Abus sur des prisonniers de Guantanamo

Dans le monde...

Message par alex » 22 Déc 2004, 13:25

Le président des USA est nommément mis en cause et un sondage indique peut être un tournant de l'état d'esprit de la population :

Nouvelles révélations sur les tortures dans les prisons d'Irak et à Guantanamo.
Des interrogatoires musclés sur ordre de la Maison Blanche

Par Fabrice ROUSSELOT
mercredi 22 décembre 2004

New York de notre correspondant

Daté du 22 mai, plusieurs jours après les révélations sur le scandale des sévices à la prison irakienne d'Abou Ghraib, l'e-mail envoyé à divers responsables du FBI évoque pas moins de neuf fois un «ordre exécutif» récemment signé par George W. Bush, qui autorise «certaines techniques d'interrogatoire». Le courrier électronique provient d'un «commandant (du FBI) sur place à Bagdad» et entre dans le détail, assurant, par exemple, que le président américain a permis les «privations de sommeil, l'utilisation de chiens militaires, le recours à des positions dites "de stress", l'utilisation de cagoules (sur la tête des prisonniers)». Et l'agent d'assurer que personne dans son unité n'est jamais allé «au-delà» de ces techniques...

Responsabilité. Hier, l'administration Bush s'est à nouveau retrouvée face à une série d'accusations quant aux sévices employés par ses soldats en Irak, mais aussi sur la base de Guantanamo, à Cuba. Plusieurs e-mails, obtenus lundi par l'Union américaine des libertés civiles (Aclu) dans le cadre de la loi sur la liberté de l'information, ont ainsi reposé le problème de la responsabilité de la hiérarchie politique et militaire dans la connaissance et l'application des tortures, qui se seraient poursuivies après les informations sur Abou Ghraib et les promesses de Bush de punir les «coupables». «Ces documents montrent que les abus commis par les soldats envers des prisonniers résultent de politiques adoptées au plus haut niveau», a assuré Jameel Jaffer, l'avocat de l'Aclu.

Lundi soir, la Maison Blanche a nié que Bush ait autorisé les tortures. «Cet agent s'est tout simplement trompé, a assuré Scott McClellan, le porte-parole de la Maison Blanche, ce qu'il écrit est faux. Il n'existe pas d'ordre exécutif concernant les techniques d'interrogatoire. Tout cela est du domaine du département de la Défense.»

Cependant, les correspondances électroniques divulguées par l'Aclu posent de nombreuses questions. Une note «urgente», datée du 25 juin, qui a été envoyée directement au directeur du FBI, évoque notamment «les abus physiques sévères subis par des prisonniers civils en Irak». L'e-mail évoque des «étranglements, passages à tabac et cigarettes allumées placées dans les oreilles des détenus». A Guantanamo, dans un autre courrier électronique, un agent décrit des prisonniers maintenus pendant plus de vingt-quatre heures en position foetale, contraints d'uriner et de déféquer sur eux-mêmes, sans eau ni nourriture.

Subterfuge. De surcroît, plusieurs e-mails des responsables du FBI se plaignent d'une tactique employée par les représentants du département de la Défense. A de nombreuses reprises, ceux-ci se seraient fait passer pour des agents du bureau fédéral lors d'interrogatoires musclés. Un message remarque notamment que «ce subterfuge n'a produit aucun résultat» mais surtout qu'il a été approuvé par Paul Wolfowitz, le secrétaire adjoint à la Défense et bras droit de Rumsfeld. Placé sur la défensive, à l'instar de la Maison Blanche, le Pentagone a démenti hier que Wolfowitz ait «approuvé quoi que ce soit». La Maison Blanche et le département de la Défense a toutefois été contraint d'annoncer l'ouverture d'enquêtes sur ces nouvelles révélations.

Alors que l'Amérique s'apprête à superviser des élections à hauts risques en Irak et fait face presque tous les jours à de nouvelles attaques, ces révélations portent en tout cas un coup sévère à l'administration Bush. Elles viennent réalimenter la polémique sur le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, que plusieurs républicains ont mis en cause récemment pour sa mauvaise gestion de la crise irakienne. «C'est un coup dur pour George W. Bush et pour Donald Rumsfeld, commente Marion Just, professeur de sciences politiques à Wellesley College. Si le scandale des tortures remonte jusqu'à ce dernier, il aura du mal à conserver son poste.»

Hier, dans un sondage CNN et USA-Today, 52 % des personnes interrogées se sont prononcées en faveur de la démission de Donald Rumsfeld. 51 % des Américains disent aussi désormais «désapprouver» la décision prise par leur Président de mener la guerre en Irak.

© Libération
alex
 
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