Canada : non à la charia!

Dans le monde...

Message par Valiere » 19 Avr 2005, 09:26

CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE

Le Conseil canadien des femmes musulmanes a organisé un symposium sur les femmes musulmanes dans le système de justice : sexe, religion et pluralisme, à Toronto le 9 avril 2005.

Veuillez envoyer des messages de soutien et de solidarité afin de maintenir une pression constante jusqu’à ce que le gouvernement prenne des mesures positives pour résoudre ce problème.

Ci-dessous se trouve une copie de la lettre de soutien envoyée par WLUML. Elle souligne quelques-uns des points à soulever. Nous vous suggérons d’ajouter des détails spécifiques concernant l’expérience du fondamentalisme par les femmes dans votre propre contexte.

Afin de refléter l’inquiétude des femmes face à ce développement, nous vous prions aussi de faire signer et approuver votre message de soutien par le plus grand nombre possible de groupes féministes et des droits humains de votre pays.

Nous vous prions également d’envoyer un message aux autorités canadiennes, en insistant sur le fait qu’ils écoutent les voix de toutes les femmes, et qu’ils suivent la loi internationale sur la discrimination. Une copie du message envoyé par WLUML aux autorités canadiennes se trouve ci-dessous.

Lettre de solidarité de WLUML aux femmes du Canada

Le réseau international de solidarité Femmes sous lois musulmanes (WLUML) souhaite exprimer sa solidarité avec les femmes du Canada, particulièrement les immigrées dont les familles viennent de sociétés musulmanes, dans leur lutte pour résister à l’introduction de prétendus “tribunaux charia” pour régler les questions familiales au Canada.

WLUML relie des femmes de plus de 70 pays et communautés musulmans, des femmes dans des contextes majoritaires et minoritaires, dans des états où les lois sont formées en référence à l’Islam et dans des états laïques, au–delà des frontières géographiques, linguistiques, ethniques et d’autres identités.

Malgré nos diversités, nous partageons le fait que notre oppression en tant que femmes est trop souvent justifiée en référence à l’Islam, et que des forces d’extrême droite cherchent à manipuler la religion pour accroître leur pouvoir politique et social.

Il existe dans tous les pays et communautés musulmans une histoire de la résistance face à l’imposition d’une vision homogène et autoritaire de la société, telle que la soutiennent les groupes fondamentalistes. Des intellectuels progressistes remettent constamment en cause les monopoles patriarcaux traditionnels sur l’interprétation de l’Islam, tandis que les activistes féministes et progressistes des droits humains insistent sur le fait que les droits humains et la justice sociale doivent être la base d’un développement social local. Là où l’expression démocratique a pu se développer, les gens de pays et communautés musulmans ont rejeté les projets des fondamentalistes, et même dans des pays non démocratiques des femmes et des hommes progressistes ont forcé l’ouverture d’un débat et obtenu un certain succès pour maintenir l’espace pour d’autres voix.

Cette victoire a conduit l’extrême droite dans des contextes musulmans à lancer une nouvelle stratégie, ouvrant un nouveau front en Europe et en Amérique du Nord. Au nom de “la liberté d’expression” et de l’anti racisme (précisément les valeurs que nous défendons), et sous l’apparence de défendre les “droits communautaires”, les groupes fondamentalistes parviennent de plus en plus à pénétrer des cercles progressistes ici, qui continuent à prendre des positions culturellement relativistes.

Le but de cette « alliance sacrilège » de quelques progressistes avec les fondamentalistes est de tirer parti des politiques de multiculturalisme de l’état et des réalités difficiles de discrimination raciale permanente pour demander des droits spécifiques pour la “communauté musulmane”. Mais ces droits spécifiques comprennent inévitablement des pratiques contre les femmes et des interprétations extrêmement régressives de l’Islam. Ils supposent aussi sans condition que tous les immigrés provenant de contextes musulmans d’identifient comme « Musulmans ».

