Les Etats de Brême et du Schleswig-Holstein (nord) doivent rejoindre le mouvement au cours de la semaine, qui devrait voir environ 40.000 salariés entamer une grève illimitée, selon le puissant syndicat allemand des services ver.di.
Le secteur emploie au total 4,7 millions de personnes dont environ 1,7 million de fonctionnaires.
Les syndicats ont réitéré leur menace d'un conflit long. La grève "va durer jusqu'à ce que les employeurs réalisent qu'ils ne peuvent pas simplement dire de façon autoritaire aux salariés combien de temps ils doivent travailler", a déclaré lundi le président de ver.di, Frank Bsirske.
Les Länder et les communes concernées peuvent "être sûrs que notre caisse nous permet de faire la grève de nombreuses semaines", a-t-il ajouté dans les colonnes du quotidien Bild, le plus lu d'Allemagne.
Les arrêts de travail affectent en premier chef le ramassage des ordures, les hôpitaux, les crèches et écoles maternelles. En Rhénanie-du-nord-Westphalie, quelque 2.000 salariés des six cliniques universitaires que comptent le Land ont cessé le travail.
En Bavière, les cliniques de Würzburg et Erlangen ont été le plus touchées par les arrêts de travail, de même que le secteur des travaux publics.
Les régions de l'est bavarois en partie paralysées par de fortes chutes de neige sont toutefois épargnées par les grèves, selon ver.di.
Le syndicat veut contraindre les Etats régionaux à entériner un accord mis au point l'an passé pour les services publics gérés par les communes et l'Etat fédéral. Il prévoyait entre autres un relèvement de 38,5 à 39 heures du temps de travail hebdomadaire à l'ouest, et son abaissement de 40 à 39 heures dans l'ex-RDA.
Pour les communes, le problème est un peu différent. Certaines entendent s'affranchir de l'accord et passer de 38,5 à 40 heures hebdomadaires sans compensation salariale.
Les Länder ont reproché aux syndicats de vouloir paralyser le pays pour 18 minutes de travail en plus par jour.
Selon ver.di, cela correspond toutefois à deux semaines supplémentaires de travail gratuit par an qui vont se traduire par des suppressions d'emplois dont l'ordre de grandeur sera de 250.000.
Par ailleurs, le conflit porte aussi sur l'intention des Etats régionaux de réduire, voire complètement supprimer, les primes de Noël ou de vacances, souligne ver.di.
Pour le président du groupement tarifaire des Länder (TDL) et ministre des Finances de l'Etat de Basse-Saxe Hartmut Möllring, l'argument d'une perte de 250.000 emplois est "complètement stupide". Les emplois dans les services publics sont garantis, a-t-il souligné dans un entretien à la télévision n-24.
Il a préconisé la mise en place d'une "clause d'ouverture" donnant à chaque Land la possibilité de décider comme il l'entend des primes et du temps de travail.