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Irak: les rebelles soupçonnés de la bousculade sur un pont de Bagdad
AFP 01.09.05 | 15h24
Près de mille pèlerins chiites sont morts mercredi dans une bousculade sur un pont de Bagdad, dans la tragédie la plus meurtrière de l'Irak de l'après Saddam Hussein, provoquée, pour beaucoup, par des rumeurs sur la présence de kamikazes dans la foule, lancées par des insurgés.
Au lendemain de ce drame, le gouvernement a annoncé les premières exécutions de condamnés à mort pour implication dans les violences et le Premier ministre a ordonné la formation d'une commission d'enquête présidée par un juge et le versements d'une compensation équivalente à 2.055 dollars pour chaque mort.
L'armée américaine a quant à elle annoncé un nouveau raid sur un repaire présumé de partisans du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, l'homme d'Al-Qaïda en Irak, à la frontière syrienne après ceux de mardi qui avaient fait 56 morts, selon la sécurité irakienne.
Le dernier bilan du drame du pont Al-Aïmah s'élève à 965 morts qui ont péri noyés, étouffés ou piétinés après un mouvement de panique. Quelque 815 autres personnes ont été blessées, selon une source sécuritaire.
"Le nombre de morts est resté le même à 965 mais celui des blessés est passé de 465 à 815", a indiqué la source, au lendemain du drame sur le pont Al-Aïmah, donnant accès au mausolée de Moussa al-Kazim, le septième imam chiite, dont des centaines de milliers de fidèles marquaient l'anniversaire de la mort.
Jeudi, des milliers de personnes éplorées continuaient à rechercher dans les hôpitaux Bagdad des proches, alors qu'à Najaf, ville sainte chiite à 160 km au sud de Bagdad, les victimes ont commencé à être enterrées. L'immense cimetière de la ville qui abrite le mausolée Ali, le premier des imams chiites, est le lieu généralement choisi pour le dernier repos des fidèles.
Toutes les personnalités et mouvements en Irak se sont émus de l'ampleur du drame. Certains, comme le grand ayatollah Ali Sistani, figure emblématique des chiites en Irak, a appelé le gouvernement à en clarifier ses circonstances.
Le Premier ministre Ibrahim Jaafari a ordonné, outre les compensations, la formation d'une commission d'enquête présidée par un juge.
Auparavant, le président Jalal Talabani, un Kurdes, a privilégié la piste "terroriste", pointant le doigt vers des extrémistes sunnites, tout en appelant à pallier aux "carences qui ont multiplié le nombre des victimes".
Dès, mercredi, le conseiller à la sécurité nationale, Mouaffak al-Roubaye, a accusé "les fidèles (du président déchu) Saddam Hussein et des membres du réseau d'Abou Moussab al-Zarqaoui d'avoir lancé la rumeur à l'origine de la panique".
Aucun mouvement n'a revendiqué la responsabilité de la bousculade mais un groupe armé lié à Al-Qaïda en Irak a affirmé avoir être l'auteur des tirs qui l'ont précédée et qui visaient le mausolée de l'imam al-Kazim, en les présentant comme une riposte au meurtre de sunnites.
En milieu d'après-midi, le porte-parole du gouvernement Leith Koubba a déclaré que "trois condamnés à mort ont été exécutés par pendaison" dans la matinée, sans préciser le lieu de l'exécution.
Selon lui, les trois suppliciés sont Bayane Ahmad al-Jaf, un chauffeur de taxi kurde de 30 ans, et deux sunnites Oudaï Daoud al-Doulaïmi, un maçon de 25 ans, et Taher Jassem Abbas, un boucher de 44 ans, condamnés fin mai à la peine capitale pour meurtres et enlèvements de policiers et viols d'Irakiennes.
"C'est le châtiment suprême contre des personnes qui se sont livrées à des meurtres et la peine a été exécutée en dépit des protestations", a ajouté M. Koubba, estimant que "cela aidera à dissuader les criminels".
Le tribunal de Kout, à 175 km au sud de Bagdad, avait accusé ces trois Irakiens d'appartenance au groupe Ansar al-Sunna, lié à Al-Qaïda.
De façon générale, la violence a fait un peu moins de victimes en août (526 morts) qu'un juillet (578 tués), selon des statistiques officielles qui ne tiennent pas en compte les victimes de la bousculade du pont Al-Aïmah.
Mais 13 Irakiens ont été tués et 13 autres blessés dans différentes attaques dans le pays au lendemain de cette tragédie, selon des sources sécuritaires.