Les femmes reliées par notre réseau ont déjà fait l’expérience amère du bafouement des droits des femmes au nom de l’Islam à travers les modifications régressives des lois familiales et criminelles, et avec l’introduction de mesures discriminatoires depuis la montée des groupes fondamentalistes dans les années 80. Les garanties constitutionnelles d’égalité n’ont pas suffi à protéger les femmes contre les conséquences de telles modifications, ni contre l’ambiance sociale anti-féminine qu’elles ont encouragées.

En effet, la pression familiale et communautaire peut limiter sévèrement le droit d’une femme à exercer un « choix » en ce qui concerne par exemple les forums juridiques auxquels elle s’adresse pour ses demandes. Des dispositions qui en apparence offrent une gamme de choix juridiques peuvent en réalité forcer les femmes à devoir « choisir » un aspect de leurs nombreuses identités au détriment d’un autre.

Souvent l’autonomie des femmes en est compromise, comme cela a été démontré dans d’autres communautés immigrées, par exemple en France et au Royaume-Uni. C’est particulièrement vrai du fait que l’on accorde moins de légitimité aux voix des femmes qu’aux voix des hommes sur des questions communautaires.

Nous sommes aussi très conscientes du fait que toute victoire de forces conservatrices parmi les communautés musulmanes d’Europe et d’Amérique du Nord renforcera automatiquement les groupes fondamentalistes dans des pays et communautés musulmans ailleurs, dans le contexte mondialiste actuel. Cela aura des répercussions contre nous, dans des contextes où nous avons obtenu un certain succès pour préserver l’espace réservé aux voix des femmes et à des voix alternatives. En plus de notre sens de la solidarité, c’est la crainte de tels développements qui conduit WLUML à exprimer son soutien aux femmes de communautés immigrées musulmanes au Canada et ailleurs.

Nous reconnaissons que les communautés immigrées et les Musulmans font face à une ambiance de préjugés, de discrimination et d’exclusion croissants en Europe et en Amérique du Nord, particulièrement dans le contexte de la « guerre contre la terreur ».

Mais le fait de donner du pouvoir et de la légitimité à des mouvements politiques d’extrême droite tels que les fondamentalistes au sein des communautés musulmanes n’est ni une manière acceptable ni une manière efficace de résoudre de tels problèmes. La notion complexe d’identité ne doit pas être définie par des chefs de communautés masculins d’extrême droite

Des hommes obscurantistes ne peuvent pas prétendre légitimement « parler au nom de » ces communautés qui sont politiquement et socialement aussi variées que la communauté majoritaire. Si cette dernière souhaite résoudre ses problèmes par des processus démocratiques et pluralistes, et si elle se considère comme un ensemble de citoyens plutôt que comme des membres d’une congrégation, pourquoi refuser ces processus aux personnes d’origine immigrée musulmane ?

Il est crucial que les voix des femmes et des hommes progressistes d’origine immigrée musulmane soient reconnues par les mouvements sociaux progressistes d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que par les états dans ces contextes. Les progressistes cherchent à résoudre les problèmes qui se posent dans leurs sociétés par des moyens qui garantissent le respect et l’application des droits de tous et de toutes.

Nous demandons aussi aux femmes de communautés immigrées musulmanes de se joindre le plus vite possible à des luttes de femmes et de progressistes dans d’autres contextes musulmans, et de reconnaître les victoires gagnées par ces luttes. Il serait ironique que des femmes dans d’autres contextes musulmans disposent de plus de droits que leurs sœurs dans des contextes d’immigration qui ont accepté une réduction de leurs droits sous prétexte de « défendre l’Islam » ou la communauté face à la discrimination.

WLUML souhaite applaudir la lutte permanente des femmes canadiennes pour mettre fin à toutes formes de discrimination. Il célèbre l’unité des combats féministes, et élargit son soutien total aux efforts de femmes de communautés immigrées musulmanes pour résister à toutes les tentatives de les priver encore plus de leurs droits.

