a écrit :Manifestations anti-françaises d'AbidjanLa Côte d'Ivoire réclame une enquête sur l'armée françaiseMontrant à l'appui des images de civils hurlants et terrorisés face aux tirs français, l'ambassadeur ivoirien aux Nations-Unis a accusé l'ancienne puissance coloniale d'avoir bafoué les Droits de l'homme et d'avoir menti sur les agissements de l'armée française pendant les manifestations anti-françaises d'Abidjan de début novembre.L'ambassadeur de Côte d'Ivoire aux Nations-Unies a réclamé, mardi, la formation d'une commission d'enquête internationale sur les agissements de l'armée française dans son ancienne colonie pendant les manifestations anti-françaises d'Abidjan de début novembre. Montrant à l'appui des images de civils hurlants et terrorisés face aux tirs français, le diplomate, Philippe Djangone-Bi, a accusé l'ancienne puissance coloniale d'avoir bafoué les Droits de l'homme et d'avoir menti sur ce point. "Il est, de ce fait, urgent d'ouvrir une enquête internationale de manière à rétablir la vérité (...), la vérité sur ce qui s'est réellement passé, pourquoi cela s'est passé ainsi et sur l'initiative de qui", a déclaré l'ambassadeur. "Les droits de l'homme ne sont pas à sens unique, ils s'appliquent à l'ensemble des pays", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse.
Le 6 novembre, deux jours après la mort de neuf militaires français tués à Bouaké dans un raid de l'aviation gouvernementale ivoirienne et la destruction par la France de la quasi-totalité de la flotte ivoirienne en guise de représailles, les milices de "jeunes patriotes" proches de la présidence ivoirienne ont déclenché de vastes manifestations de rue prenant pour cibles les Français expatriés à Abidjan. Ces manifestations, également dirigées contre les quelque 4 000 hommes de l'opération française "Licorne" retranchés dans leur base du 43e BIMa de Port-Bouët, près de l'aéroport international, ont parfois pris des allures de "chasse aux Blancs" et se sont traduites par des pillages à grande échelle.
Après des démentis dans un premier temps, les autorités françaises ont fini par admettre que des militaires de "Licorne" avaient ouvert le feu sur des manifestants mais seulement après des tirs de sommation en l'air, tuant 20 personnes. Les Ivoiriens affirment, quant à eux, que le bilan réel des tués est trois fois plus élevé. Paris, qui assure qu'une partie des manifestants, notamment aux abords de l'hôtel Ivoire, étaient armés, affirme que ses troupes ont tiré en état de légitime défense et seulement pour épargner les ressortissants français et européens placés sous leur protection.
L'ambassadeur ivoirien s'est également prononcé devant les journalistes pour une intégration pure et simple du contingent "Licorne" au sein de la force des Nations unies, déjà forte de 6 200 hommes, déployée en Côte d'Ivoire. Pour lui, les soldats français ne devraient pas opérer comme une entité séparée. Les troupes françaises, fait valoir Paris, sont déjà présentes en Côte d'Ivoire dans le cadre d'un mandat que leur a confié les Nations unies. "Seul, l'unicité de statut, de commandement et d'action, qui caractérise toutes les missions de l'Onu dans le monde, garantirait à ces forces les conditions de leur succès", a-t-il dit. Lundi, le président sud-africain Thabo Mbeki a annoncé au terme de cinq jours de médiation qui l'ont emmené à Bouaké que les deux camps avaient accepté de mettre en œuvre les dispositions de Marcoussis reprises à Accra.