conflits sociaux et répression en chine

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dans le Monde:

Violents heurts entre paysans et policiers en Chine du Sud

LE MONDE | 16.01.06 |
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


a police chinoise est intervenue violemment, samedi soir 14 janvier, pour disperser une manifestation de villageois dans la commune de Sanjiao, non loin de la ville de Zhongshan (province méridionale du Guangdong), entre Canton et Macao. Plusieurs dizaines de personnes auraient été blessées. Selon la presse de Hongkong, une adolescente de treize ans aurait été emmenée inanimée dans une voiture de police. Lundi matin 16 janvier, l'agence de presse officielle chinoise, Xinhua, faisait état de l'intervention de la police pour dégager une route occupée depuis mercredi par une centaine de "pétitionnaires".


En décembre 2005, à Dongzhou, plus à l'Est dans la même province du Guangdong, la police militaire chinoise avait tiré sur une foule protestant contre la construction d'une centrale électrique. D'après les familles, cette répression a tué trente personnes.

Dans les incidents du week-end à Sanjiao, selon les témoignages rapportés par le quotidien South China Morning Post de Hongkong, les quelque 10 000 villageois manifestant se plaignaient des compensations trop faibles reçues en échange de leurs terres. L'affaire remonterait à 1993, le gouvernement local ayant alors cédé une centaine d'hectares à un entrepreneur de Hongkong. Les villageois n'auraient reçu que 1 000 yuans (100 euros) par "mu" (0,6 hectare), puis presque autant en intérêt annuel. Une somme qui serait bien moindre que celle versée par l'entrepreneur. Ce sont les habitants du village de Panlong qui ont commencé à occuper, mercredi, la route menant à Zhongshan, puis les autres villages les ont rejoints.

L'incident s'ajoute aux nombreuses jacqueries qui touchent le Guangdong, et d'autres provinces riches de la Chine côtière, comme le Zhejiang, où les populations rurales sont victimes d'un développement industriel intensif qui enrichit les cadres locaux corrompus à leurs dépens. Il est très rare que les paysans se fassent recruter dans les usines construites sur leurs terres, car celles-ci recourent à une main-d'oeuvre migrante très bon marché venue des provinces pauvres de l'intérieur du pays. La hausse du coût de la vie, la pauvreté et la conviction d'avoir été spoliés font monter la colère.



Brice Pedroletti