Groupes féministes canadiens

Le Conseil canadien des femmes musulmanes
P.O. Box 154, GANANOQUE, ONT K7G 2T7
Courrier électronique : [url=mailto:info@ccmw.com]info@ccmw.com[/url]
Site Web : http://www.ccmw.com

Association nationale de la femme et du Droit
Andrée Côté, Directrice, Législation et réforme de loi
National Association of Women and the Law
1066 Somerset West, suite 303, Ottawa K1Y 4T3
Tel: +1 613 241-7570, ext. 25
Fax: +1 613 241-4657
Courrier électronique: [url=mailto:andree@nawl.ca]andree@nawl.ca[/url]

Fonds d’action et d’éducation juridique (LEAF),
Sous commission de la commission légale nationale sur les lois familiales / problèmes d’arbitrage Cindy Wilkey
Courrier électronique: [url=mailto:wilkeyc@lao.on.ca]wilkeyc@lao.on.ca[/url]

Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible du Canada (NOVMWC)
Anu Bose, Executive Director NOIVMWC, Ottawa
Courrier électronique: [url=mailto:anubose@noivmwc.org]anubose@noivmwc.org[/url]

Congrès musulman canadien
Tel: +1 416 928-0477
Courrier électronique: [url=mailto:muslimchronicle@canada.com]muslimchronicle@canada.com[/url]

Campagne internationale contre la charia au Canada
Homa Arjomand
Tel: +1 416 737-9500
Courrier électronique: [url=mailto:noShariacourt@yahoo.com]noShariacourt@yahoo.com[/url]

Lettre de WLUML aux autorités canadiennes

Le réseau de solidarité internationale Femmes sous lois musulmanes incite vivement le gouvernement canadien et les autorités de l’Ontario et des autres provinces à écouter les voix des femmes du Canada, et particulièrement celles des immigrées dont les familles viennent de sociétés musulmanes, qui résistent à l’utilisation de l’Acte d’arbitrage de 1991 d’introduire des prétendus « tribunaux charia » pour résoudre les questions familiales.

WLUML relie des femmes de plus de 70 pays et communautés musulmans, des femmes dans des contextes majoritaires et minoritaires, dans des états où les lois sont formées en référence à l’Islam et dans des états laïques, au–delà des frontières géographiques, linguistiques, ethniques et d’autres identités.

Malgré nos diversités, nous partageons le fait que notre oppression en tant que femmes est trop souvent justifiée en référence à l’Islam, et que des forces extrême droite cherchent à manipuler la religion pour accroître leur pouvoir politique et social.

Au nom de “la liberté d’expression” et de l’anti racisme” (précisément les valeurs que nous défendons), et sous l’apparence de défendre les “droits communautaires”, face aux dures réalités de discrimination raciale permanente, les groupes fondamentalistes et leurs alliés relativistes culturels de gauche demandent des droits spécifiques pour la « communauté musulmane ». Mais ces droits spécifiques comprennent inévitablement des pratiques contre les femmes et des interprétations extrêmement régressives de l’Islam. Ils supposent aussi sans condition que tous les immigrés provenant de contextes musulmans d’identifient comme « Musulmans ».

Dans l’expérience amère de femmes liées à travers notre réseau, les garanties constitutionnelles d’égalité n’ont pas suffi à protéger les femmes des conséquences de « l’islamisation » des lois ni de l’ambiance anti-féministe qu’elles ont encouragées depuis la montée des groupes fondamentalistes dans les années 80.

En effet, la pression familiale et communautaire peut limiter sévèrement le droit d’une femme à exercer un « choix » en ce qui concerne par exemple les forums juridiques auxquels elle s’adresse pour ses demandes. Des dispositions qui en apparence offrent une gamme de choix juridiques peuvent en réalité forcer les femmes à devoir « choisir » un aspect de leurs nombreuses identités au détriment d’un autre. Souvent l’autonomie des femmes en est compromise, comme cela a été démontré dans d’autres communautés immigrées, par exemple en France et au Royaume-Uni.

Cela se vérifie particulièrement du fait que les mesures multiculturelles accordent souvent moins de légitimité aux voix des femmes qu’aux voix des hommes sur des questions communautaires. Des hommes obscurantistes ne peuvent pas prétendre légitimement « parler au nom de » ces communautés qui sont politiquement et socialement aussi variées que la communauté majoritaire. Si cette dernière souhaite résoudre ses problèmes par des processus démocratiques et pluralistes, et si elle se considère comme un ensemble de citoyens plutôt que comme des membres d’une congrégation, pourquoi refuser ces processus aux personnes d’origine immigrée musulmane ?

