Dépèche Reuter :
a écrit :Les juifs nationalistes mis en échec par la police à Jérusalem
Sun April 10, 2005 10:16 PM CEST
par Jonathan Saul et Jeffrey Heller
JERUSALEM (Reuters) - La police israélienne a empêché les ultranationalistes juifs du mouvement Revava (Multitude) de gagner comme ils l'entendaient l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, évitant ainsi que le rassemblement ne dégénère et ne menace la relance du processus de paix.
Dans la bande de Gaza, des activistes palestiniens ont pilonné des colonies de peuplement juif en déclenchant le plus important tir de barrage de mortier depuis des mois, après la mort samedi de trois jeunes Palestiniens tués par des soldats israéliens.
Le Premier ministre Ariel Sharon, arrivé dimanche aux Etats-Unis où il doit être reçu, lundi, par George Bush dans son ranch du Texas, a condamné ces tirs palestiniens, y voyant une "violation flagrante" de la trêve conclue au sommet de Charm el Cheikh avec le président palestinien Mahmoud Abbas, le 8 février.
Cité par un de ses collaborateurs l'accompagnant dans son voyage aux Etats-Unis, Sharon a estimé que "Les tirs (de mortiers et de roquettes) sont une violation flagrante de l'accord conclu à Charm el Cheikh et ce sera une question centrale qui sera soulevée lors de mes entretiens avec le président Bush". Le fait qu'il ait mentionné que le sujet sera évoqué lors des entretiens avec le président américain laisse penser qu'il ne devrait pas y avoir de représailles israéliennes dans l'immédiat.
Il s'agit du 10e voyage de Sharon aux Etats-Unis depuis sa prise de fonction en 2001, mais c'est la première fois que Bush le recevra dans son ranch de Crawford, dans le Texas.
Le ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz, a quant à lui téléphoné durant le week-end à Abbas pour l'engager à intervenir et à déployer davantage d'agents des forces de sécurité dans le sud de la bande de Gaza, afin que cessent les tirs, a-t-on déclaré de source proche du ministère.
"Si vous n'agissez pas rapidement, qui sait où cette escalade mènera", a dit Mofaz. "Vous n'agissez pas dans ce sens et Israël ne peut pas accepter cela".
La mort des trois Palestiniens tués samedi par Tsahal a amené le Djihad islamique et le Hamas à reconsidérer la trêve de facto que les groupes radicaux palestiniens observent depuis le 17 mars. Certains activistes ont tiré samedi une volée de roquettes et d'obus de mortier contre des objectifs israéliens.
Deux nouvelles roquettes ont été tirées dimanche en direction de la ville israélienne de Sderot, à la frontière avec Gaza. Aucune victime n'a été signalée.
Dimanche, d'autre part, des centaines de Palestiniens ont défilé dans deux localités de Cisjordanie pour protester contre la manifestation que projetaient des ultras juifs sur l'esplanade des Mosquées.
Plusieurs milliers de policiers avaient été déployés dans Jérusalem pour interdire l'accès au site, révéré aussi par les juifs sous le nom de mont du Temple, qui a abrité le temple du roi Salomon et le deuxième temple, détruit par les Romains en l'an 70 de notre ère.
TRENTAINE D'INTERPELLATIONS
Les Palestiniens avaient averti des conséquences de toute "profanation" de l'Esplanade, où une visite d'Ariel Sharon en septembre 2000, alors qu'il n'était pas encore Premier ministre, avait déclenché la deuxième intifada.
Le mouvement Revava entendait protester contre le retrait israélien de Gaza prévu à partir de juillet par le gouvernement Sharon. Mais son appel à manifester n'a pas eu le succès escompté par ses dirigeants, qui attendaient 10.000 personnes. Seules quelques centaines de nationalistes ont répondu présents pour ce rassemblement interdit.
Des échauffourées se sont produites contre les forces de l'ordre aux cris de "Gestapo" et une trentaine de manifestants ont été arrêtés. Un policier a été blessé par des jets de pierre. Mais le rassemblement a été dispersé en milieu d'après-midi et n'a pas dégénéré, comme le redoutaient les autorités. Le bouclage de la zone, imposé depuis le matin, a pu être levé.
Sur la trentaine de personnes interpellées, 13 étaient mineures. Elles ont toutes été relâchées au bout de quelques heures. Quatre députés de droite avaient également été bannis de l'esplanade par les policiers.
"Si Sharon pense qu'il pourra expulser les juifs de Gaza aussi facilement qu'aujourd'hui (à Jérusalem), il se trompe", a lancé Efraim Cohen, jeune manifestant de 21 ans.
A Tel Aviv, des manifestants ultranationalistes ont bloqué la circulation sur la principale autoroute à l'aide de pneus enflammés. Là aussi, une trentaine de personnes ont été interpellées et certaines seront déférées lundi devant un juge, a fait savoir la police.
Des incidents ont également éclaté en marge de la contre-manifestation organisée dans la vieille ville de Jérusalem par des Palestiniens.
Pour réduire les risques d'affrontement, les autorités israéliennes avaient interdit aux Palestiniens de moins de quarante ans d'accéder à l'esplanade.
Hassan Youssef, responsable du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) pour la Cisjordanie, a réussi à pénétrer sur l'esplanade. Il a été arrêté par la police israélienne.
Huit autres Palestiniens, dont l'un était déguisé en femme, ont été interpellés. Un policier israélien a par ailleurs été blessé à la tête par un jet de pierre.
L'esplanade des Mosquées (ou Haram al-Charif, en arabe Noble Sanctuaire), où se trouvent la mosquée d'Al-Aksa et la mosquée du Dôme du Rocher, est le troisième lieu saint pour la plupart des musulmans après La Mecque et Médine.