Apparemment, la journée de grève a été plutôt bien suivie en Grèce :
a écrit : Grève pour sauver les retraites
En pleine saison touristique, la Grèce est paralysée par une nouvelle grève des transports. Il s’agit de protester contre la politique du gouvernement. Comme dans d’autres pays européens, des réformes structurelles sont en cours notamment celle des retraites.
Olympic Airlines, la compagnie aérienne grecque qui dessert toutes les îles du pays, a effectué un voyage seulement dans la journée vers chacune de ces îles tandis que les compagnies aériennes étrangères travaillant en Grèce ont pu fonctionner normalement. Dans la ville d’Athènes, les transports en commun étaient paralysés. Pas de bus ni de liaisons ferroviaires. Les services du téléphone et de l’électricité ont fonctionné au ralenti. Les dockers du port du Pirée se sont joints au mouvement. Nombre de bateaux sont restés à quai. Les banques étaient fermées. Tous les grands syndicats, du secteur public comme du secteur privé, appelaient à la grève pour protester contre plusieurs réformes structurelles que prépare le gouvernement conservateur.
Revoir le système de retraites
Au début du mois, la Commission européenne rendait public son rapport annuel sur la situation budgétaire des Etats membres. Bruxelles avertissait alors Athènes du risque de faillite à long terme de son système de retraite. L’organe européen recommandait au gouvernement grec de prendre des mesures pour maîtriser les dépenses liées aux retraites versées dans la fonction publique. Bruxelles suggérait également à la Grèce de revoir l’ensemble de ce système.
Selon les prévisions de la Commission, en 2009, l’Etat grec va dépenser pour les retraites 12,3% du Produit intérieur brut. Ce chiffre passera à 22,6% du PIB en 2050. Toujours selon ce rapport, la Grèce se situe dans le groupe des pays européens les plus dépensiers pour ce secteur avec la Slovénie, la Finlande, la République tchèque, et la France (14,4% du PIB).
Retarder le départ des seniors
Le principal syndicat du secteur privé (GSEE) qui compte 600 000 membres, avait déjà appelé à la grève le 16 juin contre les projets de réforme du gouvernement. Ce syndicat estime que les projets du gouvernement menacent les droits des retraités, notamment en retardant le départ des seniors. Pour ce syndicat, la réforme envisagée fait également porter un fardeau très lourd au principal fonds de sécurité sociale.
Dans le secteur bancaire, les caisses d’assurances complémentaires doivent fusionner avec la caisse complémentaire des autres salariés du secteur privé. Et une nouvelle caisse d’assurances complémentaire, spécifique au secteur bancaire, doit être créée. Ouverte à tous les établissements bancaires, elle sera financée par les banques qui souhaiteront entrer dans cette nouvelle structure. Cette réforme, que rejette le syndicat du secteur bancaire, l’Otoe, fait l’objet d’un projet de loi. De nouvelles normes internationales de comptabilité avaient, l’année dernière, entraîné une « réévaluation à la baisse des bénéfices des caisses d’assurances sociales ». Ces nouveaux modes de calcul avaient fait apparaître des passifs dans le domaine des retraites. Pour le gouvernement grec, assainir ces comptes a pour but d’attirer les investisseurs étrangers dans les banques du pays.
Faire tout de même passer la réforme
A la suite d’un dialogue infructueux avec les syndicats, le gouvernement s’est montré déterminé à faire passer cette réforme concernant les retraites du secteur bancaire. Le projet de loi a d’ailleurs été examiné en début de semaine par le Parlement. D’où cette journée de grève qui marque un durcissement des syndicats.
En Grèce, l’âge légal du départ à la retraite est de 65 ans, pour les hommes comme pour les femmes. En général, les salariés partent plus tôt, en moyenne, à presque 60 ans. Contrairement à ses partenaires de l’Union européenne, la Grèce ne demande pas encore aux employés de cotiser quarante ans (ou plus) avant de cesser leur activité professionnelle.
La capitalisation
Dans ses projets de réforme, le gouvernement grec préconise également de faire appel aux fonds de pension c’est-à-dire à la capitalisation, pour faire face au vieillissement de la population et à la baisse démographique qui va s’accentuer comme dans tous les pays européens. Il s’agit d’apporter un complément de pension aux personnes qui arrêteront de travailler alors qu’il y aura de plus en plus de retraites à verser et par un moins grand nombre d’actifs salariés.
A part la France, tous les pays membres de l’Union, lorsqu’ils ont réformé leur système de retraite, y ont injecté une part de capitalisation. Les syndicats grecs n’en veulent pas et souhaitent comme les Français que le système continue de reposer exclusivement sur la répartition, c’est-à-dire la solidarité entre les générations, les plus jeunes payant la retraite des anciens après que ceux-ci aient cotisé pour payer la rente de leurs aînés.
La France et la Grèce ont d’autres points communs : un taux de chômage au-delà de 10% de la population active et des déficits qui ne cadrent pas avec la règle des 3% instaurée par le Pacte de stabilité. Le rapport annuel publié par la Commission début juin sur la situation budgétaire des Etats membres faisait également remarquer que la Grèce et la France sont les deux seuls pays de l’Union qui présentent, pour la quatrième année consécutive, des risques de «déséquilibres budgétaires croissants».