La Commission des droits de l’homme de l’ONU a déclaré dans son commentaire général N° 28 que : « Les partis de l’état doivent garantir que des attitudes traditionnelles, historiques, religieuses ou culturelles ne soient pas utilisées pour justifier la violation du droit des femmes à l’égalité devant la loi, et à une jouissance égale de tous droits conventionnels [sur les droits civils et politiques]. »

Par conséquent, WLUML encourage vivement les autorités canadiennes à écouter les inquiétudes émises par les femmes, et à suivre la loi internationale des droits de l’homme sur ce sujet.

Nous vous prions d’agréer l’assurance de nos sentiments les meilleurs.

Femmes sous lois musulmanes
Office de la coordination internationale

Autorités nationales canadiennes

Premier Ministre
M. Paul Martin
80 Wellington St. Ottawa
Ontario, Canada K1A OA2
Fax: +1 613-941-6900
Courrier électronique: [url=mailto:pm@pm.gc.ca]pm@pm.gc.ca[/url] or [url=mailto:martin.p@parl.gc.ca]martin.p@parl.gc.ca[/url]

Ministre de la Justice et Procureur Général du Canada
M. Irwin Cotler
House of Commons
Ottawa, Ontario K1A 0A6
Fax: +1 613 992-6762
Courrier électronique: [url=mailto:Cotler.I@parl.gc.ca]Cotler.I@parl.gc.ca[/url]

Ministre responsable du statut des femmes
Mme Liza Frulla
House of Commons
Ottawa, Ontario, K1A 0A6
Fax: +1 613 995-6404
Courrier électronique: [url=mailto:Frulla.L@parl.gc.ca]Frulla.L@parl.gc.ca[/url]

Ministre d’Etat (Multiculturalisme)
M. Raymond Chan
House of Commons
Ottawa, Ontario
K1A 0A6
Fax: (613) 995-2174
Courrier électronique: [url=mailto:Chan.R@parl.gc.ca]Chan.R@parl.gc.ca[/url]

Ambassades canadiennes/Hautes Commissions

Ce site Web donne des informations pour les ambassades canadiennes, les consulats et hautes commissions à l’étranger : http://www.dfait-maeci.gc.ca/world/embassies/cra-en.asp

Autorités provinciales

Premier Ministre de l’Ontario
M. Dalton McGuinty
Ministère des Affaires intergouvernementales
900 Bay St, 6th Flr, Mowat Block
Toronto ON M7A 1C2
Tel: +1 416-325-9895
Fax: +1 416-325-5222
Courrier électronique: [url=mailto:dmcguinty.mpp.co@liberal.ola.org]dmcguinty.mpp.co@liberal.ola.org[/url]

Procureur Général
M. Michael Bryant
Ministry of the Attorney General
720 Bay St, 11th Flr
Toronto ON M5G 2K1
Fax : +1 416-326-4016
Courrier électronique: [url=mailto:michael.bryant@jus.gov.on.ca]michael.bryant@jus.gov.on.ca[/url]

Ministre responsable des questions de la femme
Mme Sandra Pupatello
80 Grosvenor St, 6th Flr, Hepburn Block
Toronto ON M7A 1E9
Fax : +1 416-325-5221
Courrier électronique: [url=mailto:spupatello.mpp@liberal.ola.org]spupatello.mpp@liberal.ola.org[/url]

Rapporteurs spéciaux de l’ONU

Rapporteur Spécial sur la violence contre les femmes
Mme Yakin Ertürk
OHCHR-UNOG
8-14 Avenue de la Paix
1211 Genève 10
Suisse
Fax: +41 22 917 9006
Courrier électronique: [url=mailto:urgent-action@ohchr.org]urgent-action@ohchr.org[/url]

Rapporteur Spécial sur les droits de l’homme des immigrés
Mme Gabriela Rodríguez Pizarro
OHCHR-UNOG
8-14 Avenue de la Paix
1211 Genève 10
Suisse
Fax: +41 22 917 9006
Courrier électronique: [url=mailto:urgent-action@ohchr.org]urgent-action@ohchr.org[/url]

Rapporteur Spécial sur la liberté de religion
Asma Jahangir
OHCHR-UNOG
8-14 Avenue de la Paix
1211 Genève 10
Suisse
Fax: +41 22 917 9006
Courrier électronique: [url=mailto:urgent-action@ohchr.org]urgent-action@ohchr.org[/url]

Merci d’envoyer une copie de vos messages (Cc) à WLUML: [url=mailto:wluml@wluml.org]wluml@wluml.org[/url]

CONTEXTE ET COMPLÉMENT D'INFORMATION

Pressions sur Québec en faveur d'une cour islamique
Mounia Chadi
Édition du samedi 11 et du dimanche 12 décembre 2004
http://www.ledevoir.com/2004/12/11/index.html

Mots clés : Québec (province), Justice, cour islamique
Après l'Ontario, le débat sur la charia se transpose au Québec. Depuis quelques semaines, la mouvance islamiste fait des démarches auprès du ministre de la Justice, Jacques P. Dupuis, pour que celui-ci officialise l'instauration d'une instance d'arbitrage et de médiation qui rendrait ses décisions en vertu de la charia, la loi islamique.

Des fidèles musulmans ont fait leur prière hier à la mosquée du Jamat Khana de Brossard.
Jacques Nadeau
http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirWe...s_jn_111204.jpg

Faire suivre ... Droit de reproduction Dossier(s) Justice Politique québécoise AOL/Le Devoir Netscape/Le Devoir

Cette cour religieuse porterait le nom de Conseil de la charia, indique Salam Elmenyawi, le président du Conseil musulman de Montréal, un regroupement d'une quarantaine de mosquées et d'organisations musulmanes à l'origine du projet.

La législation québécoise permet déjà un arbitrage religieux sur les questions commerciales mais l'interdit pour ce qui est des différends familiaux. Dans ces cas, seule une médiation est autorisée. En instituant un Conseil de la charia, le Conseil musulman de Montréal souhaite mieux baliser les arbitrages commerciaux et la médiation familiale, déjà pratiqués par certains imams.

«Tout ce qu'on veut, c'est réguler la pratique et que celle-ci soit encadrée par le gouvernement. [...] Nous voulons un accord pour que les musulmans aient une instance officielle pour s'assurer qu'ils gèrent leur vie selon les préceptes de leur religion. [...] Si Québec refuse, nous devrons nous-mêmes donner la crédibilité au Conseil de la charia», affirme M. Elmenyawi, qui doit rencontrer M. Dupuis en janvier prochain.

Outre ce projet de «Conseil de la charia», le leader religieux compte faire part au ministre de ses doléances devant les délais dans le traitement des plaintes formulées par des musulmans à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). On se rappellera que le dossier de la jeune Irène Waseem, mise à la porte d'un collège privé parce qu'elle portait le voile, a traîné pendant plus d'un an à la CDPDJ et que cette dernière a décidé de ne pas statuer sur le fond de la question après que Mme Waseem eut retiré sa plainte, il y a quelques semaines.

Les contacts entre MM. Dupuis et Elmenyawi remontent à la dernière campagne électorale et sont à ce point cordiaux que ce dernier se vante de ce que le ministre de la Justice l'appelle «mon ami Abdessalam». Rappelant qu'il avait enjoint aux 7435 musulmans de la circonscription de Saint-Laurent de voter pour l'actuel ministre de la Justice en 2003, Salam Elmenyawi se dit optimiste quant à la réaction officielle à son projet. «Jean Charest et Jacques Dupuis sont venus nous voir pendant la campagne électorale, se souvient le leader musulman montréalais. C'est M. Charest qui a ouvert la porte pour un échange de vues, notamment concernant la partie de son programme relative aux immigrés, dont les musulmans.»

Dans l'entourage du ministre de la Justice, on se fait plutôt discret. On ne confirme rien, se bornant à affirmer qu'«il y aura une position que le ministre annoncera un peu plus tard».

Noyau déjà formé

Ces démarches surviennent au moment où l'Ontario s'apprête à rendre public un rapport sur la légitimité d'une loi datant de 1991 qui permet la mise sur pied de tribunaux d'arbitrage basés sur des principes religieux, qui, contrairement au Québec, sont appelés à trancher des litiges familiaux. De tels tribunaux existent déjà dans la communauté juive et un groupe de musulmans attend les conclusions du rapport pour faire de même.

Au Québec, le projet va bon train, alors qu'un noyau du Conseil de la charia est déjà constitué. Y siègent sept membres, dont des imams très connus des musulmans montréalais. Il s'agit, entre autres, du cheik Soufiane Omar, de la mosquée al-Oumma, du cheik Abderrahman Ibrahim, lauréat de l'université de Médine, en Arabie Saoudite, de Mohamed Houssam, imam de la mosquée Attawhid, et de Salam Elmenyawi, lauréat de l'Institut des études islamiques du Caire et imam de la prière du vendredi aux mosquées des universités McGill et Concordia. Selon ce dernier, le futur Conseil de la charia pourrait même avoir recours aux avis d'islamistes très actifs sur la scène politique du Proche-Orient, tels ceux de l'Égyptien cheik Youssef Al Kardaoui. Maintenant installé au Qatar, ce dernier a dans le passé lancé une fatwa appelant à «une guerre totale contre les juifs, où qu'ils soient»...

Salam Elmenyawi affirme que son projet est conforme à la législation québécoise : «Nous prononcerons des décisions qui ne deviendront définitives qu'une fois entérinées par un juge des tribunaux du Québec», explique-t-il, sans préciser comment le Conseil s'y prendra pour respecter les lois canadienne et québécoise en matière d'égalité homme-femme, où il serait illégal d'attribuer à une femme une part d'héritage inférieure à celle d'un homme par exemple... Une présence féminine au sein du Conseil de la charia est envisageable, selon lui : «Elles feront la médiation sur des questions dont les hommes seront gênés, par pudeur, de parler avec les femmes.»

Ce projet s'inscrit dans la lignée de ce que font déjà les tribunaux rabbiniques au Québec, les beth din. Ces «maisons de la loi» peuvent dissoudre des mariages religieux et agir comme médiateurs dans des conflits sur la garde de l'enfant ou le partage des biens, par exemple. Les décisions n'ont pas force de loi mais peuvent être ensuite entérinées par la Cour supérieure s'il n'y a pas de contestation.

Inquiétudes

Coordonnatrice de la campagne contre les tribunaux islamiques au Canada, Homa Arjomand dit que les musulmanes du Québec ne tireraient aucun bénéfice d'un tel projet. «Qui sont ces médiateurs ? demande-t-elle. À supposer qu'il s'agisse d'imams, ils résoudront les litiges familiaux en se référant à leur savoir, produit d'une religion et de traditions. Et même si la décision du médiateur n'a pas le poids d'un jugement légal, elle amènera ces femmes, déjà soumises aux pressions de leur famille, à se soumettre à ses conclusions.» La travailleuse sociale d'origine iranienne, qui conseille beaucoup de musulmanes abusées, croit que le problème est pire en Ontario, où ces femmes sont poussées à accepter l'arbitrage. «Dans certains cas, si elles refusent, il est possible qu'elles mettent leur vie en danger.»

L'interprétation patriarcale que font du Coran les partisans de la charia fait déjà reculer de plusieurs siècles les droits des Ontariennes, préviennent les groupes féministes. Ils soutiennent que les musulmanes ont presque toujours tort lorsqu'elles se présentent devant ces tribunaux d'un autre âge, qui rendent des décisions iniques à leur égard, notamment en matière d'héritage, de divorce ou de garde des enfants.

Andrée Côté, directrice des affaires juridiques à l'Association nationale de la femme et du droit, rappelle que le principe «du meilleur intérêt de l'enfant» doit pourtant guider les médiations lors des procédures de divorce, par exemple. «Les tribunaux peuvent toujours intervenir pour veiller au respect de ce principe, mais encore faut-il que la femme demande au juge de le faire, dit la juriste. Le problème au Québec, c'est qu'en dehors de ce principe, il n'y a pas de balises formelles pour dire comment doit se faire la médiation.»

Alia Hogben, présidente du Conseil canadien des femmes musulmanes, craint que cela n'ouvre la porte à l'implantation de la loi musulmane de la famille à travers les tribunaux québécois. «On n'est plus devant des situations isolées où les familles peuvent accepter ou se passer des conseils de l'imam. Il s'agirait d'une instance légale avec des relations établies avec les cours du Québec. Il s'agit donc de l'application de la loi musulmane dans la province et cela portera atteinte aux droits des femmes.» Elle rappelle l'étude faite par le réseau «Femmes sous loi musulmane» dans 12 pays où cette loi est en vigueur et où, partout, il y a atteinte aux droits des femmes.

Un père inquiet

Il n'y a pas que des femmes à s'inquiéter. «Je suis père de deux petites filles et j'ai choisi de m'installer ici pour, entre autres, leur donner une chance d'être considérées comme des êtres humains avec de pleins droits», rage Abdesselam Mejlaoui, président d'Espace Maroc-Canada. «Je ne peux tolérer qu'au nom d'une interprétation archaïque et patriarcale de la charia, on fasse de la médiation pour dire aux femmes du Québec de se soumettre à des concepts du genre : Dieu t'ordonne d'obéir à ton mari et Dieu ne te donne pas le droit de divorcer. Nous sommes plusieurs à regretter que cela puisse arriver dans ce pays. Ces gens ne peuvent imposer à nos communautés leurs interprétations personnelles ou partisanes de l'islam.»

«Qui sont ces gens qui veulent qu'on en réfère à eux ? Qui va les élire ?», demande pour sa part Elahé Choukrai, membre du conseil d'administration de la Fédération des femmes du Québec et fondatrice de l'Association des femmes iraniennes de Montréal. Elle rappelle qu'il existe déjà de la médiation informelle au sein de chaque communauté. «On n'a nul besoin d'institutionnaliser la médiation par des gens qui disent représenter les musulmans du Québec. Moi, je pense que leur objectif est de mettre un pied dans la porte et que ce n'est qu'un premier pas... La suite est à venir !»

Syfia International et Le Devoir

Passages scandaleux du rapport Boyd

>



>

>

Le Devoir
LES ACTUALITÉS, samedi 29 janvier 2005, p. a4
Instauration de la charia en Ontario
Un réseau international d'opposition effectuera une tournée canadienne
Mounia Chadi, PC

Le réseau international Femmes sous lois musulmanes (FSLM) s'apprête à faire au cours des deux prochains mois une tournée au Canada dans le cadre du lobbying qui s'organise en Europe et dans les pays musulmans contre le projet d'instauration de la loi islamique (charia) en Ontario.

Cette mobilisation vise à contrer les arguments du rapport de l'ex-procureure générale Marion Boyd, publié le 20 décembre dernier, qui recommandait le maintien de l'arbitrage en matière familiale en Ontario, ouvrant ainsi la voie à la constitution de tribunaux basés sur les lois islamiques.

Les milieux de la société civile à l'étranger craignent que le gouvernement de l'Ontario se conforme au rapport Boyd et se dirige vers l'institutionnalisation d'une justice basée sur les lois islamiques.

«On étudie le rapport. Aucune date n'a été fixée pour une prise de décision», a-t-on indiqué au cabinet du procureur général de l'Ontario.

Lettres aux députés

C'est pour influencer cette décision que le lobbying international s'active. Ainsi, les députés ontariens viennent de recevoir une première lettre signée par 173 organisations canadiennes et européennes. Une seconde lettre suivra bientôt. Parmi les ONG s'adressant aux députés figurent des organisations de l'Allemagne, de la France, de l'Angleterre et de la Suède.

Des pétitions ont également circulé, par exemple celle de la Ligue démocratique pour les droits des femmes au Maroc (LDDF), qui a fait le tour de l'Europe et du Maghreb avant d'arriver au bureau du procureur général de l'Ontario. On y découvre la furie du mouvement féministe dans les pays musulmans contre Mme Boyd: «Une certaine ex-procureure générale présente un rapport réduisant les femmes musulmanes à des esclaves-objets entretenues par les hommes, justifiant la polygamie et la discrimination envers les femmes au nom de la relativité culturelle. [...] Nous, femmes musulmanes, nous, femmes libres tout court, dénonçons les propos de ce rapport.»

Le malheur des femmes

Anne Zelensky, cofondatrice avec Simone de Beauvoir et présidente actuelle de l'organisme international la Ligue du droit des femmes, se rallie au mouvement contre la charia en Ontario: «Quelle est cette ex-ministre de la Condition féminine et de la Justice qui défend un des systèmes les plus inégalitaires et les plus répressifs qui soient, la charia, qui cause partout l'asservissement et le malheur des femmes?»

Mme Zelensky considère que «derrière le soi-disant respect des différences culturelles, Mme Boyd pratique une discrimination active».

«Il y a les femmes des pays démocratiques, dont elle fait partie, qui ont droit à un statut égalitaire, et il y a les autres», s'indigne-t-elle.

Cassandra Balchin, jointe à son bureau de FSLM à Londres, est quant à elle inquiète pour l'avenir. «Vu l'énorme diversité des lois islamiques, se demande-t-elle, quelle interprétation sera le point de référence en matière d'arbitrage? Notre expérience témoigne que là où il y a eu des interprétations différentes, c'est celle qui est la plus conservatrice et contre les droits des femmes qui domine. Ce serait une immense honte que le Canada formalise cela.»

À son avis, cela constituerait une prouesse pour l'islam politique. «L'extrême droite renforcera son influence auprès des communautés musulmanes si le projet en cours au Canada se concrétise.»

«Cela fera reculer les groupes luttant pour les droits des femmes dans plusieurs pays à majorité musulmane et renforcera la position des forces régressives», ajoute pour sa part Warraich Sohail, responsable au centre Shirkat Gah Women's Resource au Pakistan.

Ce dossier évolue différemment dans d'autres provinces du Canada. Le gouvernement de la Colombie-Britannique s'est récemment prononcé contre l'arbitrage en matière familiale. En Alberta, une coalition d'ONG vient de se constituer contre la charia. Au Québec, le dossier est pour l'instant au point mort. Un projet de conseil de la charia, piloté par l'islamiste Abdessalam Alminyawi, existe bel et bien mais n'a pas obtenu l'assentiment des autorités québécoises.

Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Droits et libertés
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 476 mots
© 2005 Le Devoir. Tous droits réservés.

Andrée Côté
Directrice des Affaires juridiques
Association nationale de la femme et du droit
Director, Legislation and Law Reform
National Association of Women and the Law

NON AUX TRIBUNAUX ISLAMIQUES

Le collectif 20 ans Barakat regroupe plusieurs associations féministes en France et sert de relais aux associations de femmes algériennes qui luttent contre le code de la famille.

Ce code basé sur des lois prétendument musulmanes institutionnalise l'infériorité de la femme, la réduit à l'état de sous citoyenne en bafouant tous les droits fondamentaux.

Durant ces deux décennies, une importante communauté algérienne a choisi le Canada pour fuir la violence générée par ce code inégalitaire.

L'installation de tribunaux islamiques va permettre aux intégristes d'introduire leurs idées et pratiques rétrogrades sous formes de lois prétendument islamiques.

A la veille de la célébration de la journée des femmes, le collectif 20 ans Barakat, attentif à toutes les atteintes aux droits des femmes dans le monde, apporte son soutien au conseil canadien des femmes musulmanes, et aux autres associations de femmes immigrées, et à leurs revendications :

_ refus de l'introduction de lois religieuses et revendication de l'égalité entre citoyens et citoyennes en particulier dans le domaine du droit familiale

Le collectif 20 ans Barakat dénonce le rapport BOYD pour l'installation des tribunaux islamiques : partout où cette lois est en vigueur, il y a atteinte aux droits des femmes.

Le collectif 20 ans Barakat dit :

- NON à la privation du droit de la famille.
- NON au retour en arrière des droits de la personne et des droits de la femme au nom du multiculturalisme.
- NON à un système de justice à deux vitesses.
---fin---
Women Living Under Muslim Laws international solidarity network
Email: [url=mailto:wluml@wluml.org]wluml@wluml.org[/url]
Website: http://www.wluml.org